Cameroun - Corruption. Cameroun - Affaire Essimi Menye: Le camouflet présidentiel à M. Laurent Esso

Arthur L. Mbyé | Repères Jeudi le 21 Novembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
M. Biya a opposé son refus aux requêtes du Minjustice visant à enclencher des poursuites judiciaires contre le ministre de l'Agriculture et du Développement rural.

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Les sources de "Repères" se veulent formelles: le Président de la République a mis un coup d'arrêt au projet de mise en examen de M. Essimi Menye. M. Paul Biya a piqué une colère lorsqu'il a reçu une énième requête du ministre d'Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux (Minjustice) sollicitant l'autorisation présidentielle pour enclencher des poursuites judiciaires contre le ministre de l'Agriculture et du Développement rural (Minader).

D'après les mêmes sources, le Minjustice en était à sa troisième tentative de convaincre le Chef de l'Etat, lorsqu'il a eu le don de provoquer l'ire présidentielle. Des indiscrétions recueillies à la présidence de la république laissent entendre que M. Laurent Esso a cru devoir revenir à la charge «sans qu'aucun élément nouveau ou accablant n'ait alourdi le cas Essimi Menye pour pouvoir justifier sa démarche».

Un fin connaisseur des dossiers et des coulisses du palais de l'unité rapporte sous anonymat que M. Laurent Esso a au moins fait montre d'une obsession à se faire payer la tête de son collègue. La présidence de la République s'en serait d'ailleurs rendu compte à travers ce que d'aucuns considèrent comme l'instrumentalisation de la Commission nationale anti-corruption (Conac).

La dérive résiderait au niveau de la violation des procédures. Saisi au même moment que le ministère de la Justice sur des actes de corruption présumée de l'ex-ministre des Finances à travers des dénonciations anonymes, la Conac s'est empressée de recommander au Tribunal criminel spécial (Tcs) d'ouvrir une procédure judiciaire contre l'intéressé du fait de la gravité des faits allégués.

Pourtant, au sein de l'institution que préside M. Massy Ngams, des sources internes s'indignent du traitement arbitraire du «dossier Essimi Menye». En dépit de sa sensibilité, le dossier n'a pas fait l'objet d'une quelconque enquête avant d'être transmis au Tcs. Toujours est-il que le procureur général du Tcs s'en serait à son tour ouvert à la chancellerie.

L'affaire Essimi Menye prend forme au mois d'avril 2013. Une curieuse note confidentielle de deux pages ficelée par des mains obscures formule des accusations de «détournement de deniers publics à la Trésorerie générale de Douala» contre M. Essimi Menye. Les faits remontent du temps où il était ministre des Finances. «La structure a fait au cours de ces dernières années, l'objet d'importants détournements de fonds publics, dont le montant avoisinerait 5 milliards de FCFA», renseigne le rap¬port dont la presse se fera l'écho au mois d'août 2013.

La note accusatrice fait par ailleurs état de ce que «pour la période allant de 2008 à 2010 ... les déficits dûment constatés se chiffrent à plus de 3, 6 milliards FCFA». En fin de compte, les actes de détournement et d'enrichissement illicite présumés imputés à l'ex-ministre des Finances sont chiffrés à 19 Milliards FCFA.

C'est suite à cette note confidentielle introduite dans son département ministériel en date du 26 mars 2013 que M. Laurent Esso a saisi le Président de la République. Même s'il s’en réfère aux très hautes instructions du Président de la République, l'objet de la correspondance du Minjustice est alors sans équivoque: obtenir le visa du Chef de l'Etat pour ouvrir une information judiciaire contre M. Essimi Menye.

Ayant sans doute reçu la bonne information par d'autres sources, le Président a alors demandé au Minjustice de surseoir à son projet. Dans les couloirs de ce département ministériel, il n'est pas rare d'entendre que M. Laurent Esso, soupçonné d'acharnement judiciaire contre son collègue du gouvernement, a été désavoué par le Chef de l'Etat dans «l'affaire Essimi Menye».

Le ministre Essimi Menye ne donne pas l'impression d'être affecté par l'actualité autour de sa personne. Il a beau ne pas recevoir les journalistes ni les prendre au téléphone, devant des proches; il affirme ne pas être concerné par tout ce qui se dit contre lui dans la presse. Il est même disposé à déférer à une convocation de la Justice, soutient son entourage. 

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