Libye. Célèbre grâce à Kadhafi, la chaîne TV Arraï veut être le creuset de la "résistance" arabe

AFP Mercredi le 28 Septembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
YAAFOUR (Syrie) (AFP) - (AFP) - Yaafour, la banlieue chic de Damas: dans son parc, face à son palais kitsch de 2.400 m2, Michane al-Joubouri a érigé une bâtisse qui abrite Arraï, la chaîne arabe devenue célèbre depuis que Mouammar Kadhafi en a fait son unique porte-voix.

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La recette est simple: les téléspectateurs interviennent, une présentatrice anime le débat et le tout est entrecoupé d'images violentes. L'anonymat des intervenants est strictement protégé.

"On peut tout dire pour ou contre les dirigeants ou les régimes arabes. Seul interdit: les insultes et les obscénités", assure l'animatrice Yara Saleh, 26 ans.

"Nous sommes la seule chaîne en contact direct avec Mouammar Kadhafi et sa famille. Nos concurrents ont investi dans la technologie du show et nous dans celle de la sécurisation des communications. Grâce à notre système, (l'ancien dirigeant libyen) nous a déjà appelés six fois", explique la directrice générale, Hawazen al-Joubouri, 27 ans, l'une des onze enfants du propriétaire.

Pourquoi Kadhafi a-t-il choisi cette chaîne? "Il sait que nous sommes honnêtes et ne travestissons jamais ce qu'il dit", ajoute cette étudiante en littérature anglaise à l'université de Damas.

L'ancien dirigeant libyen a plongé dans la clandestinité avec deux de ses fils alors que le reste de sa famille a fui à l'étranger. "Je peux vous assurer qu'il est toujours au milieu de ses combattants", dit-elle d'un air convaincu.


Après avoir fui l'Irak où, selon lui, les forces américaines voulaient sa peau, Michane al-Joubouri s'est rendu en Syrie pour y fonder en 2007 Arraï (l'opinion). La chaîne est abritée dans un hangar de 250 m2, hérissé de paraboles.

Il assure avoir investi 3 millions de dollars dans les équipements et débourser annuellement 1,5 million de dollars pour les frais de fonctionnement. Comme il fonctionne sans publicité, il est obligé d'emprunter auprès des banques.

Il y a un mois, confie-t-il, un homme d'affaire syrien, envoyé par le CNT libyen, lui a proposé une belle somme pour que l'on cesse de parler de la Libye. "Que va-t-on dire aux téléspectateurs? Que nous ne sommes plus des résistants? Non merci", affirme-t-il avoir répondu.

Il se déclare contre toutes les dictatures dans le monde arabe mais refuse de se prononcer sur la Syrie, où la répression a fait selon l'ONU plus de 2.700 morts depuis mi-mars.

"Tout comme al Jazira (chaîne satellitaire qatariote) n'évoque jamais ce qui se passe au Qatar, nous n'intervenons pas dans les affaires syriennes, même s'il y a sûrement eu des erreurs et si demander plus de démocratie est légitime. Bien sûr, la Syrie ce n'est pas la République de Platon, mais la meute internationale qui se déchaîne contre ce pays n'a pas pour ambition de soutenir la démocratie", dit-il.

Société de droit syrien, émettant sur la satellite européen Eutelsat "pour éviter les pressions des régimes arabes", cette chaîne a d'abord exaspéré Mouammar Kadhafi puis récemment le Premier ministre libyen par intérim Mahmoud Jibril.

"Comme nous défendions les révolutions égyptienne et tunisienne, Kadhafi a téléphoné furieux il y a huit mois à Bachar al-Assad pour lui demander de fermer ma chaîne sinon il la bombarderait. Quant à Jibril, il vient de déclarer que si les autorités de Damas n'interrompaient pas notre diffusion, il créerait une télévision de l'opposition syrienne".

Mais alors pourquoi appuyer Kadhafi? "Nous sommes contre tous les dictateurs et quand les manifestations ont commencé à Benghazi nous les avons soutenues", explique cet homme d'affaires, ancien député sunnite irakien, qui fut un fidèle de Saddam Hussein avant de se retourner contre lui.

"Nous soutenons ceux qui sont contre l'occupation et aujourd'hui nous sommes derrière Kadhafi qui défend son pays contre l'Otan", jure cet homme de 54 ans qui en Irak affichait sa proximité avec les insurgés, mais était hostile au nihilisme d'al-Qaïda.

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