Cameroun - Corruption. Affaire Edzoa – Atangana: Comment le procureur a bâti l’accusation sur des pièces fabriquées

Franck ESSOMBA | Le Messager Jeudi le 16 Février 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Au fil des audiences du procès de l'ex-secrétaire général de la présidence et de son principal coaccusé, il apparaît des documents montés de toutes pièces pour clouer les accusés au pilori. «Vous voulez seulement qu'on répète qu'elle est fausse? Le constat est patent»,

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Jeudi, 8 février 2012. Michel Thierry Atangana coaccusé de l'ex-secrétaire général à la présidence de la République, Titus Edzoa dont il est solidairement accusé de trois chefs d'accusation dans la nouvelle affaire qui les concerne, dépose devant le tribunal grande instance du Mfoundi-centre administratif comme témoin de sa propre défense pour ce qui est du volet de la tentative de détournement de deniers publics dans le cadre de l'organisation du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la défunte Organisation de l'unité africaine (Oua) en 1996 à Yaoundé. Au cours de la réexamination menée par Charles Tchougang un de ses avocats, l'accusé-témoin montre à quel point le rouleau compresseur l'a broyé et surtout comment la haute administration a été mise à contribution. En cela, il épingle une pièce du rapport d'expertise commandée par l'accusation en 2004. Ledit document faisant partie de nombreuses pièces à charge portées sur le rapport d'exécution du budget du 32eme sommet de l'Oua. Sa paternité est attribuée à Justin Ndioro en tant que ministre de l'Economie et des finances. Seulement, il est signé du 10 décembre 1997. Alors qu'à cette date c'est Edouard Akame Mfoumou qui occupait le portefeuille suscité. Puisqu'il avait remplacé Justin Ndioro à ce poste le 19 septembre 1996, soit trois mois auparavant.

Après cette révélation c'est le tollé général dans la salle. En guise de réaction, le parquet et les avocats de l'Etat répètent en chœur que la pièce évoquée est liée à la gestion de l'organisation du sommet de l'Oua en 1996 et non à la tentative de détournement qui est le corps du délit de l'affaire. En face, on donne du répondant: «Que fait donc cette pièce dans le volume VII du rapport de l'expert commis par le procureur qui instruit uniquement à charge depuis 15 ans. Que fait une pièce montée de toute pièce par l'accusation dans le dossier?», interrogent les avocats de la défense. Il n'y aura pas de réponse à ces questions. Le procureur s'étant obstiné à faire objection devant le flagrant délit de production de fausses pièces au tribunal. C'est le collège des juges par la voix de sa présidente, Mme Nnomo Zanga qui trouvera la parade nécessaire pour éviter une humiliation au procureur. «Vous voulez seulement qu'on répète qu'elle est fausse? Le constat est patent», lance-t-elle en direction de la défense comme pour s'assurer du retour à la sérénité dans une salle d'audience qui bouillonnait d'émotion.

Machinerie

L'assistance venait ainsi de découvrir que l'affaire des tentatives de détournements dans le cadre du sommet de l'Oua repose sur de pièces à conviction fabriquées par l'accusation. Car présenté comme principal opposant au mécanisme de montage et de financement des projets infrastructurels liés à l'organisation du fameux sommet par le président de son comité d'organisation (Cno), Titus Edzoa; Justin Ndioro aurait de façon épistolaire contesté les manœuvres y concourant. Sauf que parmi les correspondances attribuées à l'ancien ministre des Finances, ne figure pas la note adressée au président de la République sollicitant de lui que le Copisur soit érigé en ministère. A contrario il y figure des documents montés de toutes pièces pour présenter le Copisur (Comité de pilotage des chantiers routiers) maître d'œuvre des infrastructures Oua comme une pieuvre au service d'une grosse machinerie financière. Pis, comme un instrument mis sur pied par Titus Edzoa pour faire main basse sur la fortune publique.

Dans la même veine, l'accusation aura dans le cadre de la deuxième affaire Edzoa-Atangana produit 13 pièces, fruits de fraudes patentes ou d'obstination viscérale. Il en est ainsi de l'extrait de compte bancaire Oua-96 qui montre des mouvements que ne reconnaissent pas la direction de la banque, un faux procès-verbal d'audition d'Isaac Njiemon, membre du Copisur à qui on a attribué des déclarations à charge alors que leur auteur était plutôt Tikela Kémon. Ce scandale avait plongé l'assistance du Tgi de Yaoundé dans l'émoi total. Pis, la déclaration de Dieudonné Ambassa Zang, vice-président du Copisur qui déclenche les poursuites contre Titus Edzoa et Michel Atangana n'est pas signée de son présumé auteur, en fuite hors du Cameroun depuis le juillet 2009 à la veille de l'ouverture de la nouvelle affaire. Ce dernier n'a jamais pu redire devant un tribunal ce qu'il reprochait concrètement à ses collaborateurs d'hier. De même que Justin Ndioro n'a jamais été entendu sur procès verbal pour indiquer clairement les réserves formulées sur le Copisur. Il meurt le 28 janvier 2007 et ne pourra jamais expliquer devant le tribunal que de nombreuses pièces qui lui étaient attribuées sont des montages.

Après la mort de nombreux acteurs dont celle de Ferdinand Oyono qui s'était révélé être le véritable organisateur du sommet dont comptable du bilan et non Titus Edzoa comme distillé au sein de l'opinion, le procureur avait-il beau jeu de stopper la défense dans sa dénonciation de la gestion de l'Oua dans le dos du président du Cno qu'était Titus Edzoa? Tant de nombreuses pièces utilisées par l'expert commis montrent que seul le compte Oua 96-Infrastructures constituant la caisse d'avance du président du Cno et pourvu à une dizaine de jours seulement de l'ouverture du sommet avait été audité, les 10 autres, gérés entre autres par le ministre des relations extérieures, le directeur du cabinet civil de l'époque présentent des dépenses somptueuses.


 

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