Cameroun - Politique. Après le tête-à-tête : Le nécessaire statut de l’opposition

Edmond Kamguia K. | La Nouvelle Expression Mardi le 14 Décembre 2010 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Cameroun est l’un des rares pays africains où l’opposition n’a pas de statut et où le leader de la principale formation politique de l’opposition parlementaire ne jouit pas des prérogatives et avantages qu’il mérite.

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On ne cessera d’épiloguer sur la rencontre en tête-à-tête entre le président Paul Biya et Ni John Fru Ndi, chairman du Social democratic front (Sdf), à Bamenda, le 10 décembre 2010,  à  l’occasion des festivités du  cinquantenaire des armées. Rencontre  à la fois historique et symbolique.  Historique par ce que c’est la première fois, depuis le retour au multipartisme à la faveur d’une loi du 19 décembre 1990, que le président de la République, qui est en même temps  le président national du parti au pouvoir, reçoit, en tête-à tête, le leader de l’opposition nationale.   Symbolique parce que le 10 décembre est la journée mondiale des droits de l’homme, une journée de commémoration de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Paul Biya reconnaitrait-il enfin le droit de John Fru Ndi d’accéder au statut de chef de l’opposition, avec les droits et obligations  qui y sont liés ?
 

Vers un statut sur mesure pour Fru Ndi
 


La question de l’attribution du statut de chef de l’opposition n’est pas L’attribution n’est pas simple.  Elle suscite beaucoup de polémique dans d’autres pays.  En 2004, le président sénégalais Abdoulaye Wade déclarait : “Je suis prêt à donner un statut au chef de l’opposition, ce qui n’existe nulle part ailleurs en Afrique”.

Le chef de l’Etat sénégalais  s’exprimait ainsi à l’issue d’un déjeuner offert en son honneur par son homologue français Jacques Chirac. Une déclaration simple qui n’était pas moins complexe. Du fait que malgré le fait que la Constitution de son pays consacre l’existence d’un statut de l’opposition, il n’y avait pas eu de début d’application.

La constitution sénégalaise proclame dans son préambule « la volonté du Sénégal d’être un Etat moderne qui fonctionne selon le jeu loyal et équitable entre une majorité qui gouverne et une opposition  démocratique, et un Etat  qui reconnaît cette opposition comme un pilier fondamental de la démocratie et un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique ».

L’élection législative sénégalaise de 2001 n’avait  pas pu régler l’épineuse question de l’attribution du titre de chef de l’opposition.  Me Abdoulaye Wade lui-même avait montré la complexité du sujet dans son pays en déclarant, dans une interview au quotidien national Le Soleil, que  “l’opposition au Sénégal, ce sont deux personnes : c’est Moustapha Niasse pour l’opposition parlementaire parce qu’il a le plus grand nombre de députés à l’Assemblée, et Tanor Dieng qui est le chef de l’opposition nationale parce qu’il a le plus grand nombre de suffrages.”

Dans les pays comme la Grande-Bretagne ou le Canada où il y a une seule opposition, du fait du bipartisme, le chef de l’opposition se dégage naturellement. Parce qu’il s’agit d’un régime parlementaire. Dans une démocratie véritablement parlementaire, le chef de l’opposition est issu du parti qui a le plus de députés à l’Assemblée nationale.

L’idée de consécration d’un chef de l’opposition se conçoit aisément dans le cadre d’un régime parlementaire bipartite où il y a un parti qui exerce le pouvoir et un chef du parti d’opposition majoritaire à l’Assemblée qui est l’alter ego du Premier ministre d’autant plus que le chef de l’opposition est, en principe, d’abord et avant tout un député.

La difficulté dans le cas du Cameroun qui est un régime semi-parlementaire et semi-présidentiel se résume à la question de savoir s’il faut-il créer un statut sur mesure à John Fru Ndi qui n’est pas député de la nation ? Le problème peut se poser aussi si le leader de l’opposition parlementaire n’est  pas le leader de l’opposition nationale.
 

Alternance démocratique  et  pacifique
 

Au Mali, la loi du 13 juillet 2000 portant statut des partis politiques de l’opposition  énonce en son article 1er que « la présente loi a pour objet de conférer un statut juridique dans le cadre démocratique et pluraliste aux fins d’assurer l’alternance démocratique au pouvoir ». Au Niger, l’article 2 de l’ordonnance n°99/60 du 10 décembre 1999 portant statut de l’opposition est aussi clair : « Elle (l’ordonnance) vise à contenir le débat politique dans les limites de la légalité et assurer l’alternance pacifique au pouvoir ».

Le Bénin a aussi une loi portant  statut de l’opposition.  Promulguée le 14 octobre 2002 par le président Matthieu Kérékou, cette loi définit le statut de l’opposition, le rôle de l’opposition, les critères d’appartenance à l’opposition, l’identité du chef ou des chefs de l’opposition et les droits et obligations de l’opposition.

Il est important qu’une loi vienne mettre de l’ordre dans les règles de civilités entre le gouvernement et l’opposition au Cameroun. C’est une responsabilité de l’Etat. Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sont hélas englués dans l’inertie décriée par le chef de l’Etat sur lequel pèse l’obligation de faire bouger les choses, de faire élaborer un projet de loi, en vue d’amener les députés à voter enfin une loi portant statut de l’opposition.

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