Cameroun - Economie. André Fotso «La balle est désormais dans le camp des investisseurs»

Hervé B.Endong | La Nouvelle Expression Mardi le 17 Septembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), le principal patronat du pays, revient en profondeur sur les récents textes de Paul Biya et fait le point des tendances globales de l’économie en 2013…

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Le président de la République vient de signer les décrets d’application de la loi du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé au Cameroun. Une première réaction ? Tout le secteur privé se réjouit de la signature de ces textes d’application qui étaient très attendus, car peut-être faut-il le rappeler, la loi du 18 avril 2013 sur les incitations à l’investissement ne peut s’appliquer qu’à compter de la publication de ces textes qui précisent les contours de sa mise en œuvre. Une fois de plus, le Gicam est heureux que cet engagement pris au niveau le plus élevé de l’Etat ait été ainsi tenu. Désormais, l’Agence de Promotion des Investissements ne s’occupera plus des PME et se concentrera uniquement sur les investisseurs étrangers et locaux. Est-ce une bonne décision d’après vous ? Je voudrais noter que la répartition des rôles entre l’Agence de promotion des investissements et l’Agence de promotion des Pme a été consacrée par la loi elle-même. La première institution a reçu la charge de diligenter les dossiers des grandes entreprises locales et des investisseurs étrangers tandis que la deuxième s’occupera des projets des Pme à capitaux nationaux. Nous avons eu, en son temps, à commenter cette répartition des tâches mais l’essentiel, aujourd’hui, est de mettre en application les dispositions qui ont été arrêtées. Comme dans tout exercice de cette nature, ce n’est qu’en faisant marcher la machine que l’on pourra mieux apprécier la cohérence de son agencement et, au besoin, apporter des correctifs si cela s’avère nécessaire.

Peut-on conclure qu’avec ces décrets, la mise en œuvre effective des incitations est désormais possible au Cameroun?

Les textes signés et publiés constituent un signal fort donné par le gouvernement pour la mise en œuvre des incitations. C’est l’une des consécrations d’une plus grande densification et d’une meilleure structuration du dialogue public/privé pour lesquelles nous œuvrons avec détermination depuis près de deux ans. Nous pensons, en effet, qu’avec la publication de ces textes, il n’y a plus à attendre. La balle est désormais dans le camp des investisseurs qui devraient déjà sortir des tiroirs les nombreux projets en instance, préparer leurs dossiers pour les soumettre à l’Api, qui est la première porte d’entrée opérationnelle. C’est le lieu de souhaiter que les autres réformes attendues par le secteur privé soient diligentées avec le même engagement et lancer un appel aux banques pour ce qui est du financement.
Permettez-moi de profiter de cette occasion pour vous annoncer la signature imminente d’un protocole d’accord entre le Gicam et un pool de banques pour faciliter l’accès au financement des Pmi. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés.

Globalement, les dispositions de ces textes vous paraissent-elles adaptées au besoin du secteur privé ?

La principale préoccupation des acteurs du secteur privé reste l’accompagnement effectif de leurs projets d’investissement. De ce point de vue, ce nouveau dispositif met en place le socle institutionnel et administratif nécessaire à la mise en marche d’une mécanique, celle consacrée par la loi du 18 avril. Il nous parait d’autant plus adapté que nous invitons nos membres à déposer leurs dossiers dès à présent. Comme vous le constaterez, le principal atout est l’ancrage des différents mécanismes aux institutions déjà existantes, excepté le cas de l’Agence de promotion des Pme, qui n’est pas encore opérationnelle. Les missions techniques relatives à la mise en œuvre de la loi ont ainsi été confiées à des organismes déjà en fonctionnement. Il en est ainsi de l’Agence de promotion des investissements qui voit son texte de base revu pour diligenter les dossiers soumis par les investisseurs et du secrétariat permanent du Conseil de régulation et de compétitivité qui aura la charge d’assister les deux organes que sont le Comité de Contrôle et le Comité paritaire de suivi. Ceci est une réponse à l’une de nos préoccupations, à savoir aller le plus vite possible à l’opérationnalisation.

Vos préoccupations au sujet des incitations à l’investissement privé ont-elles été prises en compte dans les moutures finales ?

Les observations formulées par le Gicam sur ces textes ont été guidées par un seul besoin : celui de voir leur opérationnalisation se faire dans les meilleurs délais. Sur le Comité paritaire qui est un organise consultatif placé auprès du Premier ministre pour aider au suivi et à l’évaluation du système des incitations, nos préoccupations sur la représentativité et sur le mode de fonctionnement ont été prises en compte. S’agissant du Comité de contrôle, il a été établi, selon nos souhaits, comme organe administratif auxquels les investisseurs adressent leur recours gracieux à l'occasion des différends qui pourraient les opposer à l'administration, dans le cadre de l'exécution de leurs programmes d'investissement.

Cela fait quand même longtemps que la banque des Pme devrait être opérationnelle, avez-vous des nouvelles dans ce sens ? Qu’est-ce qui coince ?

Nous constatons et déplorons comme vous les retards qui jalonnent ce projet et illustrent une fois de plus les difficultés de notre administration à mener des réformes dans les temps indiqués et souhaités. Au-delà du caractère spécifique de cette opération - la mise en place d’une institution de financement pouvant comporter des difficultés particulières- c’est l’absence de visibilité qui est davantage handicapante pour le secteur privé. On aurait souhaité avoir un calendrier précis, quitte à l’étaler sur 2 ou 3 ans si cela est nécessaire, avec des étapes d’évaluation prédéfinies et un mécanisme suivi et de reddition clair. Autrement dit, ce n’est pas tant le temps pris qui gêne, mais l’absence d’horizon dans l’implémentation de cette institution. Ceci est vrai pour cette opération mais l’est aussi malheureusement pour plusieurs autres et ne permet pas aux acteurs privés d’anticiper judicieusement les réformes pour en tirer le meilleur parti.

Comment appréciez-vous l'économie camerounaise en 2013 et comment l'entrevoyez-vous en 2014?

La dernière concertation avec le Minepat nous a permis de faire le point sur les tendances globales de l’économie. Celles-ci s’annoncent bonnes avec des taux de croissance pouvant avoisiner les 5% en 2013 et dépasser cette barre en 2014. On se situerait ainsi sur une bonne tendance dans la perspective que nous avons toujours souhaitée, à savoir gagner au moins un point de croissance chaque année pour viser une croissance à deux chiffres en 2020. Notre principale réserve est que ces performances dépendent encore trop de la production pétrolière et de la conjoncture internationale, tandis que le secteur formel de notre économie reste en butte aux nombreuses contraintes qui caractérisent l’environnement général des affaires. De fait, si la demande intérieure reste un puissant moteur, notamment pour les industries agro-alimentaires, nos exportations de bois recommencent à pâtir de la mauvaise conjoncture en Europe et plusieurs autres secteurs subissent de plein fouet la concurrence très souvent déloyale des produits importés. De même, le problème des délais de paiement ainsi que les volumes importants de crédit de Tva persistent, toutes choses qui pourraient limiter l’impact de ce nouvel outil. Nous considérons enfin que la mise en place d’un cadre de promotion des zones économiques pour épauler les autres réformes, notamment celles retenues dans le cadre du Cameroon Business Forum, permettra une mutation de notre croissance vers une croissance inclusive portée par les entreprises à travers la création des emplois et des richesses.


 

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