Lionnes indomptables. Céline Eko : «Joseph Ndoko ? On aurait préféré mieux que ça »
Présente dans le bureau élu de la toute première ligue spécialisée du football féminin en qualité de vice-présidente, Céline Eko a accordé à 45fois2.com une interview exclusive dans laquelle elle revient sur la liste consensuelle portée à la tête de cette ligue et elle jette un regard sur l’actualité du football féminin au Cameroun notamment la nomination de Joseph Ndoko comme sélectionneur des lionnes indomptables.
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La mise sur pied d’une ligue spécialisée du football féminin est-elle une solution pour la professionnalisation du football féminin au Cameroun ?
Je crois que la mise sur pied d’une ligue spécialisée du football féminin est une bonne chose pour notre pays vu la belle prestation qu’ont fait les lionnes dans des compétitions, je crois que c’est une bonne chose.
Beaucoup de personne vous voyait à la tête de cette ligue spécialisée, au regard de votre longue expérience dans ce domaine, ce n’est pas une petite déception pour vous d’occuper le poste de vice-présidente ?
Nous sommes dans le milieu du sport, c’est normal que plusieurs personnes me voyaient à la tête de cette ligue spécialisée. Vous savez le contexte est tout autre dans notre pays. Dans le cas spécifique de cette ligue, j’avais 14 délégués sur les 20. C’est le président de la Fécafoot qui m’a demandé de laisser le poste de président de cette ligue à une anglophone. Tous les membres de l’AG et du conseil d’administration sont issus de ma liste et même les délégués. Nous avons finalement fait une liste consensuelle. C’est parce que le problème anglophone est un fait que les camerounais ne peuvent pas ignorer, c’est uniquement la raison pour laquelle j’ai laissé ce poste de président à Hélène Bisong.
Ne craignez-vous pas que votre poste de vice-présidente vous empêche de faire passer vos idées pour le développement de cette ligue, malgré le consensus ?
Mes idées seront à juger par ceux qui décident. Je vous voir un peu venir. C’est à partir de mes quatre années de gestion à la tête de la commission du football féminin que celui-ci a connu un essor considérable. Nous avons été plusieurs fois finaliste de la CAN, on a obtenu, pour la première fois de l’histoire, deux qualifications pour la coupe du monde. Si la ligue spécialisée ne marche pas, ce ne sera pas la responsabilité de Madame Eko. Il faut aussi noter que le départ de Carl Enow Ngachu est un gros handicap pour nous. Toutefois on verra, on jugera le maçon au pied du mur.
On quitte d’une commission du football féminin pour une ligue spécialisée. Quelle sera la plus-value de cette ligue spécialisée ?
La plus-value de la ligue est tout simplement un petit apport, puisque c’est un dossier sur lequel nous avons travaillé. Il faut rappeler que les quatre années que j’ai passées à la commission du football féminin ont permis à ce que les sélections féminines aient pratiquement le même traitement que les hommes en sélection. L’innovation de la ligue spécialisée est qu’il y aura des salaires pour nos jeunes filles qui joueront le championnat, même si ce n’est pas consistant, c’est tout de même une avancée.
Au regard du fait que la LFPC mise en place depuis plus de cinq ans tarde à trouver sa propre voie, ne peut-on pas redouter que cette ligue spécialisée du football féminin connaisse les mêmes problèmes ?
Madame Eko ne pourra faire ce qu’elle peut faire. Nous allons essayer de faire le maximum que nous pouvons pour développer cette ligue en allant auprès de certains sponsors. Déjà je puis vous dire que le plus gros a déjà été fait. Je vous donne une exclusivité : l’Etat à travers le chef de l’Etat son excellence Paul Biya a donné des instructions pour qu’une somme de 500 millions de francs Cfa soit mise à la disposition de la ligue spécialisée. Avec cela nous devons travailler, c’est un grand soutien.
Que pensez-vous de la nomination de Carl Enow Ngachu comme Directeur général de l’académie nationale de football, on sait qu’il a été un de vos collaborateurs, ces derniers temps ?
Je profite de votre tribune pour remercier grandement le chef de l’Etat, son excellence Paul Biya, au nom de toute la grande famille du football féminin. Cette nomination du coach Ngachu prouve que le football féminin est considéré en haut lieu. Personne ne voyait l’entraineur des lionnes occuper ce poste. Dans le football féminin, nous sommes très fiers de cette nomination.
Joseph Ndoko, l’actuel entraineur de Aigle de la Menoua, a été promu sélectionneur chez les lionnes indomptables, en remplacement de Carl Enow Ngachu…Un commentaire ?
Je ne ferai pas de commentaire là-dessus parce que je crois qu’on juge le maçon au pied du mur. Si vous voulez mon avis, je vous dirai que ce n’est pas le coach qu’on devrait envoyer chez les lionnes indomptables parce que nous sommes, quand même, à l’approche de certaines échéances très importantes. Regardez la position au classement qu’occupe le club qu’entraine Joseph Ndoko (13e avec 18 points à un point de la zone rouge, NDLR). Ils ne sont pas loin de la zone de relégation. On aurait préféré mieux que ça.
Certains auraient voulu voir à la tête de l’encadrement technique des lionnes, une femme un peu comme au Nigéria, en Allemagne et aux États-Unis ou alors un entraineur qui a déjà l’expérience du football féminin. Partagez-vous cet avis ?
Si la décision m’était donnée, cela ne souffrirait d’aucun doute parce que nous avons de femmes valables pour accomplir cette mission. J’aurai choisi quelqu’un d’autre et non Ndoko. Avant Enow Ngachu, il y en a qui ont travaillé avec les filles parce que le championnat avec les filles, les compétitions avec les filles sont des choses délicates. L’avis que j’ai donné quand on m’a consultée est qu’on ne touche aucun membre du staff technique après le départ d’Enow Ngachu puisque ce serait casser une dynamique qui était déjà en place.
On va sortir par la situation du Canon de Yaoundé en championnat. Vous avez été PCA de ce club, comment jugez-vous le Canon de Yaoundé actuellement ?
La situation du Canon ne peut être réparée que par ceux qui se revendiquent comme propriétaires du club. Je ne peux pas répondre de ça. Je vous en parle avec des larmes aux yeux. Je pense que ceux qui dirigent le Canon aujourd’hui doivent faire l’impossible pour sortir le club dans la situation où il se trouve.
Interview réalisée par Léger T et Michel Ateba
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