Cameroun - Transports. Bernard Ouandji :Le business plan de Camair-Co est voué à l’échec

Mutations Jeudi le 10 Septembre 2015 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Extrait d’une interview publiée le 05 juin dernier dans les colonnes de Mutations.

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Comment percevez-vous cette nouvelle crise à Camair-Co à un moment où l’on parle d’un plan de relance de la compagnie ?

 



Camair-Co n’aura jamais un cash-flow positif tant qu’elle exploite le Dja. Le business plan de Camair-Co est voué à l’échec, parce qu’il prend pour point de départ le Boeing 767 dénommé Le Dja que Camair avait laissé. Ceux qui ont formulé le business plan de Camair-Co sont des politiciens de Yaoundé qui se sont dit « on a un avion Le Dja, on le fait réviser en Irlande puis on l’affecte sur la ligne Paris » ; c’était l’erreur fondamentale, car suite à quatre années d’immobilisation du Dja, on n’était plus sûr de rien et il s’est avéré que le coût de l’heure de vol du Dja (consommation d’essence, pièces de rechange) est deux fois le coût d’un B 767 de nouvelle génération ; rappelons que le Dja pointe plus de vingt cinq ans au chrono.


Deux avions chinois neufs MA60 ont été affectés à Camair-Co, mais, certains experts disent que ces avions à hélice ne devraient pas rentrer dans le business plan de la compagnie qui aurait plutôt besoin d’avions à réaction ; partagez-vous cet avis ?



Même du temps glorieux où Camair comptait quatre Boeings, deux avions à hélice faisaient l’appoint lorsque les B737 allaient en révision et, en tout cas, ces avions à hélice faisaient les pistes d’atterrissage non bitumées comme Kribi ; Batouri ; Bertoua ; Bafoussam. Toutes ces pistes ne sont pas goudronnées aujourd’hui. Par conséquent, les avions à hélice sont tout à fait intégrables dans le business plan de notre compagnie nationale (…) Le MA60, certes fabriqué en Chine, est équipé de deux moteurs qui sont fabriqués par Pratt & Whitney Canada ; cette société motorise à l’identique l’ATR-42, un turbopropulseur franco-italien qui est le rival direct du MA60. De plus, l’avionique du MA60 a été améliorée par la firme américaine Rockwell Collins et est essentiellement d’origine américaine, comme la quasi-totalité des avions de ligne mondiaux. Certes le MA60 a été lancé dans un contexte où la guerre géo-économique fait rage, alors sa moindre défaillance est amplifiée dans les médias occidentaux. Figurez-vous que la Nouvelle Zélande a obligé Tonga à prendre un avion britannique pour transporter les touristes néo-zélandais qui partent visiter les îles Tongas et à immobiliser le MA60 que la Chine a remis en cadeau et qui a volé huit mois sans accroc…

Pour relancer la compagnie, on parle d’une nouvelle injection de 30 milliards F Cfa…



Il ne faut surtout pas renflouer Camair-Co! Dans les études de cas à la Business school, on appelait ça « to throw good money after bad money ». Soulignons que les pannes fréquentes du Dja et des vieux avions loués ont fait fuir les clients pourtant enthousiastes au lancement de Camair-Co. Avec un taux de remplissage de 18% sur la ligne de Paris, Camair-Co n’était même pas capable de couvrir le coût du carburant.


Propos recueillis par J.D.B

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