Cameroun - Agriculture. Cameroun: Ces jeunes qui ont misé sur le cacao

Josiane TCHAKOUNTE | Cameroon Tribune Lundi le 02 Décembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Alors que le vieillissement du verger et des producteurs est décriée dans la filière, ils sont de plus en plus nombreux à s’intéresser au cacao.

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Richard Christian Ayi Ayi, 23 ans est parti pour être un homme d’affaires prospère. Son fond de commerce, sa plantation de cacao. La cacaoculture, il l’a appris pendant deux ans au Centre de formation aux métiers agropastoraux de la commune de Mengang dans la région du Centre. Aujourd’hui, ce natif d’Akonolinga (région du Centre) est en train de mettre en terre trois hectares de cacao dans son village avec l’appui de sa famille. Un choix bien dirigé, dans une localité où, dit-il, la plupart des jeunes de son âge préfère l’activité de moto-taxi. « J’ai choisi de faire carrière dans la cacaoculture parce que dans ma localité, on ne la pratique pas réellement », déclare-t-il. Pour l’heure, les financements proviennent de sa mère. Mais, le jeune entrepreneur sait déjà comment faire pour s’installer à son propre compte. « Je veux agrandir ma plantation à 20 hectares. Pour cela, je vais associer à la culture du cacao, le piment sur un demi-hectare et le bananier-plantain. Les revenus tirés de ces cultures associés me permettront d’entretenir ma cacaoyère », explique-t-il. Et de poursuivre, « J’ai envie de monter ma propre entreprise et réduire le taux de chômage », conclut-il.

Contrairement à Richard, Daniel Obounou, la quarantaine, producteur de cacao dans le Sud, bénéficie depuis quelques années déjà des fruits de la cacaoculture. « J’ai commencé en 2007 et aujourd’hui, je suis propriétaire dune cacaoyère de 10 hectares », déclare-t-il. D’après ce producteur, il faut compter en moyenne 500 000 F pour aménager une parcelle d’un hectare avant les semis. Des investissements qui se chiffrent à des millions de F pour cet agriculteur qui aujourd’hui, ne regrette pas. « Les parcelles qui sont déjà rentrées en production me rapportent annuellement, deux millions de F. Et avec les nouvelles variétés de cacao qui sont mises à notre disposition, je peux récolter le cacao après 18 mois », confie-t-il.


Un marché prometteur

La rentabilité du cacao, comme investissement ne souffre plus d’aucun doute. Entre qui s’y lancent à peine et ceux qui y exercent déjà, il y a ceux qui s’apprêtent à intégrer la filière. Ce sont généralement de jeunes travailleurs qui entendent pratiquer la culture du cacao comme activité d’appui à leur emploi principal. C’est le cas de Ghislain A., cadre dans une entreprise de communication. « D’ici quelques mois, je lance ma cacaoyère. J’ai déjà réuni tout le nécessaire et je suis décidé à y faire fortune », confie-t-il.

L’engouement des jeunes pour la culture du cacao ne suffit pas encore à assurer la relève tant au niveau national qu’international. « Il y a deux problèmes dans la filière cacao aujourd’hui. Le verger est vieillissant et les producteurs aussi », déclarait Dr. Jean Marc Anga, directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (Icco) samedi dernier à Yaoundé. Le forum des jeunes auquel il a pris part dans le cadre de la deuxième édition du Festival international du cacao (Festicacao 2013) était une énième initiative en direction des jeunes pour les appeler à s’intéresser à cette filière. « Il y a un travail énorme de sensibilisation qui doit être fait. Actuellement, au sein de l’Association nationale des producteurs de cacao et de café du Cameroun (Anpcc), il y a plus de vieux que de jeunes. Nous essayons pour l’heure, de communiquer les informations sur les perspectives du marché. Elles seront bonnes jusqu’en 2050 et la demande est haussière », confie André Belebenié, président de l’Anpcc.

Au niveau international, les paramètres de consommation du chocolat ont changé ces dix dernières années. D’après des estimations de l’Icco, les préférences sont plus portées vers les chocolats à forte teneur de cacao. On est passé de 35 à environ 70% de cacao dans la composition du chocolat, ce qui crée une forte demande. De plus, dans les pays émergents, la consommation de chocolat a augmenté. Cas de la Chine (plus d’un milliard d’habitants) où la consommation a cru depuis les cinq dernières années. Celle-ci ne pourra être soutenue que si les jeunes produisent la matière première. Autre facteur incitatif, les prix. De l’avis d’experts, en produisant du cacao de grade 1, on peut espérer le vendre au moins à 1 075 F le kilogramme bord-champ. Si le cacao est certifié, le producteur peut le vendre à 1 100, voire, 1 200 le kilogramme.

Josiane TCHAKOUNTE


Cacao: Il faut des producteurs plus jeunes

La 2e édition de la fête du cacao a mis l’accent sur ce processus en vue d’accroître les rendements.

Dès l’entrée du Boulevard du 20 mai, espace réservé à l’exposition des produits dérivés du cacao, de jeudi à samedi dernier, l’odeur des fèves n’a laissé aucun visiteur insensible. On se serait cru dans une chocolaterie. Normal, c’est en ces lieux que s’est tenue la deuxième édition du Festival international du cacao (Festicacao) organisé par le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), sous le patronage du ministère du Commerce (Mincommerce). Pendant trois jours, les cacaoculteurs ont su joindre l’utile à l’agréable à travers les conférences, les débats, la caravane et une exposition-vente. Les populations de Yaoundé, tout comme celles de Douala, Monatélé, Kumba et Batouri ont découvert le cacao sous toutes les formes.

En effet, les transformateurs ont fait goûter le chocolat en fontaine, le beurre, la poudre, le jus, la liqueur, le caramel, les comprimés de cacao, etc. « C’est surprenant de voir autant de produits qui découlent du cacao », a confié Armand E., enseignant. Occasion aussi pour les grands producteurs de faire de bonnes affaires. En effet, tous ces produits ont été vendus dans divers conditionnements à des prix oscillant entre 100 F et 50 000 F. A cette exposition, même le Mincommerce n’est pas resté indifférent. Luc Magloire Mbarga Atangana, venu encourager les producteurs, a affirmé qu’« on va dans la bonne direction. L’effort est mis dans la diversification et la présentation des produits ».

A Monatélé, où s’est déroulée jeudi dernier la conférence internationale du cacao sur le thème : « Jeunes, la relève », il a été question d’intéresser les jeunes à cette culture. Bien que la demande soit bonne sur le marché international, selon Luc Magloire Mbarga Atangana, « la filière a besoin d’être modernisée et avec des producteurs plus jeunes pour un meilleur rendement ». En effet, selon le CICC, l’âge moyen du cacaoculteur est estimé à 60 ans. Face à ce constat implacable du vieillissement du producteur, le programme dénommé New Generation mis sur pied par le CICC vise le rajeunissement durable de la force de production. Ceci à travers le soutien et l’accompagnement des jeunes formés dans les écoles agricoles. Les experts de la filière ont donc incité les jeunes à s’adonner à la cacaoculture. A cette occasion, les débouchés et les opportunités de la filière leur ont été présentés. L’implication des jeunes dans la filière permettra à coup sûr « de produire d’ici 2020, 600 000 tonnes de cacao, 300 000 tonnes de produits issus de la transformation, avec une amélioration de la consommation domestique et périphérique », a conclu le Mincommerce.

Assiatou NGAPOUT 

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