Cameroun - Transports. CRISE À SITRAFER: LE DG DE CAMRAIL ENFONCE JACQUES BIMAÏ

Hervé B.Endong | La Nouvelle Expression Mardi le 02 Octobre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Lors de la tripartite de ce 26 septembre 2012, à Douala, Gérard Quentin a communiqué les montants réels des factures payées par son entreprise. Mettant en mal l’Administrateur directeur général de Sitrafer.

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Quand vient son tour de prendre la parole, Jacques Bimaï baisse d’abord la tête. Et marque un temps d’arrêt. Autour de la même table, quelques administrateurs de la Société internationale de transformation de fer (Sitrafer) et les cadres de haut niveau, les employés, le DG de Cameroon railways (Camrail) entouré de ses plus proches collaborateurs, la déléguée régionale du ministère du Travail et de la sécurité sociale (Mintss)… et Grégoire Owona, le Mintss.

Le bouillonnant Adg a perdu subitement son légendaire aplomb. Lui qui, habituellement parle avec verve, parvient à peine à se faire entendre. Ses mains tremblent autant que sa voix. «Le mal est profond. Avec les bons de commande reçus de Camrail, nous serons obligés de mettre 2/3 des effectifs dehors. Même si vous (le gouvernement : Ndrl) payez aujourd’hui (le 26 septembre 2012 : Ndlr), on sera obligé de revenir ».

C’est de cette manière qu’il comprend la question « Que proposez-vous concrètement pour sortir de cette situation », à lui destiné par Grégoire Owona. « Vous êtes venu ici effrayer le personnel ? Allez faire vos élucubrations ailleurs ! Ce n’est pas à l’ordre du jour. Au lieu de proposer des solutions concrètes, vous effrayez le personnel ? », réagit énergiquement le Mintss.

« Vous ne m’avez pas compris monsieur le ministre. Laissez-moi parler », se débat Jacques Bimaï. Peine perdue. La parole est passée Pierre Olivier Bedime, administrateur de Sitrafer. Ce dernier apprend à l’assistance que Sitrafer vit au dessus de ses moyens et que ce sont les escomptes des factures intermédiaires payées par Camrail, à la demande de l’Adg qui sont à l’origine de cette situation chaotique.

700 millions de Camrail

Pierre Olivier Bedime demande à ce que ces escomptes soient supprimés. Il n’a pas le temps de finir son propos. « Jamais ! On a toujours fonctionné ainsi. Si on supprime ces escomptes l’entreprise va vivre comment ? Il n’y a pas de fonds de roulement », contre-attaque Jacques Bimaï. Cette autre réaction contreproductive est déplorée par le Mintss qui sollicite le concours du Pca de l’entreprise.

«Qu’est ce que vous pouvez faire pour ces enfants dans l’immédiat ? ». Jean Marie Mbida est coincé. Il reconnaît solennellement que Sitrafer, au 31 juillet 2011, doit au total 179.253.839 Fcfa aux employés, correspondant à quatre mois d’arriérés pour les agents et 8 mois pour les cadres. « Vous n’avez pas répondu à ma question », insiste Grégoire Owona. «C’est à l’Adg de vous dire comment il compte gérer ça », se désengage Jean Marie Mbida. Une fois de plus, Jacques Bimai marque un temps d’arrêt. La tête baissée, tel un enfant attrapé en flagrant délit de vol, il tourne et retourne sa langue. « C’est très difficile.

Je propose 50.000 Fcfa à tous les agents aujourd’hui, et 50.000 Fcfa mardi prochain. La banque ne veut pas nous laisser tranquille. Camrail a payé une facture de 34 millions la semaine dernière et c’est très insuffisant », souffle l’Adg de Sitrafer. C’est à ce moment que le directeur général de Camrail réclame la parole. Gérard Quentin apprend ainsi au Mintss et à l’assistance, que depuis le début de l’année dernière, son entreprise a payé à Sitrafer les factures correspondant à un peu plus de 700 millions Fcfa, soit une moyenne de 80 millions par mois. Le patron de Camrail, le plus gros client de Sitrafer, apprend également qu’il y a des mois où Sitrafer perçoit 110 millions.

Les onomatopées fusent de part et d’autre dans la salle de conférences de la délégation du Mintss du Littoral, qui abrite cette réunion. Chacun des délégués du personnel tient sa tête des deux mains. Les administrateurs sont dépassés. Et se fixent du regard. Pendant ce temps, Jacques Bimaï ne tient plus assis. Le très controversé Adg scrute le plafond blanc de la salle de conférences, peu désireux de croiser le regard de son Pca, encore moins de l’actionnaire Pierre Olivier Bedime qui s’échauffe depuis cette bombe lâchée par Gérard Quentin. « Est-ce que les administrateurs avaient ces chiffres ? », lance Grégoire Owona. « Non monsieur le ministre. Non !», rugit Pierre Olivier Bedime.




Levée du mot d’ordre

L’envie de rire ronge Grégoire Owona. Mais, le Mintss se retient. Pendant que sa déléguée régionale cède. Même les journalistes présents à ce conclave ne s’empêchent de rire. Face à l’attitude de Jacques Bimaï, fortement ébranlé. Le Mintss libère le Dg de Camrail et se déchaine. « Si vous voulez être accompagné, la première chose c’est de marcher droit », tonne Grégoire Owona.

Finalement, le consensus est trouvé. Jacques Bimaï qui jurait par tous les dieux, qu’il ne pouvait pas payer un mois de salaire cède. Il s’engage à payer à tout le personnel un mois de salaire d’ici mardi prochain. Quant au reste, le Mintss donne un délai de 45 jours au conseil d’administration pour tout régler. La date de ce conseil est arrêtée pour le 4 octobre 2012. Ces propositions sont d’abord rejetées par les délégués du personnel amenés par Jean Diallo Mbock, président du Syndicat national des travailleurs de la maintenance ferroviaire (Synatranfer). Ces derniers sortent d’ailleurs de la salle pendant une vingtaine de minutes, abandonnant le Mintss.

Grâce à une forte médiation de Pierre Olivier Bedime, ils reviennent dans la salle et se s’inclinent face à ces propositions qui ont d’ailleurs l’aval du Mintss. Celles-ci sont consignées dans un document qui est signé à la fois par le président de Synatranfer, l’Adg et le Pca de Sitrafer et le Mintss. En retour, les représentants du personnel acceptent de lever le mot d’ordre de grève.

 

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