Cameroun - Economie. Bolloré : train-train et cinéma

Clarisse Juompan-Yakam | Jeune Afrique Jeudi le 28 Juillet 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Bolloré, Bolloré… Ce nom ne suscite pas forcément chez les Camerounais l’aversion escomptée par ses détracteurs occidentaux.

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Et pour cause : en juin, l’industriel français leur a offert Canal Olympia, l’unique salle de cinéma du pays, la première depuis les années 1990, d’une capacité de 300 places. Une dotation sans doute essentielle pour un État qui aime se faire des films, convaincu que la voix de son président est écoutée sur l’ensemble de la planète, que son équipe de football reste l’une des meilleures du monde.

Deux ans auparavant, Bolloré avait gratifié les Camerounais d’un train « rapide » baptisé Inter-City, circulant entre Yaoundé et Douala. Une pure merveille pour parcourir les 265 km qui séparent les deux principales villes du pays en 3 h 40 min. Jusqu’alors, les habitants de « l’Afrique en miniature » n’avaient qu’une alternative : l’avion par intermittence ou la route et ses hécatombes : en moyenne 1 300 décès chaque année, les accidents de la circulation étant la troisième cause de mortalité, derrière le paludisme et le VIH/sida.

Impondérables

La gratitude camerounaise s’explique, d’autant que le projet est beau, du moins sur le papier. Deux départs quotidiens dans chacune des villes. Des hôtesses qui ont du chien, bien davantage que celles de l’agonisante Camair Co. Des tarifs accessibles, calqués sur ceux du transport routier, et des… rafraîchissements.

Tout est donc très beau. Alors pourquoi en parler ? Parce que chez Bolloré, actionnaire à 77,4 % de Camrail, le concessionnaire du chemin de fer camerounais, on ne gère pas les impondérables, qui sont légion. Les deux heures de retard au départ de Yaoundé s’accompagnent inéluctablement d’un arrêt inopiné de même durée, sans explication.

    Ne rêvez pas trop : le service a des limites

À l’heure au départ de Douala, l’Inter-City n’échappe pas à deux autres arrêts intempestifs, dont les motifs, cette fois, sont livrés par une voix ahurie : un autre train est parti d’une autre localité ; il y a des travaux sur les voies. Que de l’imprévisible, donc. Et les rafraîchissements, pendant ces quelque quatre heures de retard devenues la norme ? Ne rêvez pas trop : le service a des limites. Si vous désirez autre chose, vous n’avez qu’à l’acheter.

Rembourser aux usagers le prix de leur billet de train pour les dédommager de tous ces désagréments ? Une hérésie à laquelle la compagnie ne songe sûrement pas. Ils doivent se contenter des plates excuses de l’hôtesse, bredouillées à grand-peine. En France, face aux retards incessants des trains, à la réduction des offres Intercités, à la multiplication des transferts sur route – les Camerounais séquestrés des heures durant dans des wagons surchauffés ne cracheraient pas dessus – et au mécontentement des usagers, un colloque réunira en septembre des responsables politiques, des professionnels des transports, des experts ferroviaires, des économistes et des usagers.

Leurs missions : trouver les moyens d’exploiter le réseau français pour répondre aux besoins des voyageurs et des chargeurs, dégager de nouveaux moyens financiers pour développer l’activité ferroviaire, suggérer une gouvernance pour le système ferroviaire… Bolloré pourrait s’en inspirer. À moins qu’il ne considère que disposer d’un chemin de fer est déjà en soi un énorme privilège…
 

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