Cameroun - Education. Cameroun - Scandale : Bepc et Baccalauréat délibérés à 6 de moyenne

Pierre Célestin Atangana | Mutations Vendredi le 15 Juillet 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le concept d’harmonisation des résultats à l’origine de cette initiative observée au Bepc et au Bacc cette année.

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Le quotidien gouvernemental Cameroon tribune se félicitait il y a quelques semaines de la bonne tenue des examens de fin d’année dans la région du Littoral. Le journal qui magnifiait la relève du taux de réussite au Bepc dans sa session 2011, soulignait que par rapport à l’année 2010 où l’on avait enregistré un taux de 30% dans cette partie du pays, les résultats affichaient une croissance qui les propulsaient à 50%.

Interrogé, Guillaume Hondt, délégué départemental des enseignements secondaire du Wouri, indiquait sur un ton jubilatoire que «les résultats du Probatoire et du Baccalauréat seront encore meilleurs». Selon lui, le Brevet d’études du premier cycle a le plus grand nombre de candidats. D’autre part, c’est l’examen où les candidats ne travaillent pas toujours bien. «Raison pour laquelle, c’est toujours mi-figue, mi-raisin.»

Pourtant, ces déclarations constituent selon des enseignants rencontrés après les résultats de cet examen la partie visible d’une recette que les autorités mettent sur la table depuis bientôt 10 ans. Dans plusieurs sous centres de la ville de Yaoundé et même hors de la région du Centre, des enseignants sous anonymat indiquent que les jurys ont délibéré à 5 de moyenne au Bepc.

Sur près de 2000 candidats, seuls une vingtaine a obtenu une note de 10/20 dans un centre d’examen de la ville de Yaoundé, renseigne un enseignant. «Sur un échantillon de 759 élèves présents en salle d’examen dans un sous-centre de Yaoundé dont je tais le nom, on a enregistré cinq élèves qui ont obtenu une note supérieure ou égale à 10/20 ; dans un deuxième centre, sur 800 élèves présents en salle, seuls 8 ont obtenu une note supérieure ou égale à 10/20, soit 1% de réussite», témoigne Jean Kamdem, enseignant, secrétaire général du syndicat national des enseignants.

Modulation
D’après l’enseignant, pour donner une note gaie à ces résultats catastrophiques qui proviennent de l’ensemble des 10 régions du pays, les jurys ont admis les candidats avec 6,5/20 au Bepc. «Ce qui se passe c’est que lorsque les jurys ont achevé les corrections, les résultats sont acheminés à Yaoundé auprès des autorités de l’éducation qui évaluent les tendances générales ; elles décident ensuite qu’il faut ajouter des points non coefficiés aux candidats pour essayer de relever le niveau des notes et, après on arrête une note d’admission à l’examen en deçà de laquelle on ne peut pas descendre», explique un enseignant sous anonymat.

Selon des enseignants rencontrés au Minesec, dans certains centres d’examens, des candidats au Bepc ont été déclarés définitivement admis avec 5,80/20. Une tendance qui, selon Jean Marc Bikoko a été également observée dans les jurys du baccalauréat, dont les résultats ne vont pas tarder à tomber.

Dans ce département ministériel, les autorités ne souhaitent pas aborder cette question. Pour eux, tout se passe comme il se doit, sans autre commentaire. Mais un autre cadre indique pour sa part que la pratique de «modulation» des résultats n’est «observée que dans le secondaire parce qu’au primaire, les élèves sont encore suivis». Pour les enseignants, cet état de choses est imputable à la discrimination et à la marginalisation dont sont victimes les enseignants depuis des décennies.

«A l’indice 530, un enseignant gagne 74 mille Fcfa de moins qu’un fonctionnaire des autres corps ; à l’indice 1140, il accuse un gap de 164 124Fcfa par rapport aux autres», explique Jean Kamdem.
D’après lui, le manque des primes de recherche et de documentation est aussi la conséquence des performances médiocres des enseignants face à leurs élèves. «Les enseignants veulent eux aussi être nommés ; or il y a une inflation dans les postes pédagogiques ; il y a aussi que élèves se désintéressent de l’école parce qu’ils se rendent compte qu’il ne faut pas aller à l’école pour forcément réussir dans la vie», souligne Jean Kamdem.

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