Cameroun - Femmes. Cameroun - Journée de la femme: Plus de festivité que de prise de conscience

Valgadine TONGA, Salomon KANKILI | Le Messager Lundi le 10 Mars 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Samedi 8 mars 2014 a été l’occasion une fois de plus de constater que des femmes n’ont pas encore compris le vrai sens de la journée.

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«Le thème de la journée ? Je ne connais pas. Est-ce que c’est important ?». Ainsi répond une femme. Samedi, 8 mars 2014 à la place de l’Udeac à Douala. Les femmes sont venues très tôt pour la traditionnelle parade de la journée qui les célèbre. Des partis politiques dont le Rdpc ont affrêté des bus gros porteurs pour convoyer leur militantes jusqu’au lieu de la parade. Certaines entreprises ont concédé les mêmes facilitations comme elles le font lors de la fête du travail, le 1er mai de chaque année. Si on ne peut pas systématique dénoncer cette pratique, elle ressemble à maints égards à une récupération qui détourne cette célébration de son noble objectif. La conséquence est la suivante.

Après le défilé, le reporter tant le dictaphone à quelques femmes. Questions posées : Que représente cette journée pour vous ? Le thème vous interpelle-t-il ? Très peu acceptent s’exprimer sur leur propre journée. De celles qui parlent, ce sont surtout des réponses laconiques. «Je sais que c’est la journée de la femme. Je n’ai pas le thème en tête. Je ne peux rien vous dire à propos, sauf que je suis émue par cette journée», affirme avec un large sourire une dame. «Je ne veux pas parler. Excusez-moi », lancent plusieurs. «Je ne sais pas trop ce que dit le thème. Ça parle de quoi ? Madame je sais juste qu’après le défilé, nous allons boire, manger, danser». Evelyne Nsamè, sort un peu du lot. «C’est une journée qui prône l’épanouissement de la femme sur le plan social, financier et même matrimonial.» Quid du thème ? «Vous pouvez me le dire ? Je ne sais pas. Il parle de quoi ?» Est-ce donc à dire que la journée internationale de la femme se limite au défilé et aux agapes ? Rendu déjà à la 29ème édition, on aurait espéré une évolution des mentalités. Une prise de conscience de la femme comme acteur social de la femme au même titre que l’homme.

Pour Evelyne Ngo Lambidjeck, journaliste à la Crtv «c’est une journée mémorable qui est l’aboutissement d’une longue série d’activités. Avec des débats autour du thème de la journée-Défis et réalisation des objectifs du millénaire pour le développement pour les femmes et les filles- pour lutter contre l’extrême pauvreté de la femme et de la jeune fille.» Et de renchérir, «le défilé permet de se défouler, de porter cette tenue, de montrer que la femme est belle à travers sa tenue, sa coiffure.» Directrice exécutive de l’organisation non gouvernementale Servitas-Cameroon, Chantal Kambiwa pense que la parade a toute sa place dans la célébration. «Le défilé n’est que l’apothéose de tout ce qu’on a eu comme travaux. N’oubliez pas que nous sommes en formation depuis deux semaines. Nous organisons des tables-rondes pour sensibiliser les femmes à fin qu’elles sachent pourquoi elles sont ici aujourd’hui.» Elle avoue que le sens même de la journée n’est pas encore assimilé par la grande majorité de la gent féminine. «Les femmes ne connaissent pas le thème, c’est vrai, mais la mentalité change. Au fur et à mesure que les années passent, on les éduque et elles s’adaptent. Aujourd’hui nous ne sommes plus là comme il y a dix ans. C’est progressif. C’est au journaliste de ne pas toujours chercher à montrer ce côté négatif. Toutes les femmes ne peuvent pas comprendre», Soit.



Réflexion
Les femmes et leur place dans la lutte contre l’incivisme
Le sujet était au centre d’une causerie éducative mercredi 5 mars 2014 à Douala.
Que peut la femme contre l’incivisme, obstacle au développement d’une nation ? C’est autour de ce thème que les femmes et des spécialistes ont échangé mercredi 5 mars 2014 à la paroisse Sainte-Monique de Maképè. Pour Civisme et qualité de vie, Ciqualiv, organisateur du débat, l’incivisme est un réel problème au Cameroun. «Cette causerie est organisée en prélude à la journée internationale de la femme. C’est une période où on doit mobiliser les consciences sur des problèmes de l’heure qui minent notre société, et l’incivisme en est un. Il est même devenu un fléau. Raison pour laquelle nous avons décidé de sensibiliser les femmes et les jeunes filles pour trouver les voies et moyens de l’éradiquer», indique le président de Ciqualiv, Ferdinand Ndamè Eyoum. Il définit l’incivisme comme un «manque de respect envers la chose publique».
Dans son exposé, Francis II Eboutou, coach de développement personnel trouve qu’il peut avoir plusieurs causes à l’incivisme, mais «la principale cause c’est l’ignorance. L’incivisme n’est autre chose que l’ignorance. Qui peut me donner un cas d’incivisme ?» Demande l’orateur, quand, comme par hasard, un téléphone sonne dans la salle. Chacun cherche à qui il appartient. Une dame se lève, décroche le téléphone et se retire de la salle. «Ça c’est l’incivisme», lance en chœur l’assistance. «Quand la femme est bien éduquée, tout ce qui concerne le civisme, la morale de son enfant est irréprochable. Quand le résultat est mauvais, elle a raté l’éducation de l’enfant», souligne la délégué de la promotion de la femme et de la famille de Douala V. Berthe Marie Nsoga affirme que la femme est au centre de la lutte contre l’incivisme, car c’est un combat qui commence dès l’enfance. Et de reprocher aux femmes de laisser leurs enfants regarder les télénovelas.
Des déclarations soutenues par le cadre de la jeunesse à la délégation d’arrondissement de la Jeunesse et de l’Education civique de Douala Vème. Isaac Oscar Ndjock Ndjock soutient que «les choses que nous avons vues, entendues conditionnent notre façon de faire. Les parents, la société doivent faire attention parce que ce sont eux qui façonnent le caractère de l’enfant. Les parents sont devenus les garants de la moralité. Si les femmes le veulent, on pourra avoir une société ou domine la moralité.»

Valgadine TONGA




8 mars 2014: L’exemple qui vient de Ngaoundéré

L’association dénommée « Bassessa » des ressortissants de la Menoua a préféré la réflexion aux virées dans les buvettes et autres coins chaud de la ville.

Célébrer autrement le 8 mars. C’est l’objectif que s’est fixée l’association « Bassessa » de Ngaoundéré samedi dernier. A l’initiative d’une de ses membres actives, Mme Huguette Kana, une conférence a été organisée au quartier Honaref à Ngaoundéré, sous le thème de l’édition 2014 de la journée internationale de la femme. Thème qui interpelle sur les « Défis et réalisation des objectifs du millénaire pour le développement des femmes et des filles ». Lors des discussions, un accent particulier est mis sur l’objectif 3 de l’Objectif du millénaire pour le développement, à savoir «promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». D’entrée de jeu, parole est donnée à l’initiatrice de la conférence. Mme Huguette Kana insiste sur la scolarisation égale des filles et des garçons dès l’école primaire, au secondaire jusqu’à l’enseignement supérieur. La conférencière évoque également la question de la part des femmes dans la main-d’œuvre rémunérée.

Dans la même lancée, les autres intervenants, s’appuyant sur des statistiques parlantes présentent le tableau sombre des obstacles à l’éducation de la jeune fille. Dans l’Adamaoua en l’occurrence, M. Ndono, inspecteur pédagogique régional en poste dans ladite région, déplore les pesanteurs culturelles, la pauvreté, le mariage précoce, etc. Le spécialiste des questions d’éducation dénonce au passage la discrimination. Pour le dernier orateur, représentant de l’enseignement supérieur, 80% de l’effectif estudiantin est constitué d’hommes.

Cela, dit-il, s’explique par les pressions diverses dont sont victimes les filles pourtant désireuses de poursuivre leurs études: harcèlement sexuel, mariage, etc. « Il faut une implication des parents. Ces derniers doivent bien préparer leurs filles à la vie universitaire », dira le conférencier. Le doctorant se félicite de ce que les habitudes changent progressivement : « Les chances, en matière d’accès à l’emploi par exemple, sont équitables ». Une pluie de questions de la part de l’assistance a davantage animé les discussions. Pendant ce temps une autre catégorie de femmes écumait les buvettes et bars-dancings de Ngaoundéré.

Salomon KANKILI 

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