Cameroun - Nigeria. Cameroun : éloigner le syndrome du Nord-Mali

GUIBAÏ GATAMA | L’Oeil du Sahel Mercredi le 08 Janvier 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les succès du gouvernement camerounais dans la libération des otages laissent toutefois dubitatifs certains observateurs.

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Ils s’interrogent sur la stratégie du gouvernement et craignent que ne se développe à ses frontières le syndrome du Nord du Mali. «Tout est en place pour le développement d’une industrie des otages dans les régions frontalières avec le Nigeria et le Tchad.

L’appétit des intermédiaires, la gloire et la récompense des négociateurs, les bonnes affaires de la secte... La rapidité avec laquelle les otages sont libérés est plutôt un mauvais signe, un très mauvais signe car elle témoigne avant tout de la solidité d’un système en place, désormais bien huilé. Le marché des otages dans cette partie du pays est promoteur, car le retour sur investissement est le plus intéressant actuellement et il va continuer à attirer du monde», analyse un chef traditionnel local.

En réalité, si rien n’est fait, si des filières qui se mettent en place sous le regard des autorités ne sont pas rapidement démantelées, les intérêts qui se tissent autour de cette juteuse affaire vont conduire à l’accélération des enlèvements dans les régions septentrionales et même au-delà. A terme, les acteurs de cette filière seront capables de prendre de gros risques et monter des opérations de kidnapping des occidentaux n’importe où au Cameroun pour les revendre par la suite à la secte Boko Haram, laquelle dispose désormais d’une expérience dans le domaine des otages.

Or le disque est connu : plus il y a de l’argent, plus il y a d’armes sophistiquées ; plus il y a une meilleure organisation des criminels, plus le risque de la fragilisation de l’Etat est grand…

Le gouvernement doit donc s’engager dans une course contre la montre. Le temps presse parce que Boko Haram, telle une mafia, est entrain d’installer son emprise sur cette partie du pays. Elle règle ses comptes en plein jour comme pour passer des messages. A Kousseri, à Amchidé, à Fotokol, elle a exécuté ses anciens membres qui ont déserté, ceux qu’elle a soupçonné d’avoir trahi la cause, ceux qui n’ont pas respecté leur contrat… Elle contraint au quotidien de nombreuses personnes à travailler pour elle, sous la menace. Le transport d’armes, l’hébergement de ses cadres, les soins aux blessés impliquent des locaux.

Petit à petit, elle sème la peur dans les esprits, impose sa puissance en essayant de reléguer au second plan celle de l’Etat. Sa punition est sans appel. En bisbilles avec la secte, Abdallah, un des intermédiaires de la négociation ayant conduit à la libération de la famille Moulin-Fournier, avait été contraint de quitter pour un temps la ville camerounaise d’Amchidé où il était pourtant installé. Et quand un de ses protégés, le dénommé Abba, a voulu en savoir davantage sur les négociations en cours sur la libération du prêtre, il a été tout simplement retrouvé mort, criblé de balles à deux kilomètres de Achigachia en territoire nigérian.

Rien ne justifie le silence devant le danger qui nous guette. Pour éviter que la spirale de la prise des otages ne s’installe dans la durée, les pouvoirs publics camerounais n’ont plus d’autre choix que de renforcer la confiance avec les populations installées dans les zones frontalières pour contrôler et neutraliser leur développement sur le territoire national. C’est ainsi que la présence de Boko Haram sur le territoire camerounais sera maîtrisée et que la prise des otages va devenir plus difficile. Pour éloigner le syndrome du Nord-Mali.

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