Cameroun - Sécurité. Cameroun : Peter William MANDIO, « Une enquête parlementaire sur le Mindef est nécessaire»

MUTATIONS Mercredi le 22 Janvier 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Député RDPC DU Mbam et Inoubou dénonce les pratiques mafieuses qui ont cours dans les services de sécurité et de défense.

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Honorable votre récente interview accordée au journal Le Messager a secoué la République. Vous y dénonciez les patrons en charge des questions sécuritaires. C’était une critique sévère… Il n’y a pas de sévérité dans les propos lorsque la République et son illustre chef sont agressés. Les faits me donnent raison. Au lendemain de cette interview, la ville de LIMANI dans l’Extrême Nord du pays a été attaquée. Cette fois les assaillants ont violé notre espace aérien. Nos frontières sont-elles toujours « hautement sécurisées » tel que le déclarent certains responsables de sécurité ? J’en doute.

Certains responsables évoquent tantôt le déficit en personnel. Ils disent qu’il faut recruter…
Il faut effectivement renforcer nos effectifs. Nous sommes sur plusieurs fronts en ce moment. On vient de lancer un concours pour un recrutement dans nos forces de défense. Mais serions-nous objectifs ? Parce que si nous voulons par exemple combattre le BOKO HARAM dans le Nord, nous n’allons pas massivement recruter nos jeunes des forêts du Centre- Sud-Est ou les « aquatiques » du Littoral. A l’épreuve du combat, ils ne tiendront pas face à la rudesse du climat sahélien. Evitons cette fois-ci des recrutements fantaisistes et villageois. Le Chef de l’Etat, Chef Suprême des Forces Armées n’a jamais demandé de tribaliser les recrutements.

Vous vous êtes aussi longuement appesanti sur les équipements en véhicules pour les officiers supérieurs. Peuvent-ils travailler sans logistique ?
Je décrie cela parce qu’en période de crise économique on n’offre pas des VX aux militaires chaque année. Et puis le show médiatique qui accompagne tout cela ne s’accommode pas de l’éthique militaire. Pourquoi certains patrons de sécurité tiennent-ils à séduire l’armée ? Quels sont leurs desseins réels ? Le plus grave dans tout cela c’est qu’on achète ces véhicules, on les présente aux télévisions puis on peut être surpris un matin de les retrouver chez des privés. C’est valable dans tous les services de sécurité. Il faudra que le Chef de l’Etat ordonne un audit physique de tout le matériel roulant des services de sécurité et de défense.

Apres votre première sortie médiatique en votre qualité de parlementaire, une radio FM émettant à Yaoundé vous a traité de « jaloux des Ministres » ?
J’ai entendu ça. J’ai juste rappelé à cet animateur radio tous les combats que j’ai menés dans ce pays pour la liberté de la presse et la protection de la fortune publique. A 34 ans j’ai dirigé un arrondissement en tant que Maire. Et à 40 ans aujourd’hui, je suis député à l’Assemblée Nationale. J’ai donc une légitimité établie. Pourquoi je me sentirais complexé face à un Ministre qui ne tient qu’à un décret ? C’est stupide.

Vous en avez été choqué ?
Pas choqué mais amusé. Savez-vous que je me suis retrouvé dans les avions avec les enfants d’un patron de sécurité qui s’autorise à payer régulièrement des billets d’avion business à quatre enfants plus le garde du corps ? Le calcul rapide fait 10 millions par voyage. C’est trop pour un fonctionnaire normal et lucide ou encore cet autre patron de sécurité qui se vante de porter des costumes de 6000 euros la pièce face à une troupe parfois mal habillée. C’est ce qui choque et peut révolter un jour le petit soldat ou le gardien de la paix. Le Chef de l’Etat devrait intégrer ces données dans ses grilles d’analyse et d’appréciation des ses collaborateurs surtout ceux qui sont en charge de la sécurité.

Ce diagnostic fait, il est curieux de constater que le Président de la République ne remanie toujours pas son gouvernement après trois élections ?
Je ne suis ni dans le logiciel mental du Chef de l’Etat ni dans le secret de son agenda politique. Mais une constance se dégage : Lorsqu’un malade est admis en réanimation et que le diagnostic a été établi le Médecin traitant ne peut plus ajourner le traitement s’il tient à le sauver. Les sécurocrates s’échinent depuis des mois à bloquer le Remaniement Ministériel au regard de leurs désastreux états de service. Dans leurs bulletins de renseignement planifiés, ils vendent la peur d’une déstabilisation militaire française au Chef de l’Etat. La crise centrafricaine leur sert de gadget pour blouser le Président de la République qui a pourtant l’estime et les faveurs de son peuple.

Pour vous, le remaniement Ministériel sera donc renvoyé aux calendes Grecques pour cause de la sécurité ?
C’est le souhait de tous les patrons de sécurité. Ils veulent retarder l’échéance au maximum. Ceci leur permet de vite engager leurs budgets et les pomper par la suite d’agiter la préparation du défilé militaire du 20 Mai. Mais une fois de plus ils seront surpris…

Il semble que vous envisagez de demander l’ouverture d’une enquête parlementaire à la session de Mars prochain sur la gestion de l’actuel Ministre de la Défense. Qu’en est-il exactement ?
(Il sourit d’abord) La question est effectivement en étude au sein d’un groupe de députés. Toutes chapelles politiques confondues. Nous nous intéressons à tous les contrats d’équipements militaires acquis en chine et qui auraient fait l’objet de grosses surfacturations dénoncées par le général Jean Pierre NSOLA et le scandale sur les travaux de rénovation des trois parcours Vita (Yaoundé, Douala et Bamenda). Les députés veulent savoir combien ils ont coûté ? Qui les a exécutés ? Et qui a contrôlé ces travaux ? Je prends le cas de Buéa, si le Chef de l’Etat découvre les vrais bénéficiaires des marchés des cinquantenaires, je parie qu’il va attraper des vertiges.

Mais le général NSOLA aurait été viré de l’armée ?
C’est vous qui le dites. C’est curieux qu’on vire quelqu’un six mois après sa promotion au grade de général. Ce qui m’intéresse ce sont les milliards du peuple camerounais qu’on aurait distrait en chine. Si c’est établi c’est grave. Et puis l’autre lecture c’est qu’on a voulu rendre le Chef de l’Etat impopulaire dans sa propre région en lui demandant de virer son neveu, le premier et le seul général de son village c’est bizarre cette manière de faire. Amener un Président de la république à se faire harakiri est un acte cynique et inquiétant.
 

Propos recueillis par Xavier MESSE
 

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