«Ce que dit le poussin dans la cour du village, c’est qu’il a entendu de la mère poule au nid ». Est-il possible qu’Aminatou Ahidjo puisse caqueter un message contraire à celui de Germaine Ahidjo sa génitrice ? Selon une source, « Malgré l’annonce des négociations entreprises par sa dernière fille Aminatou Ahidjo à Yaoundé, l’épouse du tout premier président du Cameroun maintient sa position au sujet du retour des restes de son époux ».

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Depuis quelques mois, une sciatique limite les déplacements de Germaine Habiba Ahidjo. A ses côtés se trouve Babette Ahidjo, sa première fille qui veille au grain. « Je n’ai pas envoyé ma fille à Yaoundé », a-t-elle dit à un journaliste. Mme Ahidjo reste ferme : « J’attends le décret présidentiel. Ahidjo n’appartient plus à sa famille. C’était un chef d’Etat. Vous croyez vraiment que je vais envoyer ma dernière fille aller négocier avec M. Biya? C’est impossible. Ça fait au moins 3 ans que nous n’avons pas de nouvelles d’Aminatou ». Mme Ahidjo n’a donc jamais envoyé sa fille à Yaoundé. Pour l’ex-première dame, la visite de sa benjamine est un acte indépendant et isolé: «Ma dernière fille ne parle pas au nom de la famille». Elle s’est confiée à ce sujet à Agnès Taïlé, envoyée spéciale à Dakar du journal Le Septentrion. Ainsi se fissure le plan du pouvoir de rallier la fille Ahidjo aux idéaux du Rdpc. Une hirondelle ne fera pas le printemps. La démarche solitaire de la cadette Ahidjo était visiblement destinée a colmater les brèches profondément creusées dans le tissu sociopolitique de la Bénoué, ou le traitement infligé à Marafa, puis à Iya Mohammed, puis dans un autre registre et on l’oublie trop souvent, le sort réservé a l’ex-Premier ministre Sadou Hayatou, ne sont pas de nature à redorer le blason présidentiel dans une région où, quoi qu’on en dise, le souvenir de Ahidjo demeure vivace chez les quadras et les quinquas.

L’enjeu de l’enrôlement de la petite Ahidjo en rupture familiale depuis trois ans ? Pour le pouvoir, il s’agit de se refaire une virginité en réchauffant les tractations qui tournent autour du retour des restes du président Ahidjo. « Germaine Habiba Ahidjo dénonce le manque de volonté politique précisément celle de Paul Biya. Il y a longtemps qu’Ahidjo serait enterré au Cameroun. Biya n’a jamais tenu sa parole » dit-elle a madame Taïlé. Le président tiendra-t-il parole maintenant avec Aminatou Ahidjo? Rien n’est moins sûr: « J’ai dit à mes enfants que même après ma mort, qu’ils veillent à ce que la mémoire de leur père soit honorée », maintient-elle. Dans ce combat inhumain de veuve solitaire, Il ne reste à la vieille dame que Babette Ahidjo, sa fille ainée.


Récompense

Aminatou Ahidjo qui est passée de l’autre côté avec armes et bagages affirme: «Je m'aligne derrière le Chef de l'Etat». A 82 ans et une sciatique, Germaine tiendra- t-elle le coup dans ce qui s’apparente à une trahison ? Le pouvoir a-t-il choisi le bon cheval dans cette succession de manipulations ? Le fils ainé de Ahidjo s’est mouillé jusqu’au cou sans que les lignes du conflit Biya-Ahidjo changent d’un iota : maire de Garoua ? Député à l’Assemblée nationale, chargé de mission à la présidence, Pca de l’hôtel Sawa… et voici que la fille Ahidjo arrive tout sourire avec un document en toc pour appuyer officiellement la campagne électorale bientôt en cours, pratiquement sans aucune garantie de ses commanditaires. Selon le politologue Owona Nguini, « il n'y a pas que l'appareil du Rdpc qui fait preuve de calcul dans cette affaire. Mme Aminatou Ahidjo, elle-même, joue de son patronyme pour essayer de négocier une position au sein du Rdpc. Cela peut aller plus loin que la seule adhésion à cette formation par une éventuelle récompense telle qu'une éventuelle entrée au gouvernement.» C’est donc un marché de dupes, un de plus autour de la dépouille de l’ancien chef de l’Etat dont la mémoire est exploitée sans vergogne.

 

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