Cameroun - Nigeria. Cameroun - Exactions de Boko Haram: Pourquoi Paul Biya doit s’adresser à la Nation

Jean François CHANNON | Le Messager Mercredi le 30 Juillet 2014 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Alors que Boko Haram continue de tuer en territoire camerounais, le silence du président de la République, garant constitutionnel de la sécurité des biens et des hommes au Cameroun, intrigue. N’est-il pas temps que le premier des Camerounais, sorte de son mutisme pour rassurer ses concitoyens qui ont de plus en plus peur de cette nébuleuse qui fait la guerre à leur pays?

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Alors que Boko Haram continue de tuer en territoire camerounais, le silence du président de la République, garant constitutionnel de la sécurité des biens et des hommes au Cameroun, intrigue. N’est-il pas temps que le premier des Camerounais, sorte de son mutisme pour rassurer ses concitoyens qui ont de plus en plus peur de cette nébuleuse qui fait la guerre à leur pays?

« C’est incroyable ! Ce qui est arrivé à Kolofata le week-end dernier est très, très grave. En fait, il s’agit d’un acte de guerre. Boko Haram fait la guerre au Cameroun, notre cher et beau pays. Des soldats camerounais ont été tués par des membres supposés de la secte Boko Haram, en territoire camerounais. Une citoyenne camerounaise, épouse d’une haute personnalité de la République, et un chef traditionnel élu et chef de l’exécutif d’une collectivité territoriale décentralisée sont actuellement otages de ces terroristes. Il s’agit là d’une succession d’actes de terrorisme meurtrier qui se veulent désormais quotidiens dans notre pays. Nous sommes donc tous en danger. Face à cet état de faits, une prise de parole du chef de l’Etat est nécessaire ».

Le sentiment de ce député de la nation, originaire du Septentrion, que Le Messager a contacté le week-end dernier, est partagé par beaucoup de nos concitoyens. La grande majorité des Camerounais ne supporte plus en fait que Boko Haram puisse continuer à dicter sa loi au Cameroun. La terreur meurtrière, qui s’illustre désormais par des crimes et des enlèvements qu’opère cette nébuleuse secte islamiste n’est plus acceptable. Du coup, beaucoup de Camerounais, notamment ceux qui vivent dans la région de l’Extrême-Nord ont complètement perdu le sommeil. Ceci parce qu’une secte qui n’a rien à voir avec le Cameroun dans ses soubassements, a décidé de semer la mort au pays de Paul Biya. Malgré le déploiement des forces de l’ordre (qui, il faut le souligner, se battent vigoureusement sur le terrain), et la mise sur pied d’une unité de commandement militaire spécialisé dans la lutte contre la grande criminalité ces dernières semaines, Boko Haram continue impunément ses incursions criminelles. Et comme pour narguer nos forces de défense et le pays tout entier, la secte en vient à tuer nos militaires, et faire des otages dans des familles des hautes personnalités de notre République. « C’en est de trop non ? », s’interroge notre élu du peuple originaire du Septentrion.


Paul Biya avait été averti…

Le moins que l’on puisse dire est que Paul Biya, président du Cameroun depuis 32 ans maintenant, homme d’Etat aux réseaux de renseignement performants, avait bien été averti des risques évidents d’installation de Boko Haram au Cameroun. Un haut cadre de la sécurité nationale, originaire du Grand Nord, aujourd’hui à la retraite, avait en effet envoyé au chef de l’Etat en début 2009, une note confidentielle pour l’informer des menaces de déstabilisation du Cameroun par la secte Boko Haram. Le haut fonctionnaire de police attirait l’attention du président de la République sur la présence déjà effective des adeptes de cette secte islamiste, notamment dans certaines mosquées de Garoua et de Maroua. Des noms des individus de nationalité camerounaise, qui étaient proches des membres de la secte Boko Haram, avaient même été indiqués dans cette note confidentielle adressée au président de la République, et dont les hauts responsables du Conseil national de la sécurité avaient eu vent. Difficile de savoir ce que cette note confidentielle avait alors suscité en son temps chez le chef de l’Etat et son entourage direct. Il reste en tout cas évident que tous ceux qui parlaient de Boko Haram au Cameroun à la fin des années 2000, n’avaient pas toujours la haute attention des hautes autorités de ce pays. La secte islamiste ne s’étant pas encore vraiment déclarée en territoire camerounais à cette époque-là. Il a fallu qu’une famille de touristes français soit enlevée dans la région de l’Extrême nord pour que les esprits en soient ébranlés. Et les actes d’enlèvements et de cruautés meurtrières mis sous le dos de la secte Boko Haram qui suivront au fil des jours finiront par édifier l’opinion publique nationale et internationale sur la présence effective (ou alors supposée) de la secte islamique au Cameroun.


Expliquer aux Camerounais

Bien qu’ayant mis tout en œuvre (selon l’information officielle) pour faire libérer les otages (pour la plupart étrangers) détenus par les membres de la secte, Paul Biya n’a pas encore pris la parole, en territoire camerounais, pour s’exprimer sur le sujet Boko Haram. On sait qu’il y a quelques mois, présent à Paris (France) lors du sommet sur la sécurité en Afrique centrale, sommet convoqué par l’actuel président français, François Hollande, le président du Cameroun dans un propos à la tonalité du reste assez pathétique, a déclaré ouvertement la guerre à la secte islamiste Boko Haram. Mais ce à quoi s’attendent toujours les Camerounais, est que, face à l’ampleur des actes terroristes et meurtriers mis sous le dos de Boko Haram en territoire camerounais, que leur président leur parle directement de ce grave sujet qui préoccupe de plus en plus leur vécu quotidien. Surtout que dans les hautes sphères du pouvoir des personnalités tels Cavaye Yeguié Djibril ont pris leur courage à deux mains pour s’exprimer publiquement, et indiquer sans nuances entre autres que les soutiens de Boko Haram au Cameroun sont connus. Terribles révélations qui ont troublé les hauts responsables des forces de défense qui, depuis, s’activent sur le terrain et sont surpris d’apprendre de la bouche du Président de l’Assemblée que les complices, mieux les acteurs de la secte Boko Haram sont identifiables.

Malgré cette grave révélation, jusque là, Paul Biya n’a pas osé prendre publiquement la parole pour s’adresser directement au peuple camerounais. Certains diront que le gouvernement, à travers son porte parole communique à chaque fois. Ou encore, que le porte-parole du ministère de la défense s’exprime dans les médias. Foutaise ! Car justement, une affaire aussi grave, qui porte sur des tueries des éléments de nos forces de défense, et de nombreux Camerounais (selon des chiffres à confirmer, et révélés par une Ong de droits de l’homme très actif dans le Septentrion du Cameroun, depuis 2010, Boko Haram aurait fait déjà plus de 200 morts), dépasse largement le cadre du gouvernement de la République. C’est le pays tout entier qui est attaqué. Aucun membre du gouvernement n’a de responsabilité constitutionnel sur la sécurité des Camerounais et de leurs biens, comme s’est engagé le président de la République.

Que le Président se taise, quand des Camerounais sont tués par une nébuleuse secte islamiste, qui a ses fondements hors du territoire national, est suffisamment troublant. Ailleurs, dans des pays sérieux, on parlerait même de haute trahison. En tant que chef suprême des Forces armées du Cameroun, un pays attaqué, le président, en rassurant ses concitoyens et l’armée qui vient une fois de plus de perdre des hommes, doit dire aux Camerounais quel est son plan exact, non seulement de lutte, mais aussi et surtout d’éradication totale de la secte Boko Haram au Cameroun. Il ne s’agit pas de dévoiler des secrets de défense. Loin s’en faut. Mais en chef d’Etat, de porter la voix qui rassure, face à la panique que créé dans notre pays Boko Haram. Voilà pourquoi on est en droit d’attendre une prise de parole de Paul Biya. S’il ne le fait, libre à lui. Beaucoup comprendront alors que le Cameroun malheureusement n’est plus vraiment gouverné.

Jean François CHANNON 

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