Cameroun - Cinéma. Arthur Si Bita: l’homme derrière « Les coopérants »

Monica NKODO | Cameroon-tribune Mardi le 15 Novembre 2016 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le réalisateur camerounais disparu le 12 novembre dernier à 68 ans était fou de cinéma et n’hésitait pas à partager son expérience avec la jeunesse et ses confrères.

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Un long métrage et une réputation bâtie à vie. Arthur Si Bita aura marqué son époque dans le cinéma camerounais avec « Les coopérants » (1983), un long métrage avant-gardiste, si l’on en croit ses amis et confrères cinéastes. « Quand on fait un film, ce n'est pas pour une époque ; on ne le fait pas une fois pour toutes », confiait à CT en 2005, celui qui a quitté l’univers artistique le 12 novembre dernier à 68 ans, victime d’un malaise cardiaque. « Il souffrait à cause de son cœur depuis huit mois », révèle son fils Justin Arthur Si Bita s’en est allé en plein FENAC, alors qu’il se consacrait à sa passion, le 7e art. Son œuvre majeure, ce film, sorti dans les années 80. D’après Jean-Marie Mollo Olinga, critique de cinéma et fidèle ami d’Arthur Si Bita, « Les coopérants se situe en pleine idéologie de la révolution verte et présente sept jeunes qui sortent de leur quotidien. Le film vise deux choses : la corruption et le tribalisme et c’est pourquoi il reste très actuel. »


Pour Jean-Marie Mollo Olinga, le réalisateur de regrettée mémoire a eu une idée de génie pour faire accepter son film, à une époque où le régime « était assez fermé » : il prend comme acteurs des icônes comme Gérard Essomba, Daniel Ndo, et emprunte même au sport et à la musique des vedettes, à l’exemple de Ashanti Tokoto et Anne Marie Nzié. « Les coopérants » c’est le premier et dernier long métrage de Arthur Si Bita. « Quand la caméra numérique arrive, il s’érige en résistant. Finalement, il a mis de l’eau dans son vin, et tourné un long métrage qu’il a promis de me montrer, mais que je n’ai pas pu découvrir, car il est parti avant », se souvient Mollo Olinga.


Tous ceux qui l’ont connu sont unanimes, il était amoureux de cinéma. Avant d’être réalisateur, il était un parfait cinéphile, qui ne ratait jamais une occasion de voir un film, comme ce soir de janvier 2016, au restaurant « La Terrasse » à Yaoundé, pendant la projection de « Toussaint Louverture », incarné par son ami Gérard Essomba. Il s’inspirait de François Truffaut, réalisateur français, critique de cinéma à ses premières heures. Certes, il n’a fait qu’un long métrage, mais sa carrière de cinéaste ne s’arrête pas là. II est l’auteur de plusieurs courts métrages et son action dans le 7e art est à mettre au crédit de son statut de critique de cinéma. Il est d’ailleurs l’un des premiers critiques de cinéma au Cameroun.
Arthur Si Bita était aussi un conseiller plein d’empathie pour les jeunes cinéastes, qu’il a accompagnés jusqu’à la fin, au cours du FENAC.  Fait chevalier de l’Ordre de la valeur le 8 novembre dernier, Arthur Si Bita, cinéaste et père de deux enfants, s’en va avec la reconnaissance de son travail.    

Ils se souviennent

« Arthur était de ma famille »
Gérard Essomba Mani, acteur.


« Arthur Si Bita était presque de ma famille, parce que mon frère et lui étaient des hauts fonctionnaires à l’époque coloniale. C’est donc à Maroua que j’ai connu la famille d’Arthur Si Bita. Et pour tout dire, c’est en 78 qu’Arthur m’a dit qu’il avait envie de tourner des films. Je lui ai demandé s’il avait déjà des antécédents et il m’a dit qu’il faisait des films en super 8, des petits westerns. Il m’a proposé de tourner un film en long métrage en 1982 « Les coopérants ». C’est le seul film qu’il a pu tourner alors et qui avait été financé. Malheureusement, ce film n’a pas eu une grande carrière.   Nous étions sur un projet vieux de trois ans et nous devions lancer le tournage en janvier. »

« J’avais beaucoup de respect pour lui »
Blanche Bilongo, actrice.


« Je suis trop triste parce que nous étions ensemble avant-hier soir (Ndlr : vendredi 11 novembre). Il était bien portant et comme toujours il m’appelait ma grande. Il était pour moi un père, un frère, un ami. C’est comme ça dans le  cinéma. Nous sommes tous amis et nous avons pratiquement le même âge. On rigole tout le temps mais chacun connaît sa place. J’avais beaucoup de respect pour lui comme il en avait pour moi. C’était quelqu’un de simple, de jovial. Je l’ai difficilement vu dans des accès de colère depuis pratiquement 15 ans que je l’ai rencontré. Il avait plein de projets et les financements étaient malheureusement le problème ».  

« Un bon travailleur qui aimait le cinéma »
Alphonse Béni, réalisateur.


« Je suis très triste parce que pendant plus d’un mois, j’ai travaillé sur un projet avec Arthur Si Bia. Et il y a deux jours, j’étais avec lui au FENAC, et après nous sommes allés dîner ensemble dans la soirée. Hier matin (Ndlr : samedi 12 novembre), nous étions ensemble à une conférence, puis je l’ai laissé et quand je rappelle trois heures plus tard, on me dit qu’Arthur est mort. Jusqu’à présent je n’y crois pas. Arthur c’était un bon travailleur qui aimait le cinéma. C’est l’un des meilleurs souvenirs que je garde de lui. Nous avions pour projet d’écrire un scénario ensemble, car mon prochain film je devais le faire avec lui.  »


Propos recueillis par MN

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