CEMAC. CEMAC: un regroupement sous-régional qui se meurt

Nadine Bella et René Atangana | La Météo Mardi le 21 Février 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le rêve qui n’est jamais devenu réalité. Sur le papier, la Cemac n'est pas avare de révolutions. Ses fondateurs lui ont assignée une feuille de route aussi ambitieuse que celle de l'Oua sous les présidents Kwame Nkrumah et Sékou Touré.

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Dès leur accession à l'indépendance, 5 pays d'Afrique Centrale (le Cameroun, la République centrafricaine, le Gabon, le Tchad et le Congo dont le pays assure actuellement la présidence du regroupement) prennent conscience de l'intérêt de créer une institution de coopération régionale. Dans ce dessein, ils signent, le 08 décembre 1964, un traité instituant l'Union Douanière et Economique d'Afrique Centrale (Udeac). Cette dernière démarre ses activités en janvier 1966. La jeune institution peine à trouver, ses marques du fait de l'instabilité politique chronique dans certains Etats membres. En 1985, la Guinée Equatoriale est admise au sein de l'Udeac. A six, les choses ne semblent pas aussi faciles, loin s'en faut. Le nouveau membre est économiquement faible, et réclame assistance. Un grand nombre de projets communautaires est à l'abandon faute de financement nécessaire, même ceux classés prioritaires ne sont pas mieux logés. La crise économique qui commence à produire ses effets au début des années 90 et la dévaluation du franc Cfa achèvent de convaincre les intégrationnistes à tout crin que l'Udeac est une machine trop lourde pour les frêles épaules des Etats signataires.

Le 16 mars 1994, un traité signé par les 06 chefs d'Etat des pays membres de l'Udeac aboutit en février 1998 à la dissolution de celle-ci afin de céder la place à la Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique centrale (Cemac). La Chose est nouvelle, donc forcément porteuse d'espoirs. En outre, elle vient faire oublier une première expérience désastreuse. Sur le papier, la Cemac n'est pas avare de révolutions. Ses fondateurs lui ont assignée une feuille de route aussi ambitieuse que celle de l'Oua sous les présidents Kwame Nkrumah et Sékou Touré. Les 24 et 25 juin 1999à Malabo, les travaux de la première Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement marquent l'achèvement du processus de ratification du traité et le véritable démarrage de la Cemac. La structure est composée de deux Unions: l'Union Economique de l'Afrique Centrale (Ueac) et l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (Umac). Les deux institutions traditionnelles sont: la Conférence des chefs d'Etat, le Conseil des ministres de l'Ueac. Malheureusement, les fruits ne tiendront pas la promesse des fleurs. Conscients de leur grand retard par rapport à l'Uemoa, le pendant Ouest- africain, les dirigeants de la Cemac initient une série de réformes. Le président de la Guinée Equatoriale, Téodoro Obiang Nguema Mbasogo dirigera jusqu'en mars 2008 le comite ad hoc des réformes. De son passage, l'on ne retiendra que le limogeage de Félix Nfamalepot à la tête de la Beac. La Cemac, 14 ans après affiche un bilan très en deçà des attentes. L'espoir populaire des premiers jours a fondu comme neige au soleil. La libre circulation des personnes et des biens, le passeport Cemac, Air Cemac, l'université sous-régionale, et les plaques d'immatriculation Cemac apparaissent comme autant d'éléphants blancs.


Des préjugés à n'en point finir


En effet, la Cemac est constituée essentiellement de pays rapprochés par une histoire sociologique presque identique. Le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Congo Brazzaville, le Gabon, le Tchad et la République centrafricaine sont peuplés par des groupes ethniques qui, contrairement à la valeur de solidarité que leur impose leur consanguinité, se livrent plutôt à de redoutables scènes ségrégationnistes. Ce paradoxe, loin de se justifier, peut tout au moins se comprendre par des images négatives que chaque peuple s'est fait de l'autre. Des clichés habilement bâtis, ont réussi à entamer la conscience collective des habitants de la sous-région Afrique centrale. Par exemple, il est aujourd'hui difficile de délier l'image de corrupteurs, arnaqueurs et contrebandiers collée aux camerounais. Aussi, les populations camerounaises voient-elles en l'installation d'un Gabonais sur leur territoire, une porte ouverte à l'extension des pratiques occultes. Dans la conscience collective, le Tchadien n'est pas en réalité un homme civilisé.

Tout le monde se fait sa petite image du spécimen guinéen et congolais. Ces hommes caractérisent la fanfaronnade et la délinquance. Ces images avilissantes sont un véritable frein au processus d'intégration des peuples dans cette région. D'ailleurs, ces stéréotypes sont responsables de moult violences xénophobes ayant contribué à la fragilisation des rapports interétatiques entre des pays frères. Les évènements malheureux de l'expulsion des Camerounais résidant en terre guinéenne, rappellent aux plus oublieux le rôle indigeste de ces images dans les relations entre les Etats de la zone Cemac. En Guinée Equatoriale, les Camerounais sont généralement traités d'hommes corrompus. Il est aujourd'hui impérieux pour chaque peuple de déconstruire ces idées préconçues, afin de s'inscrire résolument à la grande école de l'ouverture, de l'altruisme et d'une union qui fait la force.



Antoine Ntsimi: Un «activiste» à la tête de la commission

Il n'y a jamais de fumée sans feu, a-t-on coutume de dire. Si dans un entretien accordé à Voxafrica, la semaine dernière, François Bozize désavoue publiquement Antoine Tsimi, c'est que l'inertie et l'impéritie managériale du président de la Commission de la Cemac sont vraisemblablement devenues insupportables.

Il n'y a jamais de fumée sans feu, a-t-on coutume de dire. Si dans un entretien accordé à Voxafrica, la semaine dernière, François Bozize désavoue publiquement Antoine Tsimi, c'est que l'inertie et l'impéritie managériale du président de la Commission de la Cemac sont vraisemblablement devenues insupportables. Manifestement, le président centrafricain, qui n'a pas sa langue dans la poche, n'a fait que dire tout haut ce que ses pairs susurrent, depuis fort longtemps. En outre, le mandat de 05 ans du Camerounais arrive à terme en mai prochain. Et en tant que pays abritant le siège de cette structure de la Cemac, le leader centrafricain (visiblement en campagne) pense qu'il est temps de passer cette fonction à l'un de ses compatriotes. Au terme de nos enquêtes menées auprès de l'organe dont il a la charge, il s'est avéré que le président de la Commission du regroupement sous-régional Antoine Ntsimi «se prend pour un roitelet» depuis sa désignation en 2007.

Dans l'entourage du président tchadien, il est reproché à l'homme de «se conduire de manière désinvolte, comme s'il était une personnalité au-dessus des chefs d'Etat, dépositaires de la souveraineté des pays membres». Et ceci peut bien nous amener à comprendre l'une des raisons qui motivent l'intention de retrait d'Idriss Déby Itno de la Cemac pour la CEDEAO. Du côté de la Guinée Equatoriale, c'est le même son de cloche. L'on apprend qu'à chaque sommet de la Cemac, le président, Teodoro Obiang Nguema Mbazogo, indigné de l'activisme manifeste du Camerounais, se surprend en train de demander «d'où vient ce personnage importun et imbu de lui-même?». Déjà, en octobre 2011, une rumeur laissant entendre qu'Antoine Ntsimi a été révoqué pour «gestion opaque» avait défrayée la chronique. Au regard de ces effronteries à répétition, tout laisse à croire que le prochain président de la Commission la Cemac pourra être tout sauf l'ancien ministre camerounais des Finances. On ne perd rien à attendre le prochain sommet des chefs d'État de la Cemac, prévu à Brazzaville au Congo, en mai et dont la date reste à déterminer.


 

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