Cameroun - Culture. Appel à candidatures pour une chefferie : La bêtise à ciel ouvert !

cameroun24.net Mardi le 14 Juillet 2020 Opinion Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le 1er juillet 2020, les Betis, peuples nobles de la forêt, se sont sentis, pour la plupart, offensés par un certain milliardaire à la simple idée qu’il leur a été opposé des paroles. Or, face à des actes d’une nocive abjection contre le fondement même de leur être en-soi, on sent moins des réactions, tant de leur part, que du côté des défenseurs de la cause chefferiale au Cameroun.

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En effet, plus d’un mois avant « la bourde » du magnat de la presse yaoundéenne à l’encontre de ce même peuple, une information est presque curieusementpassée inaperçue. Le 12 mai 2020, le sous-préfet de l’Arrondissement de Yaoundé II, M. Mamadi Mahamat, quelqu’un qui, à la simple évocation de son nom, ne devrait pas être ignorant de la dévolution successorale dans les « royautés » au Cameroun, a cru devoir ouvrir, par appel public à candidatures, la succession de Sa Majesté BILOA EFFA, de son vivant. Un chef traditionnel, un « roi » en réalité, appelé à être remplacé par toutes les personnesoriginaires de la localité et désireuse de devenir chef ! Voilà une offense à tout un peuple, ces Seigneurs ainsi foulés aux pieds par une administration qui dit se conformer à la loi, mais dont on ne perçoit pas bien sa soumission au droit ; ces hospitaliers qui offrirent leurs terres pour l’émancipation de la nation jusqu’au dénuement qui peinent à faire chorus pour se faire respecter par une administration à géométrie variable. Peut-on en effet imaginer une telle offense chez les Grassfields ou dans les Lamibés où des chefferies restent vacantes parfois pendant plusieurs décennies au simple motif que les dieux n’ont pas encore parlé? Peut-on envisager une telle astuce chez les Duala, ces peuples de l’eau qui signèrent le Traité duquel naquit le Kamerun ? Voilà un laisser-faire qui appelle à se demander fondamentalement si le peuple Beti est vraiment encore ce qu’il a été, c’est-à-dire, ce peuple influent et prêt à parler d’une seule voix pour que sa « tigritude » soit reconnue. Qui ne se rappelle des Patriarches Onambelé, Omgba, Fouda, Atangana, Emah, Manga, Ongola, Ongolo, Essaga etc qui tutoyèrent les blancs et tous ceux qui les remplacèrent par la suite ? Où sont les zomlo’o des zomlo’o quand il faut défendre la tribalité positive de ce peuple jadis prospère, mais « nainufié » par les politiciens de la 25èmeheure ? Combien sont-ils, ces chefs qui, comme celui qu’on annonce vouloir remplacer par appel à candidatures, ont passé leurs rites d’initiations ancestrales ? Le ver n’est-il pas dans le fruit lorsque les Betis eux-mêmes laissent faire en acceptant de se faire « commander » par des personnes qui ont mouillé la barbe pour accéder à cette noblesse? Comment ne donc pas s’attendre à ce que, en raison des calculs politiciens, l’on ferme les yeux sur ce qui apparaît comme une chosification de tout un peuple : qu’on en vienne à demander en mondovision de se porter candidat à une royauté ? Seuls les colons ont pu faire ça à nos chefs, encore que les peuples leur firent allégeance jusqu’à leur mort alors qu’ils furent condamnés à demeurer en exil. C’est donc à se demander avec Hamadou Kourouma si, ceux qui les ont remplacés ne sont pas simplement des petits colons à la peau noire ? Du coup, quel crédit un Britannique, un Maltais, un Écossais … pourrait-il accorder à nos us et coutumes face à une telle offense qui semble passer sous silence, eux, ces blancs, qui savent curieusement mieux que nous, qu’on nait chef et qu’on ne le devient pas?
Il ne reste qu’une chose à faire : soit démocratiser véritablement et totalement le pays en l’expurgeant des avatars des chefferies pour en faire de simples gites culturels, soit alors reconnaitre la spécificité de chaque entité en faisant une démocratie représentative pour que, une fois mise en synergie, le Cameroun puisse décoller. Mais, encore une fois, seuls les Camerounais, comme dans le cadre de la crise anglophone, devraient pouvoir décider en toute souveraineté de la meilleure forme de gouvernement qui les conviendrait. En attendant, quel peuple ne devrait-il pas, introspection faite, avoir honte d’être, comme le disait Césaire, « cette foule qui ne sait pas faire foule» ?


Emmanuel Mimbè.

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