Cameroun - Economie. Accord de Partenariat Economique: le Cameroun cède à la pression de l'Union européenne

Marie-Noëlle GUICHI | Le Messager Vendredi le 01 Juin 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Après 3 ans d'hésitation causée par la non adhésion de l'opinion publique, le Cameroun a finalement ratifié hier, 30 mai 2012, par un décret signé de Paul Biya, la Convention révisée de Cotonou dont l'Accord de Partenariat Economique Acp-Union européenne est une dérivée.

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Ce n'est véritablement pas une surprise. Lors de sa session de mars dernier, l'Assemblée nationale avait délibéré et adopté le projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l'accord de partenariat volontaire entre la République du Cameroun et l'Union Européenne. Un texte déposé sur la table des députés par Paul Biya himself, le couteau presqu’à la gorge. Car il faut le dire, c'est depuis la fin d'année 2011, que l'Union européenne ne cesse de lancer des ultimatums non voilés en direction des pouvoirs publics Camerounais, menaçant tout le temps de retirer les bénéfices du Règlement d'accès au marché (Ram) d'octobre 2007.

Lequel Règlement accorde un accès en franchise de droit de douane et hors contingent aux Etats ayant conclu un Ape d'étape ou intérimaire, et d'appliquer le Système de préférences généralisées (Spg), si ces Etats ne prennent pas de mesures nécessaires à la ratification et/ou à l'application provisoire avant le 1er janvier 2014. On se souvient d'ailleurs de ces propos tenus par Nicolas Berlanga, chargé d'affaires par intérim de la délégation de l'UE au Cameroun: «Pour ne pas être pénalisé par la nouvelle réglementation du marché, le Cameroun devrait ratifier autour de mi-2012. Si le cacao, les produits dérivés du cacao, l'aluminium, les bananes du Cameroun ne veulent pas être pénalisés à partir du 1er janvier 2014, il faut ratifier, malheureusement, autour de mi-2012».

Or c'est depuis le 15 janvier 2009 que, malgré l'opposition de la société civile, le gouvernement camerounais avait signé, toujours sous pression de l'Union européenne, ledit accord intérimaire, avec la participation du patronat et des chambres consulaires. Mais sans se lasser, la société civile n'a manqué de dénoncer cet accord jugé contraire aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (Omc), et qui par conséquent constitue une menace contre l'économie nationale. Même le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, soutient que les accords de partenariat économique entre l'UE et les pays d'Afrique, Caraïbe et pacifique (Acp) sont mal venus.


Interruption des négociations

C'est ainsi qu'au cours de l'année 2010, des divergences profondes avaient causé l'interruption des négociations entre les différentes parties. L'Union européenne mettant l'accent sur les questions commerciales tandis que l'Afrique centrale, elle insiste sur les questions de développement, les mesures d'accompagnement et la compensation pour les pertes des recettes douanières. Après une suspension de plus d'un an, les négociations ont donc repris récemment. Et lorsque le gouvernement camerounais a réuni à Yaoundé le 10 avril 2012, le comité ministériel en présence des représentants du patronat et des représentants des chambres consulaires pour renégocier afin de ratifier lesdits Accords, l'opinion publique camerounaise pouvait déjà déchanter. Puisqu’à cette occasion, le ministre de l'économie, de la planification et de l'aménagement du territoire, Emmanuel Nganou Djoumessi déclarait déjà à la presse, au sortir de ces assises, «le Cameroun est en train de mettre à niveau un certain nombre d'entreprises pour justement répondre aux attentes de l'ouverture des marchés». Le message était donc clair, le Cameroun s'apprêtait à ratifier. Emmanuel Nganou Djoumessi reconnaissait même sans détours que «l'Union européenne fait pression sur le Cameroun». Ce harcèlement a donc abouti au fameux décret présidentiel.


 

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