Cameroun - Transports. Abus d’autorité: L’Autorité aéronautique fauche Camair-Co

David Nouwou | La Nouvelle Expression Lundi le 27 Juin 2016 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Plus de 300 passagers de cette compagnie, en Europe comme au Cameroun, sont bloqués depuis vendredi dernier. A cause d’une suspension fantaisiste

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La lettre de Paule Assoumou Koki, directrice générale de l’Autorité aéronautique du Cameroun à Jean Paul Nana Sandjo, directeur général de La Cameroon airlines Corporation (Camair-Co) le 21 juin 2016, est frappé du sceau « confidentiel ». «J’ai l’honneur d’accuser  réception  des éléments de dossier que vous avez envoyé ce jour à l’Agence européenne pour la sécurité de l’aviation (EASA). Après analyse, il apparait que ce dossier n’est pas  complet. Je regrette que vous ayiez soumis ce jour une documentation incomplète à l’EASA bien qu’ayant été averti par cette dernière que vous vous exposiez à un rejet de votre demande d’autorisation TCO en cas de non dépôt de la documentation complète avant le 21 juin. Cet état d’impréparation à cet audit majeur, alors que vous êtes au fait de cet audit depuis plus d’une année, compromet non seulement  vos perspectives  d’exploitation en zone Europe mais également entame la crédibilité de l’aviation civile camerounaise. Il est capital dans cette circonstance de geler le processus en cours». Et elle poursuit : «Aussi, j’ai décidé, à titre conservatoire, de restreindre votre Certificat de transport aérien, en excluant la zone Europe et d’en informer l’EASA. Cette période de suspension  des vols vers l’Union européenne devrait vous permettre de mettre à profit une restructuration et une réorganisation viables répondant aux exigences de l’aviation civile et de se préparer à l’évaluation TCO».

Jean Paul Nana Sandjo va réagir le 23 juin 2016, en saisissant le ministre des transports, Alain Edgar Mebe Ngo’o : «j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que par courrier du 21 juin 2016, Madame le Directeur général de l’autorité aéronautique du Cameroun, nous a notifié la suspension des vols Camair-Co vers les aéroports de l’Union européenne au motif que la documentation  transmise à EASA dans le cadre de la préparation de la rencontre du 26 juillet  2016 avec cette institution à Cologne en Allemagne serait incomplète, et surtout du fait de l’impréparation de Camair-Co à cet audit majeur. A cet égard, j’ai l’honneur d’appeler votre haute attention  sur le fait que les raisons évoquées par la CCAA pour nous sanctionner ne sont pas exactes. En effet, nous avons transmis l’ensemble de la documentation requise par EASA dans les délais prescrits, et avons reçu de cet organisme un accusé de réception en bonne et due forme. Par ailleurs, en ce qui concerne la préparation de la rencontre avec EASA à Cologne, je puis vous assurer que nos équipes sont à pied d’œuvre et suffisamment motivées pour mener à bien le processus d’acceptation de Camair-Co au Third Country (TCO) de l’EASA». Pour Jean Paul Nana Sandjo, «la décision de l’autorité aéronautique  de restreindre notre certificat de transport aérien en excluant la zone Europe est inopportune, injustifiée et s’assimile à un abus d’autorité, Camair-Co n’ayant enfreint aucune des lois, règles et autres textes qui régissent  l’exercice de l’aviation civile au Cameroun».  Et il précise : «Une telle décision qui s’appuie par ailleurs sur des faits qui ne sont pas avérés, quand bien même elle aurait été prise dans l’intérêt de la compagnie aérienne nationale, sera interprétée, tant par l’opinion publique, par les passagers que par l’Union européenne elle-même comme une sanction. Cela risque de créer un précédent et produire un effet contraire à celui qui était envisagé par la CCAA. Il eut été souhaitable, si une telle option était pertinente, que ce soit Camair-Co qui s’auto-sanctionne en décidant elle-même de restreindre ses opérations pour mieux se préparer, et non y être forcée… ». Copie de cette correspondance a  été transmise à la présidence de la République, au premier ministre et à d‘autres autorités impliquées dans le redressement de Camair-Co. La copie de la lettre du Dg de l’autorité aéronautique circule dans les réseaux sociaux, sans la mention «confidentiel». Des observateurs en déduisent que la fuite serait partie de cette institution.

Selon des sources introduites, l’autorité aéronautique n’est pas directement concernée par les négociations avec Easa. Et l’aboutissement de des négociations ne constitue aucun handicap dans les opérations de la compagnie nationale. Alors question : pourquoi cette autorité peut tirer un tel plomb dans les ailles d’une compagnie où toutes énergies, en commençant par le président de la République, le premier ministre et le ministre des transports, s’emploient faire décoller ? Selon des sources confidentielles, le Directeur général de l’Aéronautique ne peut compter que sur ses réseaux au secrétariat général de la présidence de la République d’où des rapports sont souvent partis pour demander le départ de Jean Paul Nana Sandjo. Des informations attestent pourtant qu’il est l’un des camarades d’enfance proches du Sgpr, Ferdiand Ngoh Ngoh. Dans une abondante intervient accordée à Cameroon Tribune le 21 juin dernier, Edgar Alain Mebe Ngo’o rassurait l’opinion publique que tout était enfin réuni pour un décollage définitif de «l’Etoile du Cameroun». C’est ce même jour que le Dg de l’autorité aéronautique a servi sa suspension aux responsables de Camair-co. Un véritable défi de cette institution à la tutelle, et une cacophonie dont le régime de Yaoundé est coutumier. Mais quel que soit le bout par lequel il faut tenir cette suspension, c’est une institution camerounaise qui contribue ainsi à enfoncer l’objet d’une fierté nationale qui déjà, allait sur les genoux. Le président de la République de retour de son «court séjour privé en Europe» devra  sauver les meubles. En attendant, les responsables de Camair-Co ne savent plus que répondre aux passagers en détresse en Europe et au Cameroun. Et il faudra en plus payer les dommages aux passagers abusés, avec une trésorerie totalement sinistrée.

 

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