Cameroun - Société. Cameroun - Opinion: Faut-il garder ou changer le nom du "Cameroun" ?

Ndigo Biouélé Germain | Le Messager Mercredi le 15 Octobre 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les noms de nos pays ont été conçus au hasard par les explorateurs et les colonisateurs européens. Ces noms posent aussi bien en Afrique qu’en Amérique, en Asie et en Océanie, un problème de convenance avec les réalités nationales et culturelles des Etats qu’ils désignent.

ADS

Les noms de nos pays ont été conçus au hasard par les explorateurs et  les colonisateurs européens. Ces noms posent aussi bien en Afrique qu’en Amérique, en Asie et en Océanie, un problème de convenance avec les réalités nationales et culturelles des Etats qu’ils désignent. Le nom « Cameroun » vient par exemple de« Rio dos Camaroes », ce qui signifie « rivière des crevettes ». Les navigateurs portugais qui ont abordé autrefois le fleuve Wouri, y ont trouvé beaucoup de crevettes et c’est du nom « camaroes » qu’est venu plus tard, le nom Cameroun. Ainsi, le nom de notre pays est lié à la réalité d’un crustacé, dont l’image brille en toile de fond, partout où le nom Cameroun est écrit et prononcé. Je ne trouve pas cela juste car le nom doit traduire l’esprit, l’âme et la vie d’un être, de manière à ce que ce dernier puisse se reconnaître pleinement en lui. La géographie, l’histoire et les populations du Cameroun ne s’identifient ni au fleuve Wouri, ni à la crevette. Les Camerounais ne doivent donc pas se faire désigner par les crevettes qu’on ne retrouve d’ailleurs pas sur toute l’étendue de son territoire. La crevette n’est pas l’image emblématique de notre pays. Si les navigateurs portugais  trouvaient beaucoup de crocodiles ou des escargots sur le Wouri, comment nous appellerait-on aujourd’hui ? Des « crocodiliens » ou des « escargotais » sans doute ! Cela m’amène à me poser la question de savoir si le nom d’un peuple, doit se jouer sur de telles contingences ? Dans nos coutumes africaines, le droit d’attribuer le nom à un enfant ou à un village, ne revient pas à un voyageur ou à un étranger. En conservant les noms des Etats choisis par les explorateurs et les colons, appellations qui sont d’ailleurs semblables à celles que les esclavagistes donnaient aux nègres qu’ils capturaient et vendaient en Amérique ;nous fondons notre destin sur l’arbitraire et n’écrivons pas nous-mêmes notre histoire. Nous épousons la culture non enviable de ces hommes qui portent des noms dont ils ne connaissent pas la signification. Dupont Delarue, Duval fourrière, Rigaud Vasseur, Le nôtre, Le vôtre…etc. Ces noms étranges ont sans doute des contenus qui se sont effrités avec le temps. Ceux qui répondent par ces noms, se reconnaissent dans l’absurde car ces noms sont vides de sens  et lorsqu’ils en ont par hasard un, ils désignent une réalité dans laquelle ceux qui les portent, ne se reconnaissent pas. Des singes se font appeler poules et des chats portent les noms de poissons. Ils sont donc des insensés et cette folle  tradition est en train de gagner le monde car le choix des noms ne revient plus aux visionnaires et aux patriarches ; mais aux acteurs des films et des séries télévisées. Lorsqu’on ignore la signification de son nom, on ne se connait pas car le nom traduit l’esprit de l’homme. Celui qui ne se connait pas, ne peut pas se mettre en valeur car il se prend pour ce qu’il n’est pas.

Nos villes, villages, quartiers, carrefours ou équipes de football portent des noms étranges, et des hommes cultivés agréent ces souillures, sans peser le poids et l’énorme influence que le nom exerce sur ce qu’il désigne. Regardez bien les traits physiques et les comportements de ceux qui portent les noms d’éléphant, de phacochère, de panthère, de tonnerre ou de chien. Ils ressemblent en de nombreux points à ces animaux car le moule du nom transforme progressivement l’esprit. Cette vérité nous fait craindre l’action de la crevette sur notre pays car il est fort possible que nous soyons moulés dans le crustacé et ses techniques de vie. Enfermés sans doute dans la logique animale, nos équipes de football, les emblèmes de nos partis politiques et les images des chefs soient toujours des bêtes sauvages. L’homme est pourtant plus intelligent, plus fort et plus  glorieux qu’un animal mais certains décideurs restent très attachés à ces êtres inférieurs et ils se rabaissent à leur fréquence, en leur conférant des qualités et des aptitudes qui ne reviennent qu’à celui que Dieu a créé à son image et à sa ressemblance. Il est temps pour l’homme de se dresser et de reprendre ses droits sur la nature et la civilisation de la bête.

Il est temps de changer les noms des pays, des villes, des villages, des quartiers, des carrefours (sorciers, cacas ou trois morts) qui fleurissent dans nos cités. Avant d’attribuer un nom à un enfant, il faut connaître sa signification et s’assurer qu’il convient à sa nature intérieure et extérieure, sinon ce nom peut devenir pour lui, un facteur de souffrance et d’aliénation.

Par Ndigo Biouélé Germain

Président de l’Association « Etoiles du Monde »

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS