Cameroun - Santé. Cameroun : les ravages de l ' «Odontol», une boisson alcoolisée interdite mais… tolérée par les autorités

APA Mercredi le 16 Novembre 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le préfet du département camerounais du Haut-Nyong (Est), Mboke Godlive Ntua, a ordonné la saisie sur les lieux du drame de tous les stocks d’«Odontol», appelé «whisky du pauvre», au lendemain de la mort de 21 personnes ayant ingurgité cet alcool frelaté dans la localité de Mindourou.

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L’autorité préfectorale a aussi décidé de dresser une barrière de contrôle dans la zone en vue de prévenir toute tentative de fabrication, de circulation, de vente ou de consommation de cet «africa gin».

Ces mesures risquent pourtant d’être difficiles à appliquer, selon des sources locales, dans une région où la majorité des populations ne jurent que par l’«Odontol», du nom d’un dentifrice brièvement apparu sur le marché camerounais au début des années 90.

En effet, malgré les décès fréquents et souvent et grand nombre de consommateurs, cet alambic continue d’avoir le vent en poupe, en ville comme en zone rurale, particulièrement dans les régions du Centre, de l’Est et du Sud.

Ainsi, à la suite de la mort d’une vingtaine de personnes victimes de l’«Odontol» à Yaoundé, la capitale du pays, entre novembre et décembre 1997, le gouvernement avait décidé de son interdiction pure et simple sur toute l'étendue du territoire, au même titre que d’autres boissons artisanales telles que le «Bili-bili», le «Fofo» ou encore le «Kpata».

Force est pourtant de constater que ces liquides fortement alcoolisés se vendent et se consomment parfois sur les trottoirs des grandes métropoles.

Selon quelques consommateurs interrogés par APA à Etam Bafia, un quartier populeux de Yaoundé, l’attirance pour ces boissons indigènes, autant que le whisky en sachet, tient d’abord à leur faible prix.

«Alors qu’une bouteille de bière coûtera entre 600 et 800 FCFA, ici, il suffit d’une pièce de 100 FCFA pour accéder à l’alcool», explique Dieudonné Messing, gardien de prison à la retraite, qui a ses habitudes dans les points de vente de l’«Odontol» et qui, en plus, met en avant le fait que ce commerce nourrit de nombreuses familles à travers le Cameroun.

De plus, selon Jeanne E., autre consommatrice, ici, pas besoin de bouteilles entières pour accéder à l’euphorie que procure l’alcool, quelques verres pouvant suffire.

Pour le sociologue Valentin Nga Ndongo, auteur d'un mémoire sur «l'ethnosociologie du bar à Yaoundé», l'«Odontol» peut être considéré comme «la traduction de la précarité ambiante», ce phénomène étant à rapprocher de la situation économique que vit le Cameroun.

Selon lui, il y a nécessité urgente d’une éducation et d’une politique économique pouvant déboucher sur la récupération de ces breuvages mortels par les pouvoirs publics.
 

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