Cameroun - Consommation. Boissons naturelles et Gazeuses. Des brasseurs de la rue aux jus à risque

Antoine Dimitri Goulongo | Le Courrier Mardi le 01 Novembre 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La vente des boissons gazéifiées a le vent en poupe au Cameroun. Dans les rues de Yaoundé, la fabrication des jus à base des fruits a droit de cité. A ciel ouvert, les villes de Douala, Yaoundé et bien d’autres du pays sont servis. Les spécialistes au même titre que des médecins conseillent la stricte prudence pour ce qui est de la consommation de ces boissons de la rue. Le marché étant inondé de moult produits tout aussi contrefaits, la santé des consommateurs est en danger.

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Production. La régulation de la filière préoccupe


C’est ce qui motive des inspections orchestrées par le ministère du Commerce dans certaines structures basées au Cameroun.

Le respect des normes environnementales, les conditions de fabrication, les conditions de commercialisation, la vente des produits tout court. Voilà ainsi abrégé les indications que donne le ministère camerounais du Commerce à propos de la production et de la commercialisation des boissons gazéifiées. Et à Ombe, localité située à environ 100 km de la capitale économique, on peut quand même se rendre à l’évidence, que les règles du jeu sont respectées. Ici nous sommes en pleine découverte, dans une usine de production de l’une des boissons qui fait ses tout premiers pas sur le marché camerounais.

Et sur la question de la qualité, l’on peut entendre dire qu’au Cameroun, «excepté deux principaux jus vendus sur nos marchés, les autres sont tout simplement des produits chimiques, des produits à risque que consomment les populations ignorantes, parfois sans modération», explique l’air rassuré, Aboubakar Abassi, chimiste.

Des milliers de boissons existantes sur le marché sont en effet, produits hors normes. Des goûts aussi divers, l’on apprend que les Camerounais pour la plupart, consomment des boissons fabriquées à base des édulcorants. D’ailleurs, poursuit notre source, «c’est pour cette raison que le ministère du Commerce conjointement avec l’agence des normes et de la qualité, ainsi que le ministère de la Santé publique se sont récemment réunis autour d’une table pour trouver des solutions qui aideront à résorber ce problème dont l’importance n’est pas à négliger ». Eu égard de cela, la régulation de la filière constitue une préoccupation pour les acteurs.

Raison : c’est parce que le marché de commercialisation des boissons gazéifiées tant à perdre de la confiance quant à la qualité, face à cette pluie d’offre. Et comme si cela ne suffisait pas, ces derniers temps, l’on observe une autre catégorie des brasseurs qui arrive : ceux qui se disent fabricants de jus naturels.

Toutefois, tranche Abdouraman Djamil « ce n’est pas parce que l’offre est abondante et que tout se confond dans ce méli-mélo que le consommateur devrait se dire qu’il n’y a rien de bon, même si je me demande personnellement à quelle norme obéit de ces autres boissons pressées dans des robots à base d’une eau dont la provenance est douteuse » soutient ce chef des ventes et du marketing.

Stockage

L’autre problème et non des moindres qui préoccupe les régulateurs relève du stockage des boissons gazeuses. De fait à l’usine de production, tout devrait être selon des experts, pris en compte. Chez Nabco par exemple, les produits parmi lesquels figurent ces boissons sont gardées dans un entrepôt. Ici, certainement rien à reprocher sur les conditions de conservation car « nous qui produisons, savons bien qu’il y a une température à laquelle ces boissons doivent être conservées », indique un responsable d’entrepôt. Généralement, sans toutefois pouvoir nous donner la température exacte, le jeune homme précise tout de même que les boissons gazeuses et même celles naturelles que l’on consomme dans la rue, ne doivent pas être exposées au soleil. Pourtant, c’est ce qui fait la mode dans les marchés de Douala et Yaoundé. Selon Aboubakar Abassi, les commerçants doivent bien le savoir : les produits chimiques contenus dans des aliments, fussent-ils des boissons, se transforment en véritable poison lent. Le cas par exemple du sucre que les «brasseurs » de la rue ajoutent dans ces jus obtenus à base des fruits pressés. Ainsi, « les commerçants doivent savoir que les produits que nous fabriquons se conservent mieux à l’abri du soleil », rappelle-t-il. Cependant, «les consommateurs, gagneraient à se réconcilier avec le naturel fabriqué dans des conditions d’hygiène et de propreté. », conseille-t-il. Autrement dit, faire recours de moins en moins aux produits gazeux qui courent les rues.

 

 

Concurrence. La guerre des prix

L’offre étant devenue grande, le marché inondé des jus de variétés diverses entraine de facto une concurrence accrue. Les consommateurs de la rue ont le choix entre les boissons à base d’édulcorant et celle obtenues à base des fruits pressés auxquels on y ajoute du sucre.

Avant de parler des prix de vente des boissons hygiéniques sur le marché, la première chose que la ligue des consommateurs conseille c’est de s’enquérir tout d’abord de la date de péremption du produit. Ce que beaucoup ne font pas. en fait, selon la ligue des consommateurs, cela relève tout simplement de l’ignorance. en effet pour tout produit qui se consomme ou non, le client ou l’acheteur devrait avoir des informations sur son origine, ça qualité et surtout sur les normes régissant sa fabrication. en tout état de cause, il faut dire que la pluie d’offre a tout simplement entrainé une guerre des prix ; avec parfois pour conséquence, un effet négatif sur la fabrication de ces produits qui meublent les rayons ou courent désormais les rues principalement dans les métropoles de Yaoundé et Douala. C’est que, sur le champ très tumultueux de la concurrence, chacun y va de ses moyens. Mais, précise Mohamed Djamil, «la stratégie marketing à l’unanimité chez les consommateurs c’est le visuel ; ainsi du point de vue du conditionnement, nous à Nabco, avons choisi d’axer notre production actuelle sur les bouteilles de 0.5l ». A en croire notre source, il est tout à fait évident que les petits conditionnements induisent une déflation sur le coût.

Autrement dit, face à ce grand boom des boissons hygiéniques et naturelles, les commerçants ont dû revoir les prix qui varient à peu près aujourd’hui entre 200 et 250 F pour le 0.5l et 300 à 400 F pour le 1.5l. et pour ce qui est des jus obtenus à base des fruits pressés, le verre coûte entre 250 et 500 F. Pareille pour le Kossam, fabriqué aussi dans des conditions très peu connues des consommateurs. bien plus les prix de ces boissons, dépendent aussi des espaces de commercialisation. Ils se fixent en fonction du volume ou simplement de la marque du produit.

Normes

Si les boissons commercialisées en grande surface obéissent certainement à une norme, il faut dire que ce n’est pas toujours le cas pour les jus fabriqués ou vendus à la criée dans la rue. C’est encore ici une autre guerre des prix. entre 150 et 200F les passants s’offrent une bouteille de jus aux couleurs diverses.

Versés dans une brouette que le vendeur ballade en longueur de journée, leurs étiquettes ne portent aucune indication sur la norme et la qualité. Sur la question de la provenance, aucune réponse n’est donnée par le vendeur. en fait, ce qu’il sait, c’est qu’il est livré par un grossiste qui les stocke pour sa part, dans un coin bien «sécurisé» de sa boutique. C’est donc pour craquer cette triche que l’Agence de Normes et de la qualité effectue de manière régulière des descentes sur le terrain afin de sévir dans ce fourbi. Aussi, est attendu sur ce terrain la traque, les services d’hygiène et de salubrité pour ce qui est contrôles autour des jus de fruit pressés à ciel ouvert.

 

 

 

 

Eaux Minérales. Une autre brasserie de la rue.

La floraison et la commercialisation des boissons hygiéniques n’excluent pas celle des eaux minérales dont la qualité n’est pas toujours celles escomptées par les consommateurs. Sorties des forages, des sources et tout autre endroit inconnus, la provenance suscite des interrogations.

Tout comme les boissons hygiéniques, les eaux minérales pétillent dans les rayons des supermarchés. Et selon Abassi Aboubakar, c’est une filière qui doit aussi être régularisée au vue des boissons qui sont vendues. En effet, apprend- t-on de ce chimiste [toutes les eaux commercialisées ne sont pas minérales.

Il y a un certain abus des fabricants véreux qui profitent de l’ignorance des consommateurs pour leur adresser des messages dans des publicités mensongères], affirme-t-il.

Pour lui, plusieurs boissons à risque sont commercialisées au Cameroun. En effet souligne-t-il, [beaucoup de ces eaux ne sont pas des eaux minérales comme on le fait souvent croire aux consommateurs. Surtout les eaux vendues dans les sachets sont un véritable bouillon à microbe]. De toute évidence, certaines statistiques ont récemment montré que, 80 pour cent des maladies au Cameroun sont hydriques.

Sur le marché camerounais, on compte pas moins d’une dizaine de marques pour ce qui est des eaux minérales.

La nouvelles venue et qui se livre dans une véritable guerre de positionnement, c’est Opur. Face à la rude concurrence des anciens Supermonts, Tangui et bien d’autres. Mais selon certains spécialistes, toutes les eaux qui sont commercialisées ne sont pas toujours naturelles. [Pour parler d’une eau minérale naturelle, explique un chimiste, il y a des conditions préalables à savoir que cette eau n’a subi aucune transformation ; on ne doit y rien ajouter]. Malheureusement, plusieurs de ces boissons sont vendus sur le label d’eau minérale naturelle, sans toutefois l’être vraiment. C’est clair que des études faites, [nous avons fini par comprendre que sur le marché camerounais, il n’existe pas vraiment d’eau minérale naturelle car, la composition minéralogique des eaux vendues a subit au moins un traitement.], affirme M Aboubacar.

Selon ce chimiste, dans une eau dite minérale, il ne faudrait y ajouter, encore moins y extraire aucun élément. En tout cas, le problème réside surtout du lieu de extraction de ces eaux peut-on ainsi retenir de notre source.

 

 

 

 

ABASSI ABOUBAKAR «toutes ces boissons ne sont pas énergétiques»

Directeur d’usine chez Nabco, le chimiste parle des dangers et de la qualité des boisons gazéifiées et des jus naturels auxquels on y ajoute du sucre.

quels sont les produits dangereux que vous savez commercialisés dans nos marchés ?

Sans toutefois vouloir indexer quelque producteur que ce soit, je vais simplement vous dire qu’au Cameroun, hormis Orangina et spécial pamplemousse, tous les autres produits que vous voyez inonder nos marchés sont des émissions 100 pour cent chimiques. et qui dit cent pour cent chimique, dit tout simplement que le produit n’est pas stable car dès que les conditions de stockage comme ce qui est monnaie courante chez les détaillants camerounais ne sont pas respectées, le produit devient dangereux pour le client qui le consomme. Il en est de même pour les eaux dites minérales que beaucoup de camerounais consomment et les jus dits naturels auxquels on ajoute du sucre ; très dangereux pour les consommateurs.

Et quelles sont les dispositions à prendre par les commerçants pour que ces boissons ne perdent pas de leur qualité, lorsque l’on sait déjà que beaucoup sont faits de produits chimiques quand on n’y a pas ajouté du sucre ?

Pour avoir un produit stable dans la durée, nous déminéralisons légèrement l’eau utilisée pour la fabrication et nous y ajoutons nos différents ingrédients; ce qui stabilise le produit.

Mais des inspections faites par les structures compétentes dans les entreprises locales ont fait état de ce que beaucoup de sociétés locales oeuvrant dans la fabrication des boissons gazeuses n’opèrent pas cette étape. et c’est encore plus grave lorsqu’un produit, fut-il naturel, est pressé dans la rue dans des conditions d’hygiène inquiétantes. Mais la raison que ces sociétés sus-évoquées avancent est que la déminéralisation coûte trop chère.

Vous êtes installé dans la zone magzi de la bourgade d’Ombe dans le sud-ouest du cameroun. qu’est ce qui a justifié ce choix ?

En parlant des boissons gazéifiées, il faut tout d’abord dire que la matière première principale c’est de l’eau. Nous y avons comme toute usine, investie pour des besoins d’eau pour notre production des boissons gazeuses. en effet les études qui ont été menées sur le terrain nous ont permis de comprendre que les eaux au niveau du mont Cameroun sont de meilleure qualité.

l’eau qui doit être utilisé pour la production des boissons gazéifiées doit être légèrement déminéralisée afin que le produit soit résistant une fois sur le marché, aux intempéries du quotidien.

D’autant plus que les produits qui y sont ajoutés sont chimiques et la réaction lorsque ces boissons ne sont pas bien conservées, peut être immédiate. le produit se dégrade et ne présente plus sa composition initiale.

Est-ce que le fait pour votre société de le pratiquer n’émane pas simplement du fait que vous être jeune et voudrez-vous attirer la clientèle?

Je ne pense pas. Nous à Nabco, nous travaillons selon les normes. Voyez-vous, on s’est tellement soucié du consommateur que, nous avons instruis à nos réseaux de distribution de procéder à des sensibilisations. Nous leur demandons de présenter aux détaillants les bienfondés de ne pas laisser les produits Vigo par exemple trainer au soleil. bien plus, nous travaillons sur la base d’une certification sanitaire. Je peux même vous dire en tant que chimiste, que contrairement aux autres industriels qui utilisent essentiellement les produits chimiques, nous optons pour l’utilisation de 5 pour cent des produits naturels.

Propos recueillis par

Un enquête de Antoine Dimitri Goulongo

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