Cameroun - Agriculture. Cameroun - Viabilité: La société des plantations de Mbanga en alerte rouge

Joseph OLINGA N. | Le Messager Lundi le 11 Aout 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’entreprise productrice de banane connait un déficit de plus de dix milliards Fcfa. La direction sollicite des aides du gouvernement et de la Banque africaine d’import-export. Les potentiels bailleurs exigent une restructuration préalable de la Spm. Dans les faits, les anciens actionnaires démissionnent de leur poste d’administrateur. Vers un dépôt de bilan?

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L’entreprise productrice de banane connait un déficit de plus de dix milliards Fcfa. La direction sollicite des aides du gouvernement et de la Banque africaine d’import-export. Les potentiels bailleurs exigent une restructuration préalable de la Spm. Dans les faits, les anciens actionnaires démissionnent de leur poste d’administrateur. Vers un dépôt de bilan?

C’est une affaire qui dure depuis presque six ans. Jusqu’ici, elle se jouait loin des projecteurs, dans le chuchotis des conciliabules et des échanges épistolaires. Son enjeu est pourtant énorme : la survie de la société des plantations de Mbanga tient à la capacité et la volonté de ses actionnaires à réinjecter des fonds susceptibles de lui donner une nouvelle existence. Dans cet enjeu, c’est vers la Société nationale d’investissement (Sni) pourtant actionnaire minoritaire que se tourne la direction générale de la Spm. Le président directeur général de la Spm se plaint de la rétention par la Sni d’une «Aide spéciale» de 200 millions Fcfa pourtant libérée par le gouvernement pour payer une partie des retards de salaire des employés. Des salaires impayés depuis un an. Dans une correspondance adressée à la directrice de la Sni, Yaou Aïssatou, et dont Le Messager s’est procuré copie, le Pdg de la Spm, Jean Yves Brethes soutient qu’ en cas de non virement de cette enveloppe débloquée par le ministre des Finances, la situation dans la ville de Mbanga pourrait dégénérer. «La tension se fait de plus en plus sentir dans les plantations ; Les vols, les dégradations et les agressions empirent chaque semaine sur le terrain comme dans la ville, et le blocage de ces fonds d’urgence, connu de tous, est considéré désormais comme une provocation.»

La confrontation à laquelle se livre la direction de la Spm et la Sni intervient à la suite d’un accord de déblocage de 200 millions Fcfa par le gouvernement sur un montant global estimé à 480 millions pour «la sauvegarde des activités de la société des plantations de Mbanga et la préservation du climat social au sein de cette entreprise.» Néanmoins le ministre des Finances conditionne l’implication du gouvernement camerounais dans la restructuration de la Spm à l’approbation d’un plan de redressement «à cour terme». Un plan de redressement qui, précise le Minfi, Alamine Ousmane Mey, fait ressortir «Les mesures internes à court terme à mettre en œuvre par la Spm pour la relance de ses activités ; un plan de réduction des charges ainsi que le recours par l’entreprise à des financements privés pour maintenir son exploitation.»

Il se trouve à ce propos que les principaux actionnaires de la Spm, Ufa et Castri qui détiennent 56,25% et 15% du capital social de l’entreprise rechignent à réinvestir dans la Spm. Une attitude qui freine l’engouement des repreneurs déclarés, dont le belge Univeg, la Compagnie fruitière et Canavese. Des entreprises ayant marqué leur intérêt de principe mais conditionnent leur engagement à une restructuration de la Spm. Une restructuration que la direction de la Spm repose sur les apports de l’Etat camerounais et de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank).


Activités à l’arrêt

Dans les faits, le gouvernement, à travers le ministre des Finances et Afreximbak posent leurs conditionnalités. Sur la base des résultats d’une mission conjointe menée par les experts du Minfi et de la Sni, Alamine Ousmane Mey conditionne, une fois de plus, l’engagement de l’Etat dans la restructuration de la Spm à la «convocation d’une session extraordinaire des organes statutaires (Conseil d’administration et Assemblée générale), afin de statuer sur la poursuite ou non des activités.» Une position que le gouvernement motive à l’observation du niveau opérationnel et au manque de respect des procédures à la Spm. Alamine Ousmane Mey remarque à cet effet que : «Il a été observé des manquements portant sur le non-enregistrement des contrats des prestataires de service, et sur le non-reversement des cotisations sociales à la Cnps.» Des manquements auxquels s’ajoute l’arrêt quasi-total des activités au sein de la Spm.

Pour sa part, Afreximbank reste accoudée à la décision du gouvernement camerounais avant toute recapitalisation de la Spm. Son président, Jean-Louis Ekra entend engager la structure bancaire dans la restructuration de la Spm sous condition d’un apport en fonds propres et en fonds de roulement d’au moins un milliard 500 millions des actionnaires et 3 milliards 500 millions du gouvernement. Toutefois, soutient le président d’Afreximbak, «Je suis réconforté par le fait que la récente mission d’audit conduite par C2G conseil, un cabinet français désigné par la Sni et auquel prennent part différents ministères du gouvernement, a confirmé la viabilité fondamentale de l’entreprise et fait différentes propositions pour un retour à meilleure fortune de la société.»
Inéligible aux subventions de l’Ue.

Exclue au bénéfice des subventions de l’Union européenne (Ue) depuis 2012, du fait de son insolvabilité et en l’absence d’une restructuration de ses fonds propres, la Spm pourrait également être inéligible à la subvention Mab (Mesures d’accompagnement banane) de l’Union européenne. Une subvention estimée à cinq milliards 500 millions au bénéfice des producteurs camerounais de banane. Estimée à 40 mille tonnes à la fin de l’exercice 2008, la production de la Spm au terme de l’exercice force la barre des 15 mille tonnes à l’exportation. Une situation que l’entreprise explique par les problèmes d’endettement et le manque de trésorerie. Une situation que connait cette entreprise productrice de banane depuis 2003. De l’avis même de son président directeur général, la situation actuelle serait la conséquence du «lourd système de taxation de licence d’importation sur les marchés européens.» C’est que les licences attribuées à des opérateurs étrangers étaient revendues aux producteurs camerounais. Du coup, le coût de location était estimé à un peu plus de 107 mille par tonne.


Pertes accumulées

Jean Yves Brethes déplore alors le fait que, «les énormes pertes accumulées sur cette période (2005 et 2006) par la Spm d’un montant de 7 milliards FCfa, correspondant aux droits d’importation de ses bananes sur l’Europe, auxquelles s’ajoutèrent plus de 2 milliards de destruction de ses outils de production dans le Moungo, lors des émeutes de février 2008, auraient dû avoir raison de la société.»

Pour comprendre l’affaire, il faut revenir à la sortie de la période du système de taxation de licence. Au terme de cette période, au cours de laquelle la Spm perd un peu plus de dix milliards Fcfa, la Banque de développement danoise, Ifu, le transporteur maritime danois, Maersk et le groupe de production de banane antillais, Castri participent à une augmentation du capital de la Spm à hauteur de 4 milliards FCfa. Un enthousiasme et des efforts qui seront douchés par la lourde dette que porte l’entreprise. Conséquence, confronté au manque de rentabilité de l’entreprise, les anciens actionnaires de la Spm «refusent» d’apporter de nouvelles contributions financières. Ce, malgré l’intervention et l’appui de la Sni. Pis, les actionnaires danois et antillais cèdent leurs actions au franc symbolique, abandonnent leur compte courant et démissionnent de leur poste d’administrateur. Des actions reprises par l’actuel président directeur général, Jean Yves Brethes.

Joseph OLINGA N. 

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