Opération Epervier. Cameroun - Pillage du patrimoine de l’État: Koung à Bessiké, Essimi Menye et Anong Adibimé en flagrant délit

Michel Tafou et Labaran Mamouda | La Météo Lundi le 02 Février 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les deux ministres et le sénateur sont dans l’étau du Tribunal criminel spécial (Tcs), suite au bradage des titres fonciers à Douala Ve d’une valeur de 10 milliards de francs.

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Après l’ouverture d’une information judiciaire par le Tcs, l’affaire Koung à Bessiké pourrait dans les prochains jours, connaître un coup d’accélérateur qui n’étonnerait plus personne, ou presque. En effet, bien que la patronne des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières s’en est sortie (pour l’instant) libre de son audition du 20 janvier dernier, à en croire certaines indiscrétions, ses jours seraient  comptés. Il se dit sous cape, accusée d’avoir spolié près de 11 titres fonciers relevant du domaine de l’État, sous le prétexte de la rétrocession-indemnisation à des tiers, Jacqueline Koung à Bessiké, comme son prédécesseur, en a profité pour distraire des milliards.  À écouter les personnes introduites, la gestion des titres fonciers 012/WB, 013/WB, 014/WB, 015/WB, 016/WB, 017/WB, 018/WB, 019/WB, 020/WB, 021/WB et 022/WB serait la goutte d’eau de trop. Laquelle menacerait même d’emporter plusieurs acteurs certes insoupçonnés.

D’ailleurs, la tournure des choses indique clairement que l’instruction, flairant des distractions de sous qui dateraient de longtemps dans la gestion de ces terrains,  a décidé d’élargir les auditions. Question d’avoir un éventail des versions à confronter. On pense particulièrement aux responsables qui ont en commun leur implication, à des degrés divers, dans ce gros scandale de la liquidation du patrimoine de l’État. Une confidence portée à notre connaissance cite entre autres, une parenté et non moins collaborateur du Mindcaf, Bodio à Bodio de la Direction du patrimoine, qui serait appuyé, dit-on, par un certain Jean Oumarou, chargé de missions à la présidence de la République. Ces derniers, rapportent les langues vipérines, feraient partie de ceux qui ont fait échoué, l’intérêt personnel devant, l’intérêt général derrière, une quinzaine d’hectares de terrain sis à Douala, capitale économique, entre les mains d’hommes d’affaires. Un scandale qui ne fait qu’entretenir de lourds questionnements sur le rôle joué par madame le ministre, elle même, dans la gestion obscure de ces biens appartenant à l’État.

Le cas de la rétrocession d’un terrain domanial situé à Douala Ve, quartier Bépanda-Bassa, est assez saisissant et illustratif. En effet, à en croire l’abondante indiscrétion, ledit terrain, d’une superficie de 14ha73a72ca appartenant coutumièrement à la collectivité de Beedi du canton Bassa/Wouri, et affecté à l’ex-ministère des Transports, des Postes et Télécommunications, était destiné à la construction de la Cité du Port. Mais on ne sait par quelle pirouette, Jacqueline Koung à Bessiké a vite rétrocédé ce terrain, à travers une correspondance datée du 7 septembre 2013, à Manfred Mboke Eyidi, représentant de la collectivité de Beedi. Pourtant, il aurait été judicieux, indique une source de la primature, que le Mindcaf organise une concertation technique sur ce sujet en y associant le ministère des Finances, le ministère des Transports, et éventuellement le cabinet  Atou à qui le gouvernement a pourtant confié la responsabilité de la gestion des actifs des ces ex-sociétés publiques ou parapubliques.  Surtout que, le terrain concerné fait partie du patrimoine dévolu à la liquidation de l’ex- Office national de commercialisation de produits de base (Onpc) par l’arrêté conjointe 045/Cf/Ac/Minfi/Mint/Minuh du 28 mars 2003, et que, c’est le Cabinet Atou qui a par ailleurs la charge de la sauvegarde et de la gestion des actifs résiduels de l’ex-Onpc.  Du coup, sous les éclairages d’orage, l’on pense que cette affaire, à elle seule, constitue un indice supplémentaire qui donne raison à la justice d’aller au bout de ses investigations. En tout cas, celle qu’on dit n’avoir jamais volé même une aiguille, est consciente d’une chose : il lui sera difficile de se tirer du guêpier dans lequel elle se trouve désormais.  


Pas seule.

Avant Jacqueline Koung à Bessiké, d’autres ministres avaient déjà inscrit leurs noms en gros caractère dans ce registre. C’est le cas du ministre de l'Agriculture et du Développement rural (Minader) Emmanuel Essimi Menye -il fait des va-et-vient, ces derniers temps, sur d’autres affaires, entre son bureau et le Tcs - qui s’était fait remarquer négativement, du temps de son passage au ministère des Finances, en posant des actes forts répréhensibles.  À l’époque, la presse avait glosé sur les agissements de l’ancien coursier du Fonds monétaire international (Fmi) en rapport avec le dossier de liquidation de certaines d’État. Tout d’abord, c'est sa décision surprise qui viendra mettre hors de course, le cabinet Atou pourtant autorisé par son prédécesseur à s'occuper de la liquidation des ex-sociétés d'État.

C’est ainsi que le 26 novembre 2007, le successeur de Polycarpe Abah Abah,  sans l'avis de la commission technique de privatisation et des liquidations (Ctpl) «donne mandat au cabinet d'audit financier et bancaire Challenger corporation» pour, dit le document, agir en son nom afin de «recenser les contrats d'occupations des immeubles bâtis ou non bâtis des liquidations Rncf, Oncpb et Onpc; de procéder à l’analyse juridique et comptable desdits contrats, puis enfin d’identifier et au besoin évaluer les actifs mobiles résiduels des liquidations concernées».  Par ce document, le cabinet d'audit financier et bancaire Challenger Corporation se voit doté de pouvoirs illimités décidés par Emmanuel Essimi Menye. À l’époque, de nombreux observateurs s'interrogeaient sur la capacité de Challenger corporation à mener des «analyses et des expertises juridiques» tel que commandé par l’ancien argentier national. Malgré les rappels à l’ordre de la présidence de la République, Emmanuel Essimi Menye est resté rigide et imperturbable. Sous le (fallacieux ?) prétexte de sauvegarder et de gérer des actifs résiduels des liquidations de la Régie nationale des chemins de fer (Rnfc), l’Office national de commercialisation de produits de base (Oncpb) et l’Office national des ports du Cameroun (Onpc), l’argentier national de l’époque,  indiquent les langues médisantes, va plutôt réussir à brader le précieux patrimoine.

À vue de nez, l’ancien patron des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, Pascal Anong Adibimé est l’autre acteur de la mafia dont le nom revient sur toutes les lèvres dans les couloirs du Tcs. Le sénateur du Mbam et Inoubou -qui pourrait voir son immunité levée- par des artifices bien huilées, avait pris sur lui  «d’offrir» des domaines situés en plein centre ville de Douala et appartenant à l’État, à des individus sans foi ni loi.  Les scandales du genre de l’ex Mindcaf qui ne se comptent plus sur l’ensemble du pays, notamment à Douala  et Yaoundé, commencent visiblement à le rattraper. Déjà, d’une source proche du palais des Congrès, le vice-premier ministre, ministre délégué à la présidence en charge avec les Assemblées, aurait saisi par écrit il y a peu, le président de la Chambre haute, pour lui faire part de la volonté de la plus haute hiérarchie de voir l’immunité du parlementaire de Bafia levée, afin que ce dernier soit facilement à la disposition de la justice. Info ou intox, l’on pense néanmoins avec insistance, en haut lieu,  aujourd’hui, que l’audition et la probable chute de Jacqueline Koung à Bessiké, protagoniste majeure de ces scandales, provoquera immanquablement celle d’une pléthore de budgétivores complices.

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