Cameroun - Centrafrique. Cameroun - Chronique: La guerre centrafricaine aux portes du Cameroun

Dobell | Le Messager Vendredi le 23 Aout 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Des soldats de la Séléka centrafricaine en « expédition punitive victorieuse » en terre camerounaise. Bilan : l’officier de police de 2ème grade Ngando Dallè assassiné dans ses toilettes, criblé de balles, selon les témoins.

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Des soldats de la Séléka centrafricaine en « expédition punitive victorieuse » en terre camerounaise. Bilan : l’officier de police de 2ème grade Ngando Dallè assassiné dans ses toilettes, criblé de balles, selon les témoins. La nouvelle est parvenue dans les salles de rédaction mardi 20 août, provoquant émotion, colère et rage. L’O.P. Ngando Dalle a été froidement abattu par ses agresseurs de la soldatesque centrafricaine vers 22 heures. Parmi ceux-ci, un lieutenant de la horde de la Séléka qui s’était déjà illustré depuis l’après-midi dans un bar où il bousculait tous les Camerounais. Dans son ivresse, ce pied-plat de Djotodia aurait perdu son badge qu’il réclamait à hue et à dia à tous ceux qui étaient présents sur les lieux.

Ce crime ne vient qu’allonger une série dont les Camerounais sont victimes depuis que des fous de guerre se succèdent au pouvoir dans ce pays voisin. Ce genre d’incident n’est pas nouveau. Depuis que certains de nos voisins se sont installés dans un cycle infernal, ils n’ont cessé de perpétrer ce genre d’agression dans nos villages frontaliers sans une riposte musclée, même sur le plan diplomatique des responsables camerounais. Au nom des relations de bon voisinage dont le Cameroun a le monopole dans la sous-région. Depuis que Déya Djotodia, alias Michel, a renversé François Bozizé, l’autre chef de guerre, les villages camerounais de la frontière avec la Rca sont littéralement harcelés par les éléments de la Séléka souvent en goguette.

En septembre 2012, alors que les insurgés centrafricains préparaient l’invasion du pays, un poste camerounais de gendarmerie près de Garoua Boulaï a été attaqué et un fonctionnaire des impôts abattu. Au mois de mars de l’année en cours, lors de l’assaut final qui a entraîné la chute de François Bozizé, le poste frontalier camerounais de Kenzou a essuyé le feu nourri des insurgés. Un policier camerounais a été pris en otage lors de cette autre agression, puis libéré après de longues et âpres négociations. On n’oublie pas qu’en 2011, François Bozizé étant encore au pouvoir, des militaires centrafricains sont entrés en force en territoire camerounais, brûlant le drapeau et l’effigie du président Biya sous le fallacieux prétexte de réclamer l’un des leurs détenu à Garoua Boulaï.On n’oublie pas non plus l’humiliation que François Bozizé en personne a fait subir à l’un de nos illustres commis de l’Etat, Antoine Ntsimi, alors président de la Commission de la Cemac à l’aéroport de Bangui-Mpoko.
Curieusement, à tous ces coups qui jurent avec les pratiques de bon voisinage et diplomatiques les plus élémentaires, Yaoundé, n’use pas de la réciprocité, quelles que soient les circonstances pour amener les autorités de Bangui à discipliner, mieux à maîtriser leurs chiens errants.Pas de convocation de l’ambassadeur centrafricain pour lui signifier la rancœur des Camerounais, ni le rappel de celui du Cameroun à Bangui « pour consultation » comme cela se passe ailleurs, dans des circonstances moins dramatiques que celles dans lesquelles nos compatriotes sont sacrifiés comme des agneaux expiatoires sur l’autel des relations de bon voisinage.

Il n’est pas question pour moi de voir le paisible baigneur de la légende sortir de l’eau en tenue d’Adam, courir après le fou qui a ramassé ses habits. Mais si les autorités centrafricaines estiment qu’elles sont à la tête d’un Etat moderne aux usages politiques et diplomatiques répondant aux normes de la civilisation, ils ont intérêt à se donner des méthodes et manières de personnes recommandables.

Vous avez dit « Etat néant » ? Ainsi présentait-on le Tchad à l’aube des années 80. La Rca, 30 ans après, on ne saurait la décrire. On n’en parle plus qu’à travers ses bandes armées, sa décrépitude. Les chefs de guerre qui font la loi à Bangui ont réussi l’exploit de ressusciter dans les esprits un certain Jean-Bedel Bokassa, empereur de Bobangui qui fut la risée de la planète. Ses compatriotes qui ont vécu sous sa férule reconnaissent qu’au moins en son temps, on traçait des routes, on construisait des bâtiments et on mangeait trois fois par jour. Dans la Rca d’aujourd’hui, l’espérance de vie recule d’année en année, au point d’être passée au dessous de la barre des 40 ans, selon certaines sources. Tout comme les exactions des hordes de la Séléka font de l’ère Bozizé une période de paix relative. Ce pays n’est plus qu’un cancer en phase terminale avec ses nouveaux maîtres. François Bozizé, l’ex-homme fort de Centrafrique décrit la Séléka comme « une collection de petits chefs qui se disputent » les morceaux d’un pays en lambeaux. L’ancien chef de guerre qui a sans doute le mérite de bien connaître son pays met en garde les autres chefs d’Etat de la région. Dans les interviews qu’il a donnés récemment aux médias de la place parisienne dont Rfi et Jeune Afrique il a dit : « le problème est qu’en me déstabilisant, ils ont joué avec le feu. L’anarchie qui règne aujourd’hui dans mon pays et son islamisation rampante en font une bombe à retardement qui les menace tous ». Ce qui se passe à l’Est du Cameroun ne confirme-t-il pas le message prémonitoire de François Bozizé ?

Pour nos confrères de Jeune Afrique « l’insécurité qui règne sur une grande partie du territoire centrafricain a créé un appel d’air dans lequel s’engouffrent les pilleurs de toute la région – y compris les pires : Djandjawids soudanais et tueurs ougandais de Joseph Kony… » Ceux qui ont semé la razzia des éléphants dans le parc de Boumbanjida venaient du Soudan. Le lieutenant Assan et ses acolytes qui viennent d’assassiner l’officier de police Ngando Dallè à Toktoyo s’exprimaient en soudanais comme la plupart de leurs compagnons qui écument les villages frontaliers de la région de l’Est. Certes « pas de guerre à l’Est » comme le dit le gouverneur Samuel Dieudonné Ivaha Diboua. Mais sait-on jamais ? «La fermeture de la frontière est certes une mesure conservatoire. Mais qui veut la paix, prépare la guerre ». C’est bien connu des Etats.

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