Législatives et Municipales 2013. Cameroun - Législatives - Moungo-Sud: la population crie victoire pour le Manidem

Blaise-Pascal Dassié | Le Messager Mardi le 08 Octobre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les jeunes de cette circonscription disent en avoir marre du parti du flambeau qui, selon eux, n’est pas soucieux de leur bien-être.

ADS


Non loin de l’agence Express Union de la ville Penja. Vendredi 4 octobre 2013. Une marrée humaine suit religieusement le discours d’une dame placée au centre. Mariane Ekanè, candidate du Manidem aux législatives dans le Moungo-sud est venue « remercier les populations ». Elle y tient comme à la prunelle de ses yeux. Le visage transpirant de colère et de rage, la dent dure, elle tire à boulets rouges sur le parti du flambeau, qu’elle accuse d’avoir « volé sa victoire » aux législatives dans le Moungo-sud. « Le peuple de Njombé/Penja en a marre de ce système de corruption. Cette commune est un grenier agricole. Il est incompréhensible qu’il soit toujours à la traine. Les populations ne peuvent plus continuer à voter des gens qui vont à l’Assemblée nationale pour applaudir. Elles ont besoin des députés qui luttent pour leurs intérêts. C’est pour cela que je suis là et qu’elles m’ont fait confiance. Les gens ont besoin qu’on les écoute », fulmine-t-elle.

Celle qui dit avoir fait du porte à porte pour écouter les uns et les autres, lors de la campagne électorale est amère. « On ne peut pas défendre les gens qu’on ne connaît pas. Le poivre de Penja est labellisé et connu dans tout le monde entier. Ce sont les grands cuisiniers qui l’utilisent dans leurs différentes recettes. Mais lorsque vous venez à Penja, vous tombez des nues. Il faut que cela cesse. J’ai gagné dans le Moungo-sud, ils ne voleront pas ma victoire. Je ne peux pas décevoir cette population qui m’a fait confiance. S’ils veulent qu’on recommence, on le fera. Ils ne peuvent pas me délester de mes voix », gronde-t-elle. Se fondant sur les procès-verbaux qui lui sont parvenus « par des épouses ou amis des scrutateurs qui sont portés disparus, certains se cachent encore », elle pense que le résultat (65%) brandi par le Rdpc aux législatives dans le Moungo-sud n’est que du chiqué. Pourtant, la commission départementale des votes a rendu sa copie : elle déclare à Moungo-sud, aux législatives, le Rdpc vainqueur. D’après cette commission, le Rdpc a obtenu 65 % des suffrages exprimés contre 35% au Manidem.

Dans la foule, la colère gronde. « Nous ne savons pas ceux qui ont voté le Rdpc dans cette circonscription. C’est étonnant qu’après avoir assisté à tous les dépouillements avec des scores à la soviétique que le Manidem a enregistrés dans les bureaux de vote, qu’on nous dise que c’est le Rdpc qui s’en est plutôt bien sorti avec 65% de voix. Qu’ils nous épargnent de cette grosse supercherie », tonne un militant du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie. Pour qui « le crime est maintenant consommé ».


Bilan moins flatteur

Selon un militant du Rdpc, « nous avons été laminés par l’opposition qui a remporté le plus de suffrages. Cette élection vous a donné l'occasion de comprendre le peu d'intérêt que le parti nous accorde. Certains parmi nous ont tout perdu pour le Rdpc. Et n’ont pas accepté d'être rangés dans la poubelle du coin. Dans l’ensemble, ce sont des militants du Rdpc qui ont voté contre le Rdpc. Ils n’ont pas voulu laisser passer la nouvelle militante d'octobre 2013, que nous ne connaissons pas et qui ne nous connaît pas ».

A sa suite, Aurélien Batchou ne décolère pas. « Il n'y a que dans un pays de fous et de voyous qu'une telle escroquerie politique peut se faire. Les fonctions politiques sont et doivent rester l'aboutissement d'un militantisme éprouvé, d’incessants efforts, du loyalisme et non du vaudou. Et de la magie noire. N'est-ce-pas de la sorcellerie de devenir député le 1er jour où on décide de militer? Où a-t-on vu ça avant? », questionne ce militant du parti du flambeau. Selon lui, des tracts distribués la veille et appelant les électeurs à voter pour l’opposition et singulièrement pour la Manidem auraient eu un impact favorable sur le vote. « Ces tracts interpellaient chacun de nous, sur sa responsabilité individuelle et collective, vis-à-vis de notre localité ». Laquelle croule sous le poids des maux tels la misère, l’enclavement…et le sous-développement.

La percée revendiquée par Manidem sur le terrain, mieux, de l’opposition lors de ces élections couplées du 30 septembre 2013 peut s’expliquer ou se justifier par le bilan moins flatteur des maires et députés sortants du Rdpc. « Lorsque vous prenez par exemple le cas de l’exécutif communal sortant de la commune de Njombé/Penja, vous verrez qu’il a construit une gare routière qui ne draine pas de monde à la sortie de la ville. Alors que la priorité était ailleurs. C’est un gâchis ! », constate un observateur de la scène politique.

Alors que certains voient en ces différentes sorties du Manidem de la simple agitation, le parti d’Abanda Kpama qui n’a toujours pas apporté la preuve de sa victoire (scandée) aux législatives dans le Moungo-sud vient d’introduire une requête aux fins d’annulation du scrutin auprès de la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel. Prospérera, prospérera pas ? On ne perd rien à attendre.

Blaise-Pascal Dassié
De retour de Njombé/Penja



Mariane Ekanè: «Je serais peut-être le 2è Paul Eric Kinguè»

Mariane Ekanè est de ces femmes charismatiques qui ne reculent devant rien…Mais alors rien du tout. Et tenez-vous tranquille, « ce n'est pas parce que je suis la sœur de Anicet. J'ai été plus active pendant ces sept dernières années. Le malheur des Camerounais flétrit mon bonheur », jure celle qui dit avoir été militante de base dans le Manidem depuis dix ans. Tête de liste du Manidem aux législatives dans le Moungo-Sud, celle qui, après avoir vécu pendant plus de 20 ans en France est revenue au bercail pour « faire la politique autrement » n’est pas un bleu. La fille de Frédéric Ekanè Mbongo veut suivre les traces de son géniteur. Dont l’histoire retiendra qu’en 1960, sous la bannière de l'Union des populations du Cameroun (Upc), il affronta Makotta Ngalle, un candidat de l'Union camerounaise (Uc), parti au pouvoir de l'époque, dans la circonscription du Moungo sud. La suite on la connait.

53 années sont passées. Celle qui, lors de la campagne pour les élections couplées du 30 septembre 2013 a fait du porte à porte son crédo, essayant de convaincre les populations sur l’urgence d’un changement, ambitionne d’améliorer les conditions de vie de ces hommes et femmes qui vivent du travail de la terre. « Elle a un bon projet de société. C’est pour cela que les populations du Moungo-sud la portent dans leur cœur », confie une vendeuse de légumes au marché des fruits de Njombé. Pour qui la petite sœur d’Anicet Ekanè est une « dure à cuire, une femme de poigne ».

Tenace, Mariane Ekanè n’a peur de rien. « Je serais peut-être le 2è Eric Kinguè qu'on mettra en prison. Je n'ai pas peur des menaces. Si mon sang se verse, d'autres personnes viendront », dit-elle. Changer la vie des paysans et de tous ces jeunes qui travaillent dans des conditions misérabilistes dans les bananeraies à Njombé, Penja et Mbanga est une obsession pour celle qui se prévaut d’être née dans la politique en 1960. A l’entendre, le Cameroun est le pays de toutes les injustices. « Il est inadmissible que ces hommes qui travaillent dans les plantations de banane, d'huile de palme et de fruits divers aient des salaires misérables. Il suffit de les attraper avec un doigt de banane pour que ces paysans se retrouvent en prison », décrie cette diplômée en sciences politiques de l'Université de Lille II en France.

B-P.D. 

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS