La rétention de café par les producteurs face à des prix en baisse est la cause de cette situation d’après l’Office national café cacao (Oncc).

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Les chiffres sont inquiétants. Entre décembre 2011 et mai 2012, les exportations du café Robusta ont chuté de 46,26%. Concrètement, les ventes de cette variété ont totalisé 11755 tonnes contre 21872 tonnes sur la même période l’année précédente. Lors de la campagne 2010-2011, les exportations avaient fortement baissé par rapport à la campagne précédente, à 29559 tonnes contre 43985 tonnes, soit une diminution de 14.426 tonnes. En mai 2012, les exportations de Robusta se sont élevées à 4052 tonnes contre 5198 tonnes en mai 2011. Quant aux Arabica, leurs exportations entre décembre et mai ont moins baissé sur la même période en 2010-2011. On parle de 1205 tonnes contre 1278 tonnes. Sur les causes de cette chute vertigineuse, l’Oncc est formel. «Plusieurs producteurs préfèrent retenir leur café, face à des prix en baisse », explique l’Oncc.

C’est argumentaire est partagé par le conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc). Les deux structures parlent aussi des changements climatiques. A côté de ces deux causes, les anciens producteurs du café arguent l’exode rural. «Dans les années 1980-1990, le Cameroun produisait beaucoup de café surtout dans le département du Moungo. Avec la mort de la plupart des grands planteurs, leurs enfants ont abandonné les plantations pour s’installer dans les villes », explique un fils de planteur, basé depuis plus d’une décennie à Douala. « Mon oncle avait 40 hectares à Nkongsamba, à l’époque, or actuellement, il n’en reste que deux », ajoute-t-il. Pour lui, cet aspect est non négligeable. Selon les informations fournies par l’Oncc en décembre 2011, la production du café au Cameroun, devrait connaître une meilleure performance au cours de la campagne 2011-2012, pour atteindre les 65 000 tonnes dont 55 000 d’arabica et 10 000 de robusta.

« Si la production a baissé lors de la campagne précédente, c’est en parce que plusieurs producteurs ont laissé les plantes en repos végétatif et aussi parce que dans certaines plantations, il y a eu des atteintes sur les plants, principalement dans la région du nord-ouest du Cameroun », a déclaré un responsable de la structure, en confirmant les prévisions en hausse.

5e producteur en Afrique

Depuis plus de trente ans, le prix du café a connu une volatilité prononcée, la filière caféière internationale s’est retrouvée dans une situation où pendant certaines périodes, notamment 2001-2004, le prix de vente a été en dessous du coût réel de production. C’est pourquoi des experts admettent que toute stratégie de reprise de la production du café au Cameroun doit s’intégrer dans le cadre d’un marché global dynamique qui connaît des évolutions rapides et à divers niveaux.

« Dans notre balance commerciale, le café qui était le premier produit exporté a été relégué au 5e rang », a indiqué Apollinaire Ngwé, le président du Cicc, lors d'une concertation sur la Stratégie de développement de la filière café au Cameroun, tenue il y a quelques mois à Yaoundé. Pour cet organisme en effet, « malgré le rôle important joué par le café, à la fois pour le revenu des ménages et dans l'économie nationale, la production a diminué au cours des 30 dernières années d'une moyenne de 100.000 tonnes métriques par an, au niveau actuel d'un peu plus 40.000 tonnes, comprenant environ 92% de robusta et 8% arabica ».

Le Cameroun reste l'un des plus importants producteurs de café en Afrique. En termes de volume d'exportation, il occupe le cinquième rang, après l'Ouganda, l'Ethiopie, la Côte d'Ivoire et la Tanzanie. Pour les débouchés, le café camerounais se commercialise traditionnellement en Italie pour le robusta pour plus de 40% des exportations totales en 2007-2008 et l'Allemagne en ce qui concerne l'arabica pour plus de 70% du total des exportations, d'après le Cicc.

Ce café est d’ailleurs très apprécié. Parmi les atouts du café camerounais, l'on cite des terres fertiles et un climat idéal pour la culture de ce produit, des possibilités d'extension des exploitations, une population active et jeune, de bonnes structures de traitement dans les zones de production et de manutention au port de Douala, une qualité intrinsèque toujours appréciée sur les marchés, une clientèle fidèle en Europe, etc.

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