Cameroun - Religion. CAMEROUN, EDITORIAL,PROBLÈME BAMILÉKÉ: L’HYPOCRISIE DU RENOUVEAU

MAGNUS BIAGA | EMERGENCE Mardi le 07 Aout 2012 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Est-il normal qu’un groupe ethnique ou une région domine très largement les autres dans tous les secteurs de la vie au Cameroun ? Nous pensons que non. Car le Cameroun est une mosaïque d’ethnies et de culture appelées à vivre ensemble.

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Et au nom de cet idéal il est judicieux et même primordial que des conditions minimales soient réunies pour leur permettre de vivre en harmonie et dans la paix. A ce titre, les révélations contenues dans la note de Mgr Victor Tonye Bakot n’apportent vraiment rien de nouveau que nous ne savions déjà sur la question bamiléké au Cameroun.

C’est peut-être la posture morale du signataire de la note qui pose problème. Mais les informations qui y sont contenues ne surprennent vraiment pas les observateurs avertis, tant il est connu que même jusqu’au sommet de l’Etat, des dispositions sont souvent prises pour « encadrer » l’essor des ressortissants bamiléké sur la scène nationale à travers des formes de discriminations diverses. Sur les Bamiléké il y a parfois comme des sortes de lois non-écrites qui s’appliquent sur eux et qui traduisent la peur des pouvoirs ou des ressortissants d’autres régions de les voir s’accaparer de tout. En ce sens, on peut penser que les initiatives préconisées par l’Archevêque sont maladroites ou injustes. Mais il reste que le problème bamiléké mérite une bonne fois pour toutes, d’être posé sur la table par le pouvoir politique. Car manifestement jusqu’ici, les solutions qui ont été mises en œuvre ne suffisent pas.

C’est en effet au pouvoir politique de présenter le mérite bamiléké comme un exemple pour les autres. Car autant leur dynamisme est un facteur de développement pour le Cameroun tout entier, autant on doit s’en servir pour tirer les autres par le haut par le phénomène de l’émulation. C’est aux pouvoirs publics de susciter le débat pour cerner les facteurs sur lesquels se fonde le dynamisme bamiléké à l’œuvre au Cameroun. Un tel débat convoquerait les experts dans les domaines de la sociologie, de l’anthropologie, de l’éducation et même de l’économie. Une telle réflexion permettrait alors de comprendre que contrairement à ce qu’on pense, aucune région n’est naturellement prédisposée à être plus intelligente qu’une autre. Ce qui conditionne l’homme, c’est le milieu dans lequel il évolue et c’est la réalité de ce milieu qui l’amène à se forger un talent particulier, dans un domaine précis.

A titre d’exemple, il est communément connu de tous que l’homme de l’Ouest a des aptitudes en science ou en gestion, tel que le dit l’archevêque dans sa correspondance. Au lieu d’envisager des stratégies souterraines pour empêcher les ressortissants bamiléké de se former dans ces domaines, le pouvoir politiques aurait pu prendre des initiatives allant dans le sens de motiver les ressortissants des autres régions à exceller eux aussi dans ces mêmes filières. Une opinion très répandue chez nous, est convaincue de ce que l’homme du grand Sud n’est pas brillant dans les sciences.




Et pourtant, l’un des mathématiciens les plus éminents au Cameroun en la personne du Pr Hogbe Nlend, est Bassa. De même, le Professeur Maurice Tadadjeu, président de l’association nationale des comités linguistiques au Cameroun, l’un des meilleurs linguistes africains, est bamiléké. Ces deux faits battent en brèche l’idée selon laquelle les sciences seraient réservées aux ressortissants de l’Ouest tandis que les langues seraient l’apanage du grand Sud. Le pouvoir politique est ici interpellé. C’est en effet à lui que revient la responsabilité de formuler et de mettre en œuvre une politique nationale de l’éducation qui volontaire et orientée depuis la maternelle, motive les fils des autres régions et les prépare à la formations dans ces autres domaines. Mais à l’examen, les pouvoirs publics ne se sont jamais penchés sur une telle initiative. Car un tel processus s’inscrit longuement dans le temps, alors que ceux qui nous gouvernent sont dans l’improvisation permanente sans chercher les solutions à long terme. A l’accession de Paul Biya au pouvoir en 1982, il a curieusement décidé de renforcer le pouvoir économique des Betis en les transformant du jour au lendemain, en hommes d’affaires. Le résultat est connu de tous. Le problème dans ce pays est que nous refusons toujours de voir l’évidence, car nous voulons toujours tricher. Pour avoir été longtemps stigmatisés, les Bamiléké ont développé une attitude de méfiance vis-à-vis des pouvoirs publics. Ils se sont forgés par la même occasion, le devoir de cultiver un esprit d’excellence auprès de leur progéniture car ils sont convaincus qu’à mérite égal, un enfant bamiléké n’aura pas les mêmes chances qu’un autre. De grâce, messieurs les décideurs, que le problème bamiléké soit une bonne fois pour toutes posé sur la table, pour un débat. Celui qui peut rendre service à tout le monde ; car une grande domination d’une seule ethnie peut à la longue créer des envies et des jalousies qui peuvent compromettre la paix sociale.

Vouloir, c’est pouvoir

A force de poser le problème de la domination bamiléké par la mauvaise méthode, les pouvoirs publics contribuent à rendre ce problème plus épineux qu’il ne l’est en réalité. De la même manière que rien n’est acquis de façon naturelle, autant on doit inculquer à notre jeunesse que tout s’obtient au bout de l’effort. Vouloir, c’est pouvoir a-t-on coutume de dire. Exemple. Dans les années 1980-1990, l’équipe nationale fanion était dominée par la présence massives des ressortissants Bassa. En ces temps-là, le football était alors réservé aux seuls passionnés qui servaient le drapeau sans grand intérêt pour l’argent. Mais il a fallu que le football devienne une activité très lucrative pour que de plus en plus, un grand nombre de Bamiléké soient présents au sein de l’effectif des Lions indomptables aujourd’hui. Ils le doivent à une chose. En avoir exprimé la volonté, avoir produit les efforts pour arriver. Vouloir, c’est pouvoir…

 

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