Lutte contre Boko Haram. BOKO HARAM : Fotokol respire, Gambarou sous pression tchadienne

YVONNE SALAMATOU | L’Oeil du Sahel Mercredi le 04 Février 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les armées camerounaises et tchadiennes sont passées à l’offensive contre la secte.

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Pressée d’en découdre avec la secte Boko Haram, l’armée tchadienne l’est assurément. Dans la matinée du 30 janvier 2015, une colonne de soldats tchadiens a quitté sa base de Maltam où elle était stationnée depuis le 18 janvier 2015, pour prendre position à Fotokol, jadis l’un des principaux objectifs de la secte après sa conquête de Gambarou, ville nigériane frontalière, le 25 août 2014. Dans l’après-midi du 30 janvier donc, le général tchadien commandant la colonne arrive à Fotokol. Ses troupes sont déjà sur place. Assis sur une natte et entouré de quelques officiers camerounais, il déclare sans ambages : «j’ai un mois, et je suis là pour réaliser ce qui m’a conduit ici» dit-il en substance à ses interlocuteurs.

«Dans quelques minutes, il y aura du spectacle», prévient-il au passage. Et, effectivement, peu de temps après, un déluge de feu s’abat sur la ville de Gambarou. Durant plusieurs heures, quatre avions de combats tchadiens bombardent les positions de Boko Haram à l’intérieur et aux alentours tandis qu’au sol, des blindés équipés de canon de 105 mm, des mortiers de 120 mm et des chars à chenille positionnés à Fotokol le long de la rivière El Beid, ne laissent aucun répit aux combattants de la secte. L’artillerie camerounaise qui a tenu en respect Boko Haram durant plusieurs mois, est également de la partie.

La veille, les combattants de la secte avaient tiré sur Fotokol pas moins de sept roquettes, mais cette fois ils sont restés étonnamment silencieux. Ils sont aux prises, il est vrai, avec un premier groupe de commandos tchadiens qui a franchi la frontière au niveau du village de Leimari, à moins de dix kilomètres de Fotokol et qui progresse dans Gambarou grâce aux frappes de l’aviation et de l’artillerie. Objectif : ouvrir un corridor sécurisé à l’intérieur de la ville pour un meilleur déploiement des troupes. Les combats sont violents. Aussi, le porte-parole de l’armée tchadienne, le colonel Azem Bermandoua, avancera plus tard le chiffre de trois morts dans les rangs de l’armée tchadienne un quatrième militaire est mort à Ndjaména et 123 combattants dans les rangs de la secte aux cours de ces premiers affrontements directs.

Toujours est-il que le lendemain, 31 janvier 2015, le pont sur l’El Beid, fermé à la circulation depuis de nombreux mois, a été momentanément ouvert pour laisser passer les renforts tchadiens. Preuve s’il en est besoin du recul de la secte dans cette ville hautement stratégique et symbolique. En quelques heures donc, l’armée tchadienne est parvenue à enfoncer les défenses de Boko Haram à Gambarou.

CHANGEMENT DE STRATÉGIE

Les objectifs de l’armée tchadienne apparaissent peu à peu au grand jour, mais toutes visent à déboucher ses fenêtres économiques sur le monde : Baga au Nigeria et le tronçon Maroua-Kousseri au Cameroun sur la nationale n°1. Il s’agit donc pour les deux colonnes tchadiennes entrées au Cameroun et au Niger, selon plusieurs observateurs, de sécuriser la frontière du Nigeria avec le lac Tchad, de Gambarou jusqu’à Mallam Fatori, ville conquise il y a quelques jours par les soldats tchadiens de la colonne Niger. «Les plans initialement adoptés ont été revus. Il s’agit dans un premier temps de bouter hors du lac Tchad, les combattants de Boko Haram qui voulaient en faire un véritable sanctuaire et infester toute la sousrégion. », rassure un officier camerounais sur zone. De fait, le lac Tchad est d’une importance vitale pour la secte comme l’a rappelé dans un twitt datée du 18 janvier 2015, son porte-parole, Shaikh Abu Mus’ab alias Albarnawi pour qui la conquête de Baga se justifiait aussi bien par son importance militaire que commerciale.

Dans les faits, l’armée tchadienne devrait reconquérir outre Gambarou, les bourgades de Woulgo, Tchoukou- Goudo, Garal, Krenoa, Malawachi, Wirgué, Monguno, Baga et garantir ainsi une de ses ouvertures économiques sur le monde. Autant dire, plusieurs places fortes de la secte dans l’Etat de Borno. Il en est ainsi de Wirgué, qui sert de grenier au butin amassé par la secte ici et  là. «Les milliers de têtes de boeufs, de chèvres et de moutons volés au Cameroun se trouvent à Wirgué. C’est dans cette bourgade que la secte stocke ses vivres», confirme d’ailleurs un commerçant résidant à Fotokol. Mieux, cette offensive tchadienne va à coup sûr déstructurer la secte, en ce sens qu’elle pourrait perdre sa nouvelle base de Krenoa.

Pendant ce temps, que fait l’armée camerounaise ? Selon des spécialistes militaires, son dispositif le long de la frontière avec le Nigeria dans le département du Logone et Chari est en train de se renforcer, question d’empêcher aux combattants de la secte d’y trouver refuge. «Le dispositif lourd de Fotokol devrait être allégé au fur et à mesure que les tchadiens vont progresser, pour mieux se déployer ailleurs. Des milliers de combattants de Boko Haram sont aujourd’hui positionnés à Saguir (Nigeria) et dans les environs et pourraient être tentés, malgré la rivière, de s’installer à Kamouna (Cameroun).

Avec les militaires tchadiens, il nous faut donc renforcer notre vigilance dans le secteur du lac Tchad», affirme une source introduite. Selon de nombreux observateurs des questions militaires, les gains de cette offensive tchadienne vont se faire ressentir rapidement sur le terrain des opérations au Cameroun. En coupant les lignes de communication et de ravitaillement de Boko Haram, il est certain que ses capacités de combat seront durablement affectées. «Les combattants de la secte ne pourront plus circuler librement d’un point à un autre le long de la frontière entre la région de l’Extrême-Nord et l’Etat de Borno au Nigeria. Nous devons toutefois rester vigilants car il n’est pas exclu que Boko Haram essaye de compenser ses revers militaires par des actions à grande échelle contre des cibles civiles», prévient toutefois un officier camerounais sur zone.
 

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