Cameroun - Nécrologie. Cameroun - A Mfou: La famille d’Ateba Eyené inconsolable - A Kribi, on porte le deuil

Le Messager Lundi le 24 Février 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La nouvelle du décès de l’écrivain et critique est tombée comme un couperet vendredi dernier dans la soirée dans la ville de Mfou où il résidait.

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La nouvelle du décès de l’écrivain et critique est tombée comme un couperet vendredi dernier dans la soirée dans la ville de Mfou où il résidait.

Charles Ateba Eyené n’est plus. Les Camerounais habitués à écouter cet écrivain dans les émissions radio et télé commencent à réaliser que son décès n’est pas une rumeur mais une triste réalité. Ce natif du département de l’Océan à la plume acérée et à l’éloquence soutenue, ne servira plus ses positions très connues du public camerounais, regrettent ses voisins et tous ceux qui l’ont connu. Auteur d’un grand nombre d’ouvrages relatifs aux questions sociopolitiques dont « Marketing et Communication politiques » et « Le mouvement sportif camerounais pris en otage par des braconniers », il laisse une bibliothèque très fournie à la postérité, au regard de ses publications. Ce dernier est intervenu plusieurs fois aux antennes de radios sur des sujets épineux de la société camerounaise avec un franc parlé qui frisait quelquefois l’insolence. Considéré par une certaine opinion comme celui qui « dit tout haut ce que l’on pense tout bas », sa disparition créé un grand vide au sein du paysage médiatique camerounais.

Du côté de la famille d’Ateba Eyene, la douleur est grande. Les enfants du défunt revivent cette situation comme la rediffusion d’un film tragique. Il y’a quelques années, plus précisément en 2009, l’épouse de l’écrivain est passée de vie à trépas. Les voici orphelins de père et de mère. Ils essayent de garder bonne mine devant les visiteurs et le reste de la famille. Mais, le cœur n’y est pas, c’est une façade pour masquer la tristesse et le vide affectif qui se fait ressentir au fil des heures. Leur père ne reviendra pas ce soir ni les autres soirs. Le domicile du défunt situé à Mfou à 22 kilomètres de la capitale a déjà revêtu ses habits de deuil.

Un calme qui ne laisse aucune équivoque règne au sein de la demeure, ce 22 février 2014. Une musique religieuse de circonstance anime la maisonnée et les visiteurs de ce mauvais jour. De jeunes garçons sont en pleine discussion à l’entrée du domicile mais on observe leur vigilance lorsqu’un inconnu s’approche de la maison du disparu. Des regards interrogateurs qui en disent long sur la méfiance de certains proches du défunt. On dirait que certaines personnes ne sont pas les bienvenues dans ce lieu de deuil, il faut donc s’assurer de la relation ou du lien de l’inconnu avec le critique qui quitte la scène.
Les amis et curieux défilent depuis vendredi soir, certains viennent pour confirmer le décès de ce jeune et redoutable polémiste, d’autres pour s’informer des circonstances de sa mort et d’un éventuel programme des obsèques.

Sur place, ils apprennent que la dépouille d’Ateba Eyene est gardée à la morgue de l’hôpital Général de Yaoundé. Ce, après un internement au Centre hospitalier universitaire (Chu), indiquent ses neveux éplorés. D’après ceux-ci, il aurait succombé à une infection pulmonaire doublée d’une insuffisance rénale. Les amis venus assister la famille éprouvée n’en croient pas leurs oreilles. Ils ont encore l’image d’un homme vif et enthousiaste, qui ne manquait pas de mots. Ces derniers déplorent la perte d’un homme digne de ce nom. C’est bien vrai, il n’y aura pas d’autres Charles Ateba Eyene, il était l’unique et il emporte cette singularité avec lui au séjour des morts.

Vanessa TSANGA (Correspondance particulière)




Abattus…
A Kribi, on porte le deuil


Selon des habitants de la cité balnéaire, le pouvoir aurait décidé d’en finir avec ce fils du Sud qui dérangeait par ses sorties médiatiques et ses productions littéraires.

Depuis le décès de Charles Atéba Eyene, dans la soirée du 21 février 2014, les populations du département de l’Océan dont il était originaire sont en émoi. Samedi 22 février, la ville de Kribi s’est réveillée d’une nuit difficile. Dans la matinée, plus personne ne reste incrédule au sujet du décès de l’un des hommes les plus médiatiques et les plus médiatisés du pays. L’un des plus populaires aussi. « Atéba Eyene est mort. Que son âme repose en paix », se borne à avancer, amer, un boutiquier de la gare routière. La résignation est là. La désolation ainsi que la frustration. C’est que l’homme avait réussi à s’imposer au sein du peuple comme « la voix des sans voix ». Et cela se ressentait encore plus à travers tout le département.

Mais, la mort brusque de Charles Atéba Eyene suscite dans la ville balnéaire beaucoup de commentaires. Aussi farfelus qu’elles puissent paraître, les réactions des nombreuses personnes approchées par Le messager laissent transparaitre que les Kribiens pensent à une liquidation d’un de leurs « meilleurs atouts ». Un moto-taximan y va sans ambages : « Atéba Eyene ne pouvait pas mourir comme ça. Il était plein de vie, de vitalité. On l’a liquidé ». Il résume ainsi la thèse la plus courue dans cette ville : le pouvoir aurait tué le jeune homme. « Il dérangeait par ses interventions. Tout ce qu’il disait était contre les dirigeants qui ont mis notre pays à genoux. Raisons pour lesquelles on l’a tué », croit savoir Jean Luc, un restaurateur.

Un cap dangereux

En fait, à Kribi, l’homme de la rue indexe le régime de Biya qui, à travers ses sbires, aurait décidé de mettre fin au séjour terrestre de Charles Atéba Eyene. Ses prises de position, aussi bien dans les médias que dans les nombreux livres qu’il a produits, lui auraient finalement coûté la vie. « Cela ne m’étonne pas en tout cas, dans la mesure où, ces derniers temps, il avait franchi un cap dangereux en indexant nommément certains pontes du régime, des personnes hautement placées dans le sérail. Et cela, même jusqu’au président de la République qu’il avait également commencé à interpeller », analyse Giscard Mansé, un enseignant installé ici depuis seulement trois ans.

Dans tous les cas, à Kribi et à travers tout le pays peu de personnes doutent qu’il s’agisse d’une « mort naturelle». La majorité de la population refuse de penser à une quelconque maladie qui aurait si brusquement et si rapidement emporté Charles Atéba Eyene. Dans le gotha politique de l’Océan, l’on appréciait – sous cape bien sûr – ses prises de position virulentes. Notamment envers le régime est ses nombreuses tares, mais surtout parce qu’il ne manquait jamais une occasion de mettre en avant les déboires de la région du Sud et principalement du département qui l’a vu naître. Aussi, s’émeut-on tout simplement de la disparition de cette valeur montante qui s’est éteinte à la fleur de l’âge. Personne ne veut, au sein de l’élite politique, faire d’autres commentaires. Mais, le citoyen lambda de Kribi reste convaincu que le sérail a dit à Charles Atéba Eyene : «Va et laisse-nous en paix».

Alain NOAH AWANA
Envoyé spécial à Kribi 

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