Législatives 2012. Cameroun: L’opposition se taille un code électoral - Un forum a regroupé la société civile, des partis politiques... à Bamenda ce weekend

Le Messager Lundi le 27 Aout 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les cadres du forum national sur le code électoral et la préservation de la paix ont décidé d’œuvrer pour l’élaboration d’un code électoral consensuel. C’était vendredi, 24 août 2012 à Bamenda

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Forum sur le code électoral: Le G7 opte pour une dynamique inclusive


Les cadres du forum national sur le code électoral et la préservation de la paix ont décidé d’œuvrer pour l’élaboration d’un code électoral consensuel. C’était vendredi, 24 août 2012 à Bamenda.

« Quand on dit que pour être candidat dans la circonscription électorale du Mfoundi à Yaoundé, il faut payer 21 millions, ça devient un commerce. Or ce qu’on appelle le suffrage censitaire est prohibé en démocratie » Garga Haman Adji, président de l’Add, fustige ce grossier obstacle à la candidature des Camerounais démunis ou à revenus moyens, incorporé dans le code électoral adopté en avril 2012 par l’Assemblée nationale. Le Pr Mathias Eric Owona Nguini, l’un des trois experts invités au forum national sur le code électoral et la préservation de la paix au Cameroun, organisé vendredi dernier 24 août 2012 à la résidence de John Fru Ndi à Bamenda, n’en dit pas autrement «on a constaté que les cautions pour faire acte de candidature ont été augmentées. Ce qui pose le problème de savoir si ce n’est pas une évolution oligarchique et ploutocratique c'est-à-dire une évolution dans laquelle la capacité à être candidat dépend essentiellement du niveau de richesse et de fortune que l’on a».

Le Pr de droit à l’Université de Yaoundé II à Soa, dans sa thématique « Code électoral et Constitution » a dégagé un certain nombre de manquements dans le nouveau texte qui encadre les élections et proposé des éléments qui peuvent contribuer à son amélioration. A l’en croire, ce code a été adopté avec un déficit consensuel politique. Ce qui a entraîné le mécontentement de l’opposition représentée à l’Assemblée nationale conduite par le Sdf et l’Udc. Ce code, dira–t-il reproduit la controverse sur le statut d’Elections Cameroun en tant que organe électoral indépendant parce que fondamentalement ne sont pas modifiées, les conditions de désignation et de nomination des membres du conseil électoral et de la direction générale des élections. On apprendra de lui que, même si le code essaie de réduire le conflit d’autorité qu’il y a entre la direction générale et le conseil électoral, il demeure un conflit en sourdine parce que les deux instances ont des acteurs qui sont tous désignés par le président de la République et qu’à partir de ce moment donné, le directeur général des élections peut toujours dire qu’il est nommé par un décret du président de la République comme les membres du conseil électoral.


Clé de voûte

Aussi ajoute l’enseignant de droit « ce code pose le problème du statut de l’organe électoral ; il existe d’autres orientations institutionnelles dans lesquelles l’organe électoral est intégré dans la Constitution, c’est par exemple le cas en Afrique du Sud où l’organe des élections est prise en charge par la Constitution. Pourquoi ne pas donner un statut fort à l’organe électoral qui va conforter celui-ci dans sa position d’indépendance ? » s’interroge-t-il. Dr Stephane Akoa, un autre expert à cette assise, s’est appesanti sur « le code électoral comme régulateur du jeu démocratique ».Vu sous ce prisme, le code électoral est la clé de voûte qui garantit le jeu démocratique en tenant compte du désidérata de toutes les composantes sociales. Dr Akoa plaide pour l’égalité de chance ; pas un code taillé sur la base de l’exclusion comme celui d’avril 2012.

Pr Claude Abe, enseignant à l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac) a consacré sa contribution sur la thématique « le code électoral comme pacificateur de la gouvernance ». Et en tant que tel, le code doit faire l’objet d’un consensus. Il est d’avis que la bataille politique est d’abord d’ordre idéel qu’il faut penser et lorsqu’on a fini de la penser, il faut passer à la phase opérationnelle. A l’en croire, pour avoir à construire le code électoral, il faut avoir une dynamique d’inclusion et cette dynamique doit être d’ordre institutionnel, juridique, sociologique et économique. Pour lui, il peut ressortir de ce forum un certain nombre d’éléments qui pourront permettre la construction d’une charpente sérieuse. A partir de cette charpente, on peut découler sur des idées qui permettent du moins d’enrichir le code électoral validé en avril 2012, reconnaît le Pr de l’Ucac.

Albert Dzongang de la Dynamique croit savoir qu’en tant que « ex-collaborateur du Rdpc, quand ce parti au pouvoir vous présente tout en gros, il faut chercher les détails». Et ce sont ces détails que le Sdf et l’Udc, par la voix de leurs leaders respectifs John Fru Ndi et Adamou Ndam Njoya et ceux des cinq autres partis et organisations de la société civile entreprennent de mettre sur la place publique. Et comme l’a dit John Fru Ndi dans son mot introductif « nous ne devons pas seulement rester dans la logique de critiquer M. Biya, nous devons réfléchir et en sortir avec un document que nous allons présenter au peuple camerounais. Lequel document sera le fruit de l’acceptation de tous ». Et d’ajouter « pour ceux qui attendent que la divinité intervienne au Cameroun, nous prions plutôt que M. Biya soit vivant pour voir enfin s’opérer le véritable changement démocratique dans ce pays ».


Une mouture


Ayah Paul Abine président du Pap abonde dans le même sens et réitère la nécessité d’une critique de masse. Le député, magistrat hors échelle est étonné de voir que « le Cameroun qui vendait hier de la canne à sucre à la Guinée équatoriale s’agenouille aujourd’hui aux pieds de ce pays voisin pour quémander de l’argent afin de payer le salaire des fonctionnaires ». Un véritable paradoxe qui a poussé Garga Haman Adji à dire « nous voulons donc apporter notre contribution pour parfaire la démocratie au Cameroun et chasser les maffieux qui viennent envahir l’Assemblée nationale parce qu’ils ont 20 à 30 millions pour payer la caution ». Il ajoute « on demande à un jeune d’apporter 3 millions s’il veut être candidat à la députation. La Constitution dit qu’il faut avoir 23 ans pour être député. Combien de jeunes camerounais ont 3 millions à 23 ans ? » S’interroge le leader de l’Add. Sauf à être un braqueur de la fortune publique. C’est dire si une bonne frange de la population est ainsi d’office exclue du processus électoral. Il en est de même des femmes qui sont numériquement supérieures aux hommes mais économiquement impuissantes. Le G7 dans sa logique penche pour la suppression de la caution, synonyme d’égalité de chance pour tout le monde. Le leader de L’Add est également contre la manière de financement des campagnes électorales. Il estime qu’il est plus plausible pour l’Etat de « financer l’impression de la profession de foi et autres matériels de campagne des candidats et à égalité, et non remettre de l’argent à main propre aux candidats »

Pour engager un dialogue électoral, conseille Pr Mathias Eric Owona Nguini, il convient pour les stratèges du G7 de partir sur une base où ils montrent qu’il est possible de discuter avec le pouvoir, dont d’admettre qu’il y a un certain nombre de dispositions de ce code qui seront conservées mais d’engager des discussions sur d’autres dispositions qui ne leur paraissent pas satisfaisantes. Pris sous cet angle, les cadres du G7 ont préparé une mouture qui en fait est le code électoral existant d’avril 2012 tel qu’ils entendent l’amender. C’est dire s’ils consentent qu’un début a été fait en matière de norme électorale et qu’il suffit d’améliorer certaines dispositions dans ce code électoral.

Faut-il le rappeler le forum de Bamenda s’est tenu en présence du M Biwole, responsable politique à l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun. Adamou Ndam Njoya, Ben Muna et même Edith Kah Walla se sont faits représenter à ce forum. Tous sont en déplacement hors du pays.

Donat SUFFO


Déclaration de Bamenda

Réunis ce jour dans le cadre du Forum national sur le Code électoral et la préservation de la paix, les leaders des partis politiques membres du G7 et des organisations de la société civile présents ont décidé de:

- Regrouper toutes les propositions faites par les participants en vue de rendre démocratique et républicain le code électoral inique et non consensuel adopté en avril 2012 à l’Assemblée nationale

- Mettre en place un comité de convergence composé d’experts qui sera chargé de la relecture des différents amendements au code électoral

- Rendre public dans les meilleures délais les amendements définitifs apportés au code électoral.


Fait à Bamenda, le 24 août 2012

Ont Signé

Ni John Fru Ndi
Adamou Ndam Njoya (représenté par Ndeuchela Christophe)
Garga Haman Adji
Albert Dzongang
Ayah Paul Abine
Edith Kah Walla (représenté par Som Joseph)
Ben Muna (représenté par Alice Sadio)




Pr Fabien Eboussi Boulaga: «Il faut chercher non pas le bien des partis politiques mais le bien des usagers»

L’historien philosophe, président du forum national sur le code électoral et la préservation de la paix au Cameroun s’est confié à la presse


Professeur, vous présidez aux destinées de ce forum, peut-on savoir quelle contribution avez-vous apportée ou entendez vous faire pour l’amélioration du code électoral Camerounais ?

Je n’avais pas à apporter une contribution personnelle. J’ai été invité comme symbole de l’interaction commune de l’unité du peuple Camerounais ; quelques soient les affiliations politiques à chercher un avenir meilleur. Je pense que les choses se sont biens passées dans la mesure où l’on a pris conscience qu’il s’agit d’un processus qui implique évidemment la révision de l’avant projet du code par tous avec des propositions , des amendements et qu’en tout état de cause, une Constitution ne fait pas la démocratie, non moins la République et qu’il fallait mettre ceci dans le large contexte qui nous permet d’entrer enfin dans une République et dans une démocratie.


Quel est votre avis par rapport à cette démarche qu’entreprend l’opposition camerounaise ?

Je souhaite qu’elle réussisse, c'est-à-dire qu’elle s’impose de considérer que le meilleur résultat sera celui qui sera le produit d’un consensus et d’un apport de tous, pour que chacun puisse se reconnaître dans ce code.


Quels sont les piliers sur lesquels peuvent se reposer une telle dynamique afin qu’elle soit pérenne ?

Il s’agit d’un, de garder à l’esprit que nous voulons être des concitoyens et donc nous ne sommes pas des ennemis ; que le meilleur résultat devrait toujours pouvoir être satisfaisant pour tous. Donc, il faut chercher non pas le bien des partis politiques mais le bien des usagers. Par exemple des élections, qu’on ne vous dise pas que vous avez le meilleur code, il faut qu’on demande aux usagers si c’est le meilleur code du monde. Comme dans un restaurant, on ne va pas demander au cuisinier son avis sur les plats qu’il a cuisiné mais on va demander aux consommateurs, aux convives. C’est cette attitude là qu’il faut que les Camerounais de tous les partis, ceux qui croient qu’ils sont les gardiens de l’unité nationale, qu’ils comprennent que l’unité nationale se fait en demandant aux usagers s’ils se trouvent bien dans la nation qu’on leur propose.


Propos recueillis par Donat SUFFO 

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