Cameroun - Economie. Cameroun - Dépenses publiques: Les bizarreries des projets de 2014

Ludovic Amara | La Météo Mardi le 21 Janvier 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Certaines lignes du Journal des projets 2014 laissent quelque peu baba du cortex.

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Un vox-pop, réalisé le 07 janvier par une radio émettant de Yaoundé, révèle que les Camerounais, dans leur grande majorité, ne sont pas au parfum des projets à réaliser (près de) chez eux. Pis, une quantité non négligeable ne sait pas qu'il existe un Journal des projets, censé, selon le ministère de l'Economie, de la Planification et l'Aménagement du territoire (Minepat), «permettre aux populations de s'approprier l'action du gouvernement, en vue de promouvoir le contrôle citoyen de l'exécution des différents projets d'investissements publics».

Et pourtant, cet ensemble de projets détaillés existe bel et bien dans un document qui vient d'ailleurs d'être rendu public par l'administration citée supra. On s'interroge cependant sur la pertinence de certaines dépenses relevant du Budget d'investissement public (Bip) de cette année. Au rang de ces bizarreries, on cite par exemple celle liée à la délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn), qui, au chapitre du «renforcement des capacités dans la recherche du renseignement spécialisé» dans la région du Centre, va consacrer toute une ligne de crédit à la «construction mât de drapeau du commissariat spécial d’Akono». Les couleurs nationales sont certes importantes, mais en quoi constituent-elles un élément essentiel de la collecte de l'information, tel que libellé dans le Journal des projets 2014?

De même, on reste dubitatif quant à la «redynamisation des opérations de police répressive» dans la Région du Nord, qui passe par la «construction d'un bloc latrines au commissariat du 5e arrondissement de Garoua». Pour le compte du ministère de la Défense, il est prévu, dans la Région du Centre et dans le cadre du «renforcement des moyens de défense terrestre», la «réfection et l'aménagement de la clôture du domicile du commandant de la Brigade du quartier général», ainsi que «l'acquisition du matériel de sonorisation pour la compagnie principale de musique des armées». Interprétation: il était plus urgent, pour nos valeureuses forces de défense, de combattre les rebelles centrafricains en ré-mineur...

Autre étrangeté, et non des moindres, en sports cette fois-ci. On a encore jugé bon de pomper du fric pour le même gymnase de l'Omnisports de Yaoundé. Le ministère des Sports et de l'Education physique (Minsep) va en effet, pour la énième fois, accorder en 2014, des crédits pour la construction de cette infrastructure. L'édifice, en chantier depuis mars 2011, devait pourtant être livré en octobre de la même année.

Pendant que ce tonneau des Danaïdes continue de retenir l'attention du Minsep, d'autres régions brillent par leur manque d'infrastructures du même type. Le Minsep n'a en effet, rien prévu cette année pour le Nord, l'Adamaoua ou encore le Sud.

Dépenses de complaisance. Le Minepat précise pourtant, dans le document, qu'en «matière de dépenses publiques, la priorité sera-t-elle accordée à la lutte contre la pauvreté et la vie chère, à travers une plus grande allocation des ressources du budget d'investissement aux secteurs inducteurs de croissance». Une recommandation que beau-coup de ministères renvoient aux calendes grecques, préférant plutôt massivement affecter leur Bip à «l'acquisition du matériel de bureau» et autres «travaux de construction ou de réhabilitation» de leurs délégations départementales, bien loin des objectifs d'amélioration des conditions de vie des populations.

Les ministères de la Promotion de la femme et de la famille, de la Jeunesse et de l'Education civique, des Mines, de l'Industrie et du Développement technologique, de la Communication ou encore de Fonction publique et de la Réforme administrative, semblent en avoir volontairement fait leur feuille de route, tant ces domaines périphériques fleurissent à foison dans leur programmation.

D'autres administrations par contre, ont inscrit l'utilisation des ressources mises à leur disposition pour les besoins «d'infrastructures de la production», afin de mieux apprécier leur «impact sur le développement et la satisfaction des populations» tel que prescrit par le Minepat, Emmanuel Nganou Djoumessi. C'est le cas, par exemple, de l'Education de base ou encore des Enseignements secondaires, dont l'essentiel du Bip est consacré à la construction et à l'équipement des infrastructures scolaires, le plus souvent dans des zones reculées. Idem pour les Travaux publics et le Commerce. Le premier s'investit dans le développement du réseau routier, principalement la «réhabilitation des routes rurales» à laquelle il consacre une partie importante de son Bip. L'autre accorde la priorité à la construction de marchés de proximité.


C'est aussi le cas notable du ministère de l'Eau et l'Energie, en ce qui concerne l'amélioration de la déserte en eau potable et les travaux d'électrification de zones rurales. Tout ceci n'occulte pour autant pas un fait: le Bip, au Cameroun, reste mal utilisé, quand il n'est pas sous-utilisé. Le Journal des projets 2014 révèle que les 1000 milliards FCFA vont encore servir à bien de choses, mais difficilement au bien-être des Camerounais. 

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