Cameroun - Politique. Bilan : Où va le bateau du capitaine Yang?

Georges Alain Boyomo | Mutations Lundi le 27 Juin 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Anniversaire : Le gouvernement Yang, 2 ans après Dans un pays où l’on annonce un remaniement ministériel à peine l’encre ayant constitué le précédent séché, il est sans doute intéressant d’évaluer le parcours de l’équipe que conduit Philemon Yang depuis le 30 juin 2009.

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Date à laquelle, comme c’est généralement le cas, les caprices de la météo politique camerounaise ont permis aux uns de jubiler du fait de l’entrée dans le gouvernement d’un des leurs ou d’accuser le coup du fait de leur sortie.
Au-delà des scènes d’euphorie ou de dysphorie, se dessinait surtout sous l’avènement de ce gouvernement Yang, l’espoir de voir les choses véritablement changé après des actions à l’impact questionnable de l’équipe d’Ephraim Inoni. Lequel était aux commandes depuis 2004 et dont l’évocation récurrente dans certains procès liés à l’Opération Epervier avait fini par fragiliser le socle.

L’espoir chevillé à l’équipe Yang était surtout lié à une communication. Celle délivrée par le chef de l’Etat, Paul Biya, à l’occasion du conseil des ministres du 3 juillet 2009. Inertie, corruption, sous-consommation des crédits, manque de solidarité gouvernementale, répercussions de la crise mondiale sur le Cameroun, tout ou presque y était passé. Surtout le chef de l’Etat donnait rendez-vous dans six mois aux responsables en charge de questions énergétiques pour une évaluation. Traduction, ceux qui ne se montraient pas à la hauteur des attentes placés en eux, s’exposaient à la colère présidentielle. Deux ans après, en l’absence d’une communication officielle sur la question, Mutations en propose une. Sur des segments que la rédaction a jugé dignes d’importance. Cette évaluation, qui se situe à 4 mois de l’élection présidentielle, permettra du reste, estimons-nous, au citoyen électeur d’avoir des clés pour interpeller les présidentiables sur des points précis de leurs manifestes électoraux lors de la campagne électorale à venir.

2 ans après la formation du gouvernement dirigé par ce magistrat et en dépit de quelques actions d’envergure, le brouillard vers l’atteinte des objectifs reste épais.

Recrutement de 25.000 jeunes diplômés à la Fonction publique, situation à la Camair-Co , la compagnie nationale de transport aérien, construction du barrage de Lom Pangar, problèmes d’eau et d’électricité, voilà quelques patates chaudes que l’équipe conduite par Philémon Yang gère avec plus ou moins de bonheur depuis quelques temps. Les attentes étant particulièrement des citoyens camerounais fortes sur ces dossiers, le gouvernement propose des solutions, qui ont souvent le démérite de ne pas offrir toutes les clés de compréhension aux principaux bénéficiaires. Pourtant, en convoquant l’ensemble des ministres et assimilés au palais de l’Unité le 3 juillet 2009 pour un conseil de ministres, Paul Biya était allé de constats et d’instructions fermes pour remobiliser ses troupes. «Mon objectif n'a pas changé.

Il s'agit, à travers la politique des «grandes ambitions» définie au début du septennat, d'assurer le développement de notre pays et d'améliorer les conditions d'existence de notre population. Si, incontestablement des avancées ont été réalisées, les résultats obtenus n'ont pas été à la hauteur de toutes nos attentes. Il était donc nécessaire de se demander pourquoi, d'identifier les obstacles rencontrés et d'en tirer les leçons», avait indiqué d’emblée le président de la République. Avant de dénoncer l’inertie, le manque de dynamisme et la corruption qui perdurent. Paul Biya soulignait du reste qu’une politique de développement dynamique doit s'appuyer sur une gestion budgétaire rigoureuse, mais celle-ci ne doit pas constituer un frein à l'activité économique. Il relevait qu’une politique de crédit plus ouverte, un soutien éventuel de l'Etat et bien entendu une meilleure consommation des crédits, doivent accompagner les efforts de relance du gouvernement.

«Nous devons mettre en oeuvre un programme de développement énergétique qui réponde à nos potentialités. Trop de temps a été perdu. Trop d'efforts dépensés en pure perte. Les responsables de ce secteur devront dans les six mois rendre compte des actions entreprises», avait également déclaré le chef de l’Etat. Tout en indiquant que développement économique du Cameroun ne doit pas faire oublier au gouvernement cette autre mission préliminaire du gouvernement qui consiste à apporter aux populations un réel progrès dans les domaines de l'éducation, de la santé, des moyens de communication et de l'accès à l'eau et l'électricité. «Je n'ignore pas que des efforts considérables ont été faits s'agissant de l'éducation et de la santé mais le déficit reste important pour l'eau et l'électricité. Il faut absolument y remédier. J'attends de ce gouvernement réaménagé qu'il donne un nouvel élan à son action en particulier dans les secteurs où une certaine forme de routine ou d'inefficacité paraît s'être installée. J'attends aussi de lui qu'il remette en vigueur l’usage des feuilles de route qui parait être tombé en désuétude. J’attends enfin qu'il manifeste dans son action une réelle cohésion et une véritable solidarité qui sont les gages du succès», avait conclu Paul Biya.

Evaluation
Mais comment évaluer l’action du gouvernement Yang, 24 mois après en l’absence d’un conseil des ministres ? En effet, depuis le 3 juillet 2009, Paul Biya n’a plus convoqué ses ministres au palais présidentiel d’Etoudi. Cependant, à l’analyse, l’on se rend bien compte qu’en matière d’eu et d’énergie, le Cameroun n’est pas sorti de l’auberge. Les problèmes récurrents d’électricité et d’eau ces derniers temps à Yaoundé et Douala, pour ne citer que ces villes, sont éloquents à cet égard. Le délai d’évaluation des responsables est, quant à lui, forclos depuis longtemps… «Le système de gouvernement camerounais ne nous a pas habitué à une pratique régulière et routinière des conseils de ministres. Rien ne contraignant officiellement le président à le convoquer parce qu’il s’agit d’une instance coutumière, ces conseils ne sont organisés que de manière fort irrégulière.

Cette manière de procéder peut comporter un certain nombre de désavantages quant à la lisibilité de l’action gouvernementale et à la façon dont elle est politiquement affichée», explique le politologue, Mathias Eric Owona Nguni. Bien que ce dernier reconnaît que «La forme des conseils des ministres telle quelle est pratiquée au Cameroun est une forme qui est marquée par le caractère bien circonscrit des communications. Lesquelles communications généralement pensées de façon à ce que le débat ne soit pas mené de manière soutenue. Quant au suivi, il est extrêmement difficile d’en apprécier l’intensité et la consistance. Cela est d’autant plus vrai que l’irrégularité des conseils des ministres ne milite en faveur d’un suivi efficace. Et puis, malgré l’existence des conseils de cabinet, l’irrégularité des conseils des ministres complique les processus gouvernants d’évaluation et favorise leur informalité».

 

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