Cameroun - Communication. Cameroun - Sanctions du CNC: La contre-offensive des médias privés

PATRICIA NGO NGOUEM | Mutations Jeudi le 28 Novembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Au cours d'une réunion hier à Yaoundé, les patrons de presse ont demandé «la levée immédiate et inconditionnelle» des récentes mesures prises contre des confrères.

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L'ambiance qui régnait ce mercredi 27 novembre 2013 au siège du quotidien «Le Jour», sis au quartier Longkak à Yaoundé, n'était pas celle des jours ordinaires. C'est ici en effet que les patrons des médias à capitaux privés, francophones et anglophones, se sont donné rendez-vous pour débattre de la démarche à adopter, à la suite des sanctions prononcées le 21 novembre dernier par le Conseil national de la communication (Cnc) à l'endroit de certains organes de presse et de leurs promoteurs.

«La réunion de ce jour (hier, Ndlr) est justifiée par les mesures iniques qui ont été prises contre certains de nos confrères par le Cnc. Les éditeurs camerounais, désormais, font front contre tous les affronts susceptibles d'être menés contre la liberté de presse et contre l'exercice de leur métier, parce que le métier d'éditeur de presse est d'abord un métier de liberté d'expression. C'est pour cela que comme un seul homme, nous nous sommes réunis pour faire front contre ce qui est en train de se passer», confiait Haman Mana, le directeur de publication du journal «Le Jour», à l'issue de la concertation d'hier.

«Invité spécial» à cette réunion, Félix Ebolè Bola, le président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) qui a lancé en fin de semaine dernière un «appel à la mobilisation contre l'épuration médiatique et le génocide éditorial planifiés au Cameroun» après les sanctions du Cnc, est venu s'exprimer sur la position du syndicat dans le contexte actuel.

Il a ainsi fallu près de quatre heures d'échanges vifs et intenses pour arriver à un consensus général. Au finish, les 24 éditeurs de presse présents, qui n'ont pas manqué d'exprimer «leur vive désapprobation par rapport à la procédure ayant conduit à la prise desdites sanctions», ont signé un mémorandum avec ampliations au Premier ministre Philémon Yang, et au président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenc) Mgr Samuel Kleda.

Ce document, par ailleurs paraphé par le président du bureau exécutif national du Snjc, a été remis en mains propres hier au président du Cnc Mgr Joseph Befe Ateba, et au ministre de la Communication (Mincom) Issa Tchiroma Bakary. «Tout en réaffirmant la nécessité de la régulation du secteur des médias, les éditeurs de presse demandent la levée immédiate et inconditionnelle de ces mesures iniques et leur réexamen; l'adoption d'accord partie avec les professionnels de la presse d'un code de procédures d'examen des plaintes, la publication d'une nomenclature des sanctions en fonction des fautes et la définition claire des manquements professionnels susceptibles d'être soumis à l'examen du Cnc», précise le communiqué final ayant sanctionné cette réunion.


Régulation

Toutefois, les signataires tiennent à souligner qu'il ne s'agit guère d'un bras de fer engagé avec le Cnc. «Comme on l'a déjà dit et redit à Mutations, nous ne sommes pas contre les sanctions ni la régulation, mais nous sommes contre les sanctions à l'emporte-pièce, qui donnent l'impression qu'il s'agit d'un règlement de comptes orchestré, ou qu'il y a un calendrier politique clair dans le sens de museler la presse mais dont on ne connait pas les échéances», a déclaré, Dorine Ekwe, rédactrice en chef déléguée de Mutations, représentant le Dp. Avant de poursuivre: «C'est la raison pour laquelle à Mutations, nous avons décidé de nous joindre à ce mouvement parce que face à la tempête, il faut pouvoir s'unir pour faire front à tout ce qui peut nous arriver. Aujourd'hui, nous avons reçu un avertissement, mais ça peut aller plus loin par la suite. Par cette démarche, nous voulons donc que le Cnc se prononce et nous dise clairement quelle est la gradation des sanctions et qu'est-ce qui peut être susceptible d'amener une sanction.»

A travers ce document, les patrons des médias privés veulent aussi attirer l'attention du gouvernement sur «les dysfonctionnements du Cnc» Lesquels, disent-ils, «portent gravement atteinte à l'image du Cameroun, a la survie de l'entreprise de presse et consacrent le recul des libertés publiques». Ils restent «disposés à apporter leur contribution pour une normalisation de la profession». Une autre rencontre est prévue dans deux semaines pour «évaluer les progrès accomplis».

En rappel, le 21 novembre dernier, le Cnc a suspendu pour trois mois d'activités le quotidien «Ouest-Littoral» et son Dp Benjamin Zebaze, ainsi que l'hebdomadaire «The Guardian Post» et son promoteur Ngah Christian Mbipgo «pour atteintes à l'éthique et à la déontologie professionnelles en matière de la communication sociale». Dans la même veine, un avertissement a été adressé aux directeurs de publication des journaux «Mutations» (Xavier Messé), «Pile ou Face» (Roger Ntede) et «L'Oeil du Sahel» (Guibai Gatama) accusés d'«atteinte à la déontologie professionnelle en matière de communication sociale». Des sanctions contestées par les patrons des médias qui reprochent au Cnc d'être à la fois «juge et partie». 

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