Cameroun - Corruption. Cameroun : Le vivre ensemble dans l’étau des prédateurs

Jean De Dieu Bidias | Mutations Mardi le 19 Mai 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La corruption, les détournements de deniers publics favorisent l’émergence d’une classe de jouisseurs.

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Les statistiques 2014 du Bureau international du travail (Bit) affichent un taux de chômage d’environ 13,1% au Cameroun, contre 75,8% pour le sous-emploi. L’on note en réalité une demande d’emploi largement supérieure à l’offre actuelle du pays, signe de l’incohérence des politiques publiques et de la faible capacité de notre économie à générer des emplois. Cette question constitue pourtant, selon l’économiste et statisticien Dieudonné Essomba, l’un des trois principaux pôles de conflits, à côté du besoin des infrastructures et des luttes liées aux positions de pouvoir. «Si on règle ces trois questions, soutient-il, le problème de l’unité nationale est résolu. Les Camerounais sont unis dans leurs coeurs, et vous voyez qu’il n’y a pas véritablement entre les différentes tributs et ethnies».

 

Pour lui, le problème est avant tout économique. Economiste lui aussi, ancien ministre du Développement industriel et commercial, entre autres casquettes, Patrice Mandeng Ambassa estime, lorsqu’il aborde la question de l’unité nationale au Cameroun, qu’ «au fond, les Camerounais ont tous le sentiment d’appartenance à une seule et même nation. D’aucuns pensent qu’il y a des clivages, mais il y a un parfait brassage des communautés chez nous».  Même si, regrette-t-il au fond, l’élite, plutôt «ségrégationniste», a travesti cette unité. «Ce qui est inadmissible», s’offusque l’ancien membre du gouvernement.

 

L’unité nationale au Cameroun est en effet mise à mal par la corruption, les détournements de deniers publics, le népotisme, etc., toutes choses qui favorisent l’émergence d’une classe de jouisseurs. La mauvaise redistribution de la richesse nationale se manifeste ainsi par l’embourgeoisement d’une minorité de personnes au détriment de l’ensemble. Et, la fracture entre les pauvres et les riches, qui n’arrête plus de se creuser, entame  sérieusement le désir de vivre ensemble.

 

Ahidjo

 

Parce que, pense Patrice Mandeng Ambassa, «le système économique capitaliste sous lequel nous vivons crée en soi cette situation où une poignée de personne s’enrichit tandis que la misère est rampante. Si nous souhaitons que les choses changent, il va falloir changer de système». Il ne manque pas de proposer que l’on revienne à l’époque du libéralisme planifié du président Ahidjo, qui donnait la latitude à l’Etat de définir le modèle sous lequel devait fonctionner l’économie. En jetant un coup d’oeil dans le rétroviseur pour évaluer la marche de l’unité nationale, dans son message aux Camerounais à l’occasion de la dernière édition (la 42e) de la fête nationale de l’unité, le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Maurice Kamto, a interrogé l’efficacité du cadre unitaire non seulement à assurer l’intégrité du territoire, mais également sa capacité à améliorer notre vivre ensemble. L’universitaire remarque qu’«au-delà d’indéniables acquis tels que le brassage culturel de nos peuples et la mise en commun des ressources du sol et du sous-sol, il persiste un certain nombre de points de tension susceptibles de remettre en question notre unité, si ce n’est tout simplement de la rompre». Il cite dans ce registre, entre autres, «les velléités sécessionnistes de certains groupuscules dans la zone anglophone du pays», qui «montrent clairement qu’il y a des menaces qui pèsent sur cette unité».

 

Bien plus, «le cours de l’évolution de notre pays a créé au passage des frustrations, longtemps inhibées par le régime de l’époque. Les détails de ce processus politique n’ont pas été tous réglés, créant au passage des frustrations. Ces frustrations refont surface et s’amplifieront en tirant partie des fissures démocratiques qui se sont fait jour sur l’édifice autoritaire et de la révolution dans les moyens de communications modernes. Ainsi, le phénomène du tribalisme que l’on croyait désormais loin derrière nous ressurgit avec une rare violence, en cette période de transition politique annoncée et attendue», soulignait Maurice Kamto. Sur la situation actuelle de l’économie, il regrette que le système productif hérité des années 1970 ait été démantelé. «Ce douloureux choix, s’était-il indigné, s’est appliqué sans une politique volontariste d’accompagnement du secteur privé afin que le vide créé par le désengagement de l’État du secteur productif soit efficacement comblé. Parallèlement, l’on a vu naître une bureaucratie corrompue, improductive et prédatrice, sans culture du résultat».

 

 

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