Cameroun - Insécurité. Cameroun : Vol massif des dossiers à la Fonction publique

Beaugas-Orain Djoyum | Le Jour Mercredi le 16 Février 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les bandits recherchaient les timbres à recycler. Sur fond de colère, des centaines de jeunes fonctionnaires sans salaires complètent leurs dossiers.

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Depuis le 28 janvier 2011, des centaines de jeunes fonctionnaires font la queue au ministère de la Fonction publique pour compléter leurs dossiers d’intégration. Ils ont été appelés par le ministre de la Fonction publique, Emmanuel Bonde, à travers des communiqués. Tout simplement parce que dans les dossiers de ces fonctionnaires, des personnes sont venues substituer certaines pièces.

Pour les raisons que vous comprenez, nous allons l’appeler Nestor. Jeune fonctionnaire, il est venu à Yaoundé la semaine dernière pour la troisième fois consécutive refaire son dossier d’intégration à la Fonction publique. Nouvellement recruté comme cadre d’appui au ministère de l’Energie et de l’Eau, Nestor est affecté le 11 mai 2010 dans la région du Nord-Ouest. C’est le début d’un calvaire qui le ramènera à Yaoundé deux fois pour compléter son dossier qu’il avait pourtant finalisé avant son départ pour Bamenda.

Nestor ne peut s’imaginer comment on peut entrer dans un ministère soutirer des pièces dans son dossier et dans celui des autres. « Le premier constat que j’ai fait quand on m’a appelé pour venir compléter mon dossier  d’intégration, c’est que, toutes les fois,  les pièces qui comportaient les timbres avaient disparu », affirme Nestor. Une observation faite par la quasi-totalité des plaignants qui ont vu des documents disparaître de leurs dossiers. Comme Agnès Assaba, infirmière principale affectée à l’hôpital de district de Bandjoun en septembre 2009, qui vient pour la première fois à Yaoundé compléter son dossier.

Dans un dossier d’intégration, il y a cinq documents sur lesquels on appose un timbre fiscal de 1 000 francs Cfa. L’acte de naissance certifié ; l’attestation de présentation de l’original du diplôme ; le bulletin médical ; deux demandes timbrées ; un extrait de casier judiciaire. Au total, cinq timbres, cinq mille francs Cfa. Une aubaine pour les bandits s’ils épient des centaines de dossiers. « La seule pièce que j’ai retrouvée dans mon dossier toutes les fois que je me suis rendu au Minfopra, c’était mon acte de naissance, car il y avait un timbre en cachet qu’on ne pouvait enlever », confie Nestor.

Timbres perforés
Les explications de la plupart des jeunes fonctionnaires sont de prime abord incroyable. Mais très probables, de l’avis de certains cadres de la Fonction publique. Des personnes avisées, parfois avec la complicité des cadres du ministère, viennent soutirer toutes les pièces qui comportent des timbres dans les dossiers. Ils vont tremper ces documents dans de l’eau afin que les timbres se décollent des papiers, que l’encre du cachet apposée dessus disparaisse. Ensuite, le timbre est récupéré, séché et revendu aux fonctionnaires aux portes des bâtiments publics comme le Minfopra.

Les voleurs s’infiltrent aux moments les plus insoupçonnés. En 2010, on a enregistré deux cas de vol massif des documents au Minfopra. A la cellule de la communication, on n’est pas du tout fixé sur le pourquoi de ces vols. « Il y a quelque chose qu’on n’arrive pas à comprendre », confie un cadre. « Au départ, explique-t-il, nous avions effectivement cru que la cible était les timbres. Mais, après ce constat, le ministre a demandé que l’on perfore tous les timbres apposés sur les documents. Ce qu’on fait actuellement, car tous ceux qui reçoivent les dossiers timbrés disposent des perforateurs. Mais, même après la perforation, nous avons encore enregistré des vols ».

Un phénomène décrié par Emmanuel Bonde, le ministre, dans son récent discours lors de la présentation des vœux de l’année 2011. « Au cours de l’année écoulée, le Minfopra a été la cible de nombreux coups de vols et d’actions de vandalisme. Ceux-ci ont créé inéluctablement des désagréments tant chez les personnels que chez nos usagers/clients et ont mis en évidence les failles de notre système de sécurité, failles qu’il convient impérativement de combler », a-t-il déclaré le 28 janvier 2011.
Pendant ce temps, ce sont les jeunes fonctionnaires sans salaires qui subissent. Obligés de revenir à Yaoundé plusieurs fois, sans moyens. Car pour que l’étude et la vérification des dossiers aboutisse au premier salaire, il faut attendre au minimum deux ans. Ajouté à cela, les caprices de certains fonctionnaires du Minfopra qui retiennent délibérément les dossiers et arnaquent les usagers comme le constate le ministre lui-même.

Pour l’instant, les mesures de sécurité ont été renforcées au Minfopra. Si ici on ne veut pas dévoiler la stratégie de lutte contre ces vols, on remarque que même les fonctionnaires du Minfopra sont interdits de circuler entre les étages, notamment aux premier et deuxième étages où les vols ont été perpétrés.
 

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