Lutte contre Boko Haram. Bakary Yérima Bouba : « Les imams indélicats sont sanctionnés »

Mutations Vendredi le 05 Juin 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le lamido de Maroua présente les mesures prises pour éviter l’enrôlement des jeunes dans la secte Boko Haram.

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La guerre contre Boko Haram crée généralement une psychose au sein de la population. Quelle est l’état de lieu de celle de Maroua?

 

La population de Maroua vit dans la sérénité parfaite. Les hommes et femmes du département du Diamaré ont un moral de fer face à la nébuleuse Boko Haram. Pour l’instant, la situation est calme à Maroua et les populations vaquent normalement à leurs occupations quotidiennes. C’est vrai que toutes les guerres ont des conséquences sur la population et sur l’économie. S’agissant du volet économique qui pour corolaire la dureté de la vie, nous avons retroussé nos manches, bien avant les attaques de Boko Haram dans notre pays. Aussi, depuis des années, tous les jeudis les Imams de Maroua et moi se retrouvent pour prier pour la prospérité de notre pays. Et, tous les vendredis, dans les 685 petites mosquées et les 32 mosquées de Maroua, elle est consacrée aux problèmes du Cameroun. Notamment les problèmes sécuritaires. Vous savez qu’en tant que chef de famille et responsable de tous les chefs de ville, je ne dors pas depuis que nous sommes attaqués par Boko Haram.

 

Que faites-vous alors pour maintenir la paix et la sérénité à Maroua ?

 

Mon rôle est de sensibiliser la population sur la situation sécuritaire à l’Extrême-nord et les dangers que représente la secte obscurantiste Boko Haram sur notre quotidien. Pour cette raison, nous sommes très vigilants sur la moralité des musulmans qui fréquentent nos mosquées. Lorsqu’un nouveau fidèle arrive pour la première fois dans une mosquée de Maroua, je suis immédiatement informé.  Sans doute, j’informe immédiatement l’autorité administrative le plus proche : les forces de maintien de l’ordre et les sous préfets et dans une moindre mesure le préfet du département du Diamaré.

 

Sous d’autres cieux les imans sont accusés de véhiculer des messages jihadistes. A Maroua que faites-vous pour discipliner vos imans ?

 

Nous contrôlons nos imans, dont la plus part sont les chefs des quartiers de Maroua. L’objectif étant qu’ils ne fassent pas l’apologie du terrorisme et ne transmettent pas les messages islamiques aux fidèles. De même, lorsqu’ un nouveau prédicateur arrive dans la ville, pour exercer il doit impérativement me voir pour une enquête de moralité. Cette enquête consiste à savoir d’où il vient, son idéologie religieuse et ses thèmes de prédication. S’il est convainquant, j’adresse une correspondance aux autorités administratives pour demander leur aval.  En tant que chef spirituel de la communauté, chef de tous les Imams, j’ai le droit de refuser qu’un nouvel prédicateur prêche dans nos mosquées. J’ai aussi le droit de destituer un iman de ses fonctions s’il s’écarte de nos directives.

 

Combien d’imans avez-vous déjà destitué de leur fonction?

 

Nous avons déjà sanctionné un seul imam. Ce dernier voulait nous mettre dans les problèmes. Il avait tenu un discours  peu loin de l’orthodoxie musulmane. Chose que nous n’avons pas toléré. Dans tous les cas, cet iman en question a compris et aujourd’hui il s’est résigné. Vous savez, lorsque quelqu’un prêche, il éduque la communauté musulmane. Mais,  il peut arriver qu’il s’écarte de la norme. Nous ne tolérons jamais  ces écarts. En effet, lorsque le prédicateur commence à s’écarter de la norme, nous lui coupons immédiatement le micro. Ce sont nos consignes.

 

Qu’est ce qui a été prévu  pour empêcher l’enrôlement des jeunes de Maroua  dans les rangs de Boko Haram ? 

 

Comprenez d’abord que le gouvernement a mis en place d’énormes programmes la faveur de la jeunesse de Maroua en particulier et de l’Extrême Nord en général.  A notre niveau, nous nous contentons de les sensibiliser sur les méfaits de la secte Boko Haram. Ceux qui sont oisifs nous essayons de les occuper. La preuve tous les enfants qui sont au lamidat ne sont pas les miens. D’ailleurs, au lamidat nous disposons de deux greniers. Le contenu de l’un, construits avant l’arrivé des colons dans notre pays, est distribué  aux nécessiteux, aux prisonniers, aux passant, aux déplacés, aux  aveugles. Nous construisons, nous rassemblons comme notre partie le Rdpc et non le contraire.

 

Propos recueillis par Pascal Dibamou

 

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