Cameroun - France. Bernard Ouandji : « Hollande rétablit l’Upc dans son rôle légitime »

Mutations Mercredi le 15 Juillet 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le président de l’Upc analyse la posture du président français sur l’ouverture des archives historiques du Cameroun.

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François Hollande était au Cameroun le 3 juillet, il a admis que l’Armée française a exercé une répression contre les indépendantistes; le président français a-t-il ainsi satisfait vos revendications?

Suite à la déclaration du président français, beaucoup de militants et surtout des anciens combattants et prisonniers politiques sont venus me voir ou m’ont appelé. Tous se sentent soulagés. Jusqu’à cette déclaration, on nous taxait de tous les noms d’oiseaux, rebelle, maquisard etc. D’une génération à l’autre, les militants de l’Upc ont été victimes de l’ostracisme, qu’ils soient fonctionnaires ou commerçants. Compte tenu de la coopération entre les services secrets français et les autorités camerounaises, la France avait depuis fort longtemps installé à la présidence de la République un ordinateur hyper puissant qui nous tenait à l’œil, un Clay. C’est à cause de ces fichiers que ma liste aux législatives du 30 septembre 2013 a été éliminée, car deux anciens maquisards y figuraient comme candidats ; même l’amnistie de 1990 n’avait pas effacé les fichiers estampillés Rouge. La reconnaissance prononcée par le président français sonne pour nous comme une délivrance existentielle ; cette reconnaissance que nous sommes des indépendantistes réhabilite les morts et délivre ceux qui portent encore le flambeau. Le 3 juillet 2015 restera une bonne date pour nous, car c’est le 13 juillet 1955 qu’un décret du gouvernement français avait prononcé l’interdiction de l’Upc pour soixante ans! C’est même à son corps défendant que la France a vu que Paul Biya a laissé fonctionner l’Upc sous Augustin Kodock !

Certains se gargarisent d’avoir mené une pression médiatique pour aboutir à cette déclaration…. Et vous?

Loin s’en faut. François Hollande dès son premier voyage en Afrique en octobre 2012  avait énoncé sa vision des relations entre la France et l’Afrique fondée sur la sincérité et le partenariat.  Dès le lendemain  c’est le vice-président de mon Bureau qui m’avait suggéré d’écrire au Président français pour le prendre au mot.  Le président français  m’a répondu dès le 15 novembre 2012 : pour la première fois un président de la République française écrit au président de l’Upc ès qualité ! Mon Bureau était ému et ce fut le déclenchement de la normalisation des rapports entre le France et l’Upc, par voie diplomatique. Mon bureau a eu trois ou quatre échanges épistolaires tantôt avec l’Elysée, tantôt avec le PS, le parti au pouvoir en France, avec pour finalité la normalisation des rapports entre le France et l’Upc. Sans surprise, le 3 juillet à Yaoundé, François Hollande s’est montré sincère en acceptant d’ouvrir les archives pour lire la vérité, sincère avec lui-même sans pression aucune et mérite félicitations. L’Upc félicite tout autant son Excellence Paul Biya d’avoir bien voulu inviter M. Hollande en dépit du climat délétère qui régnait dans les médias.

Un nombre d’intervenants sur les médias rendent la France responsable de tout, de notre retard économique, de notre F Cfa … y compris des cadres de  l’Upc. Certains disent ce bout de phrase de François Hollande c’est très peu, qu’il faudrait s’incliner comme à Sétif en Algérie ; d’autres disent qu’il faut des réparations…. Et vous?

Le plus important pour nous était de laver le nom de la famille dans l’Honneur, voilà la vraie réparation. J’ai eu à rencontrer de nombreux dirigeants de partis indépendantistes africains et tous évoquaient avec respect les noms des dirigeants de l’Upc. En février 2000, Mme Nzuma était venue en mission de médiation au Burundi avec Nelson Mandela ; elle m’a décrit l’aide que l’Upc a apportée à l’Anc, notamment elle affirmé que c’est Ernest Ouandié qui les avait convaincus d’entreprendre la lutte armée parce que le procédé de non-violence à la Ghandi s’enlisait depuis des décennies. En 2003, l’Ambassadeur d’Algérie en Angola m’a dit que l’Upc personne morale venait d’obtenir une distinction à l’occasion du quarantième anniversaire de l’Algérie ; en particulier Ernest Ouandié a formé des officiers algériens à la lutte de guérilla ; et d’autres actions menées à cette époque par d’autres camarades dont Hogbe Nlend. Mes deux interlocuteurs  cités déploraient le fait que la description du rôle de l’Upc dans le processus d’indépendance du Cameroun soit dévoyée ou tronquée. La déclaration du Président français le 3 juillet rétablit l’Upc dans son rôle légitime lors du processus d’indépendance de notre pays : c’est nous les indépendantistes. Nous sommes fiers.

Propos recueillis par I.H

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