Cameroun - Politique. Cameroun - Mounchipou Seidou: La politique ne m'intéresse pas

DORINE EKWE AVEC NADINE DJOMO | Mutations Mardi le 04 Mars 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Désormais libre, l'ex-Minpostel partage ses émotions.

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14 ans de pénitencier à Kondengui. Quel est le sentiment qui vous anime après votre première nuit de liberté?

J'avoue que mes sentiments sont mitigés. Premièrement, je suis heureux d'avoir recouvré ma liberté en même temps que je ressens beaucoup d'émotion de revoir ma famille, de retrouver le chez moi, mes amis, mes camarades, tous ceux qui m'ont soutenu pendant toute cette période difficile. Je suis heureux de retrouver ceux avec qui j'ai partagé de très bons moments de la vie.


Au fil des procès, et au lendemain de votre condamnation, avez-vous pensé sereinement que vous purgeriez votre peine et sortirez vivant de cette prison?

Je n'ai jamais douté du fait qu'un jour, je pourrai recouvrer ma liberté. J'ai toujours été optimiste dans la vie. Après les décisions des tribunaux, je sentais qu'un jour, je recouvrirai ma liberté. J'avais cette conviction. J'ai toujours joué avec cet optimisme. Je n'ai jamais désespéré. II y a toujours une main invisible qui intervient: celle du Dieu tout-puissant. Dieu créateur, qui intervient dans la vie. On ne peut pas être désespéré parce qu'on vient d'être frappé par tel ou tel malheur.


Quand vous avez entendu parler de la grâce présidentielle, vous êtes-vous immédiatement senti concerné par la mesure?

Je n'ai pas hésité une seconde. J'ai pris acte de cette décision à travers les journaux, et je me suis senti immédiatement concerné. On parlait des personnes ayant passé 10 ans en prison et dont l'affaire avait été jugée. Je n'avais aucune inquiétude à avoir, au contraire, j'avais quatre années supplémentaires à offrir. Vues les dispositions pertinentes du décret présidentiel, notamment sur l'article 1er, alinéa 5, je me suis senti immédiatement concerné. C'était un acte de portée générale, mais j'avoue que tous ceux qui font la lecture de cet acte peuvent constater et se surprendre d'être parmi les heureux bénéficiaires du décret présidentiel. C'est tout comme on peut être déçu, en lisant le même décret, et être parmi les perdants. Ça dépend.


Quels sont vos projets, au lendemain de cette libération?

Ma priorité de l'heure est de me consacrer à ma famille, cette famille qui m'a beaucoup manquée, a été perturbée, a beaucoup désespéré. Il ne faut pas oublier qu'au-delà de mes fonctions administratives, je suis le chef d'une très grande famille dans le Noun. Aujourd'hui, le fait de me retrouver parmi elle me réconforte. Ça me réconforte beaucoup. Je crois que le fait de n'avoir pas joué mon rôle de rassembleur, de guide de cette grande famille m'a manqué.


Après la famille, à quoi vous consacrerez-vous?

Pour le moment, c'est la famille. C’est elle la priorité. Mon souhait, dans l'immédiat, est d'aller la retrouver dans le Noun.


Vous avez milité dans le Rdpc avant votre Incarcération. Comptez-vous y rentrer?

Je n'ai jamais été un responsable politique. J'étais un haut commis de l'Etat au service de la République. Je ne suis pas le Président d'un parti politique. J'appartiens peut-être à un parti, j'y milite, un parti que vous pouvez imaginer. Mais je ne suis pas leader politique. Je vais consacrer mon temps à ma famille. J’ai été au service de l’Etat, mais pour ce qui est de la politique, pour le moment ça ne traverse pas mon esprit.


Et s'il vous était demandé de revenir aux affaires, dans la gestion quotidienne du pays...

Non! Je vous ai dit que je suis un haut fonctionnaire de ce pays. Je suis retraité. J’ai pris ma retraite à 55 ans en tant qu’administrateur civil pour les fonctionnaires de ma catégorie. Et ça fait plusieurs années je ne suis plus d'un retour dans l'administration en tant que fonctionnaire.


Il y a certaines personnes que vous avez laissées à Kondengui, dont vous étiez proche. Quel est le message que vous leurs adressez?

J'ai une pensée très positive pour tous ceux avec qui j'ai partagé l'espace carcéral. Dans cet espace, on a besoin de beaucoup d'endurance, de patience pour gérer le quotidien. J'ai une pensée à l'égard de tous ceux que j'ai laissés. Là-bas, c'est une très grande famille qui s'est formée. Aujourd'hui, j'avoue que j'ai des remords pour les avoir laissés. Je leur souhaite beaucoup de courage, beaucoup d'endurance et surtout beaucoup de patience. Avec cet espoir qu’un jour, eux également recouvreront leur liberté.


On vous libère à moins de 6 mois de la fin de votre peine. N'avez-vous pas l'impression que, finalement, c'est un gâchis?

Je ne partage pas cet avis. Lorsque vous n'avez pas été privé de liberté, lorsque vous n'avez pas vécu dans ce milieu, lorsque vous n'avez pas expérimenté l'épreuve de la limitation de liberté, vous ne pouvez pas comprendre la portée d'un jour de liberté. Même s'il ne me restait que deux jours et qu'on me demandait de sortir, je sortirai. Je remercie ceux qui m'ont soutenu en commençant par le Dieu puissant, par qui tout arrive. Je n'apprécie pas la liberté en termes de mois, longueur d'années, non! Chaque jour a un prix lorsqu’on est privé. 

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