Présidentielle 2011. Cameroun : Un dispositif sécuritaire musclé pour contrer un éventuel soulèvement à Bafoussam

Blaise Nzupiap Nwafo | La Nouvelle Expression Mercredi le 09 Février 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
A côté des motions de soutien qui sont diffusées sur les antennes de la Crtv Ouest, des « milices » et les forces de maintien de l’ordre sont mobilisées depuis hier soir pour barrer la voie aux « révolutionnaires ». Depuis lundi, les éléments de la sécurité publique de la ville de Bafoussam ont presque perdu le sommeil. Les services de renseignements sont déployés dans tous les quartiers de la ville afin d’obtenir un maximum d’informations sur les auteurs du tract qui est parti de Bamenda, dans le Nord-Ouest, pour envahie Bafoussam. En raison de sa rareté, ce tract dénommé « Message des populations camerounaises révolutionnaires » est photocopié et distribué à ceux qui le désirent.

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«Le moment est venu d’arracher l’indépendance économique du Cameroun, laquelle indépendance garantit la souveraineté nationale. Voici la vie redevenue chère, malgré la patience des citoyens démunis. La corruption multiplie ses tentacules et le régime en place élargit le lit de la pauvreté, pendant que les richesses de notre pays font le bonheur des grandes puissances étrangère ». Bien que la date d’émission de ce « message subversif » ne soit pas précisée, les auteurs, rappellent que «les patriotes-Combattants sont debout pour constater qu’il n’ya plus rien à attendre du parti au pouvoir et pour demander au gouvernement néocolonial de démissionner en masse au plus tard le 9 février 2011 à minuit. En cas de nécessité, les éventuels ennemis du peuple laborieux vont être combattus partout jusqu’au bout. La libération économique pour un Cameroun nouveau ou la mort » ; ventile le tract. Par ailleurs, le Conseil national de la révolution, auteur du tract, précise : « pour la suite des actions, rendez-vous sur le site internet www.cnrl.zoka.cc ».

Guerre des tracts et milices

En réaction à l’appel du Conseil national de la révolution, un autre tract intitulé « Action directe » est également en circulation dans la cité capitale de l’Ouest. «Le collège des membres du mouvement de veille politique du département de la Mifi, Action directe, est prêt à en découdre avec toutes celles et tous ceux qui se réclament de l’obscur Conseil national de la révolution et qui veulent déstabiliser notre unité administrative. Les populations de la Mifi, attachées à la paix et à l’unité nationale, nous chargent de traquer et d’éliminer sous toutes ses formes toute entreprise de remise en question de notre processus démocratique. Nous sortirons ces ennemis de la République de leur cachette déjà connue et leur tordrons le coup à la hauteur des actes qu’ils ont conçus et qu’ils ne réaliseront qu’une fois enterrées ».

En lieu et place des signataires dudit document, on peut lire «les invisibles ont dit et signé». Approchées, certaines personnes ont laissé entendre que ces invisibles ne seraient rien d’autre que la milice du parti au pouvoir, le Rdpc. Ils soutiennent leur position par le fait que les présidents des différentes sections Rdpc, Ofrdpc et Ojrdpc du département de la Mifi étaient les premiers à monter au créneau lundi pour signer des motions de soutien au président Paul Biya, en réponse au message du Conseil national de la révolution. Lesquelles motions de soutien sont diffusées sur les ondes de la Crtv Ouest.

Enquêtes et mobilisation


Au commissariat central de Bafoussam hier soir, un communiqué invitait tous les policiers à se rassembler au niveau des marchés A et B de Bafoussam ce mercredi matin dès 5 heures. Tous sont invités à être en tenue de maintien de l’ordre. Preuve que la riposte, en cas d’un soulèvement, sera de taille. Il n’est pas aussi exclu que la même mobilisation des forces de l’ordre soit faite dans les rangs du Groupement mobile d’intervention, Gmi no 3, des Equipes spéciales d’intervention rapide, de la gendarmerie et même du Bataillon des troupes aéroportées (Btap) de Koutaba. Des fins limiers sont sur les traces du combattant Mboua Massock Ma Batalon qui aurait fait un passage éclair la semaine dernière à Bafoussam, en direction de Bamenda où les tracts ont commencé à tomber. Bien plus, de sources policières confient que  la piste Mboua Massock est encore à prendre avec beaucoup de pincettes dans la mesure où en 2004, peu avant l’élection présidentielle, « des tracts similaires avaient déjà circulé et avaient pour auteurs des leaders politiques et activistes tels que Djeukam Tchameni, Mboua Massock, Célestin Djamen, Anicet Ekane et bien d’autres ».

L’Acdic dans le viseur

Mêmes les organisations de la société civile ne sont pas en reste. Dans l’après-midi d’hier, Franklin Mowha, le vice-président de l’Association camerounaise de défense des intérêts des consommateurs, Acdic, que dirige Bernard Njonga, et qui lutte contre la corruption et la vie chère, a été interpelé et gardé à vue dans les locaux du commissariat central de Bafoussam. Des policiers ont estimé qu’il a organisé un mouvement d’humeur des benskineurs qui se révoltaient contre les tracasseries policières au marché B. «Quand je suis arrivé au commissariat, ils ont sorti un tract pour me présenter en disant que comptais organiser un autre mouvement d’humeur demain mercredi (ce jour, Ndlr) ». En novembre 2010, Franklin Mowha avait porté plainte contre un policier pour arnaque et devait  se rendre au commissariat pour la suite des enquêtes ce mercredi.

Raison pour laquelle il était filé dans tous ses mouvements par des policiers qui, dit-il, n’attendaient qu’un prétexte pour le prendre avec la diffusion des tracts dans la ville. Toutefois, les fins limiers qui sont sur le terrain depuis n’excluent pas le fait que certaines personnes peuvent avoir pris les tracts de 2004 pour les actualiser en vue de créer une psychose voire une panique dans les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest étiquetées comme fiefs de l’opposition au Cameroun. Dans la ville de Bafoussam, tout le monde redoute les émeutes de février 2008 qui avait commencé comme une étincelle et a par la suite embrasé les grandes villes du pays.
 

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