Cameroun - Emploi. Air Leasing: 40 Employés réclament plus de 350 millions Fcfa à la direction

Jacques Willy NTOUAL | Le Messager Vendredi le 21 Septembre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Cette somme représente leurs droits (toujours pas épurés) inhérents à leur licenciement qui date de décembre 2011. Enquête.

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Les employés de la société de transport aérien Air Leasing doivent maudire le jour où le seul aéronef immatriculé F20-4000 Tj Alf de la compagnie a été victime d’accident à Malabo, terre équato-guinéenne. C’était dimanche 26 juin 2011. Depuis là, pour la plupart, c’est le cauchemar. Ils broient du noir. Quelques jours plus tard, ce sont les salaires qui ne pouvaient plus être honorés. Devant la situation qui allait de mal en pis, la direction générale va préconiser une mesure conservatoire : le chômage technique. Comme l’indique la note 11/015/L/Dg/Daf/cy du 29 juin dont Le Messager a eu copie, adressée à M. Serge-F. Djemba Ekobo : «Face à cet incident qui nous prive de notre outil de production, la société ne sera plus en mesure de couvrir plusieurs de ses charges d’exploitation parmi lesquelles les salaires à compter du 1er juillet 2011 » dixit le directeur administratif et financier, Daf, de l’époque, Louis-pierre Wese.

Pour Ekobo et trente neuf de ses collègues, c’est la descente aux enfers malgré la lueur d’espoir formulée dans les dernières lignes de la présente correspondance. « Toutefois, renchérit le Daf, en fonction du besoin, nous ne manquerons pas de faire appel à vous ». Ce ne sera pas fait. Au contraire, ils auront droit au coup fatal. Six mois après, Air Leasing va faire parvenir à ses collaborateurs une autre correspondance. Une triste correspondance. Se référant à la note n°12/347/L/Dg/Daf/Cy du 30 décembre 2011, adressée à Djemba Ekobo et dont Le Messager a eu copie, Georges Akamba Assembe alors directeur général adjoint, se voit dans « la triste obligation de mettre un terme à la relation de travail qui existe entre vous et la société à compter du 31 décembre 2011».


«Jeu trouble » des assureurs

Pour explication, « l’incident survenu à Malabo à notre unique aéronef en état de navigabilité à cette date». Aussitôt dit, aussitôt fait, le calcul des droits est fait et communiqué aux ayants droits. Ces derniers, non seulement « contestent les chiffres présentés», mais aussi et c’est le plus grave, « l’argent promis ne nous a pas toujours pas été donné» fait savoir le porte-parole des quarante mécontents de Air Leasing. « Si on pouvait au moins nous remettre ce qu’ils ont calculé, la rentrée de nos enfants ne serait pas un chemin de croix » regrette un collègue de Djemba. C’est un total de 352.606.336 Fcfa qu’ils réclament. Il est 10h30 ce mardi 18 septembre courant. Rendu au siège de cette entreprise à Bonaloka, non loin des installations de l’aéroport international de Douala, Le Messager a pu se rendre compte de la gravité de la situation. Le siège de cette compagnie aérienne qui ne reste plus que de nom, est à l’image de la désolation du personnel qui y séjournait il y a quelques mois. Pas d’électricité, personne...ah, sauf un gardien qui peine à renseigner.
Heureusement, il y a un cadre qui arrive. Il dit avoir été rappelé par la nouvelle administration après le conseil d’administration d’avril 2012 qui a congédié Akamba Essembe pour nommer en lieu et place, Fotso Victor Marie. Mais malgré cette nomination, c’est le statu quo en ce qui concerne la situation des ex-employés d’Air Leasing. Au détour de la conversation que cet « employé rescapé » livre à votre journal, ce dernier confirme le malaise qu’il partage avec les autres mais révèle un nouvel élément. « Le jeu trouble » des assureurs. « Ils n’ont pas voulu et ne veulent pas nous payer. Avec cet argent, l’administration aurait pu sauver ce qui pourrait encore l’être et pourquoi ne pas payer les primes de bonne séparation». Pour ce dernier, la compagnie d’assurances Ascoma n’est pas étrangère à leurs déboires. Jean Marie Maviane, responsable au service Transport automobile chez Ascoma, ne refuse pas être au fait du dossier Air Leasing, mais réfute l’argumentaire qui incrimine son groupe. Sans vouloir trop s’étendre sur le sujet, il tient tout de même à préciser : « Nous avons fait tout ce qui est à notre pouvoir pour que Air Leasing bénéficie de l’indemnisation des assureurs/réassureurs. S’il est vrai que cela n’est pas encore fait, il est aussi vrai que les dirigeants de cette entreprise n’ignorent pas pourquoi» tranche-t-il. Mais de sources très proches du dossier, deux facteurs empêchent le payement de 426 millions Fcfa promis par le réassureur Réunion Aérienne qui selon nos informations est le nec plus ultra en la matière.


Yves Michel Fotso

Cette somme aurait déjà atterrit dans l’escarcelle d’Air Leasing n’eut-été « l’ordonnance de référé prononcé le 20 décembre 2011 par le tribunal de commerce de Nanterre sur requête de Dart Aviation (créancier d’Air Leasing), aux fins de séquestre des sommes en faveur de notre compagnie », relate notre source. Dans la même veine, elle donne le deuxième facteur : « L’ordonnance n° 1521 expédiée le 21 décembre 2011 par le tribunal de première instance de Douala, aux fins de saisie-conservatoire des créances, sur requêtes de la société MRP Trading Ltd, société de droit britannique plus connue sous le vocable Dart Aviation, de l’argent dû à Air Leasing ». Mais un paramètre vient compliquer davantage l’intrigue. « Selon toute vraisemblance, la société Air Leasing Cameroun n’est que l’exploitant de l’aéronef accidenté qui appartient à la société Sg Air Leasing Ltd logées aux Iles Vierges britanniques». Notre informateur fait savoir que cette entreprise domiciliée dans les Iles Vierges britanniques serait en fait une propriété de Yves Michel Fotso.

Or le code d’assurance est formel : « Les indemnités contractuelles dues par les assureurs/réassureurs, consécutivement au dommage causé à un bien, ne peuvent être versées qu’au propriétaire lui-même, sauf si celui-ci en donne par délégation expresse.» En d’autres termes, pour percevoir les sommes dues, Air Leasing doit obtenir du propriétaire de mains levées. Plusieurs dans le milieu des affaires voient d’ailleurs en la nomination de son cadet, comme une entame à ce processus. Ce que confirme à mots couverts Mme Tchouta Moussa jointe au téléphone jeudi 20 septembre 2012. « La situation de ces gens préoccupent au plus haut point Yves Michel. De là où il se trouve, il fait des mains et des pieds pour résoudre leur problème. » Et d’annoncer qu’un « conseil d’administration sera bientôt convoqué pour répondre à toutes ces questions.» Pendant ce temps, les pauvres doivent encore ronger leur frein. Hélas !

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