Cameroun - Football. Abdouraman Hamadou : « Joseph Owona est pris dans les filets des fossoyeurs de notre football»

Mboafootball Mercredi le 16 Octobre 2013 Sport Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’ancien responsable de la communication de la Fecafoot et actuel président d’Etoile Filante de Garoua fait le bilan sans complaisance du travail effectué par le comité de normalisation de la Fecafoot depuis deux mois et demi. Il critique vertement le travail du comité Joseph Owona et donne au passage quelques coups à Tombi A Roko Sidiki. Il menace de reprendre le bâton de la contestation si rien ne change d’ici un mois au comité de normalisation de la Fecafoot.

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Pourquoi ce long silence et pourquoi parler maintenant ?

On parle quand c’est nécessaire. Et quand ce n’est pas nécessaire, c’est mieux toujours de se taire. On a eu tout ce que nous avons eu au niveau de la Fédération, le comité de normalisation est arrivé et il était nécessaire de leur laisser le temps de travailler. Maintenant on les a vus à l’œuvre un peu plus de deux mois. Je les ai saisis avant de m’exprimer publiquement. Quand il faut parler, on parle. Et quand ce n’est pas nécessaire, on ne dit rien.

Vous semblez ne pas être content du bilan du comité de normalisation de la Fecafoot à ce jour…

Je ne sais pas si on peut parler de bilan. Il y a encore cinq mois à venir. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a une grosse surprise quand à la légèreté avec laquelle les choses sont menées là-bas du côté de la fédération. Ils sont arrivés et n’ont rien changé du tout. Ils se sont mis à surfer sur ce qui avait été mis en place par l’ancien exécutif et c’est quand même étonnant pour quelqu’un qui a vécu tout ce que nous avons vécu dans le cadre du processus électoral ce dernier mandat. Il y avait eu beaucoup de choses et pour nous, c’était l’espoir de voir un certain nombre de choses disparaitre. Malheureusement, ça continue. Çà continue de plus belle et çà, c’est quelque chose de révoltant.

La plupart des membres du comité de normalisation sont des juristes confirmés. Les élections du 19 juin avaient été annulées, mais les exécutifs issus de ces élections dans les régions sont toujours en place. Est-ce ce qui vous révolte ?

Ils n’ont pas compris que si l’ancien exécutif a toujours gagné les élections, c’est parce que depuis la base, les choses avaient été faussées. Vous avez vu comment les choses se sont passées le 19 juin. Ces gens-là auraient pu voter même un Chiot, si leur mentor Iya Mohammed leur demandait de le voter comme président de la fédération camerounaise de football. Ils l’auraient fait sans aucune hésitation. C’est vous dire à quel point c’est des gens qui avaient été sélectionnés de façon minutieuse au niveau de la base. Il fallait casser cela et mettre en place des comités régionaux de normalisation. Logiquement, puisque la Chambre de Conciliation et d’Arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun avait déjà annulé les élections, il y avait un argument juridique imparable mais on ne sait pas pourquoi on a laissé ces gens en place. Ils se sont mis à régler des comptes. On [Etoile filante de Garoua, Ndlr] n’arrive plus à gagner un match par exemple dans le Nord. Ce n’est pas possible ! Les arbitres sont choisis par ces gens qui sont en place, ils viennent et ils ne le cachent même pas, pour régler des comptes. Sur le terrain, les arbitres disent à nos joueurs comment ils détestent leur président [Lui-même, Abdouraman Hamadou, Ndlr], comment ils le haïssent… Vous imaginez à quel point on est arrivé ! Et c’est ces gens-là qui désignent les arbitres, homologuent les matches, désignent les champions avant même que le championnat ne démarre. Comment on peut donc laisser ces gens en place, et surtout qu’ils sont en train de créer de clubs, d’acheter d’autres clubs, d’influencer tout ce qui est influençable et d’exclure les clubs qui ne sont dirigés par les bénis oui-oui.

Est-ce que vous n’avez pas l’impression aujourd’hui qu’après l’instant d’euphorie qui a suivi la mise en place du Comité de normalisation et la gesticulation de certains membres, la fédération est revenue entre les mains de Tombi A Roko Sidiki comme par le passé ?

Cà aussi c’est la grande surprise je dirais. Est-ce par calcul ? Est-ce par intérêt ? Est-ce par naïveté ? Je n’en sais rien. Mais ce qui est triste, c’est qu’aujourd’hui peut être, on aurait préféré la fédération entre les mains de l’ancien exécutif parce que là au moins, tout le monde savait à quoi s’en tenir. La fédération camerounaise de football entre les mains du Secrétaire général actuel, je ne veux pas être dur, j’essaye de peser mes mots, mais je pense que c’est le monde à l’envers. Il y a de gros problèmes mais si çà continue comme çà, nous n’allons pas laisser faire les choses. Il va falloir trouver les voies et moyens pour remettre les choses à leur place, quitte à ce qu’on retombe dans le chaos d’avant.

Justement, on a du mal à savoir ce que fait réellement ce comité de normalisation. Il est absent sur la gestion des Lions indomptables, absent sur l’organisation des compétitions nationales. Est ce qu’on va passer plus de temps à réfléchir sur les textes sans que les choses avancent ou alors on va réfléchir sur les textes en faisant avancer les choses, parce que aujourd’hui on a du mal à savoir ce que fait ce comité de normalisation…

Je pense aussi qu’il y a un problème d’approche. Aujourd’hui, le comité de normalisation se résume en la personne de son président en réalité. En ce qui concerne la gestion quotidienne de la Fecafoot, on ne peut pas faire mieux compte tenu de la capacité de nuisance de l’administration en place. Je pense que c’est une erreur que le professeur accepte de s’isoler au milieu des employés du Secrétariat général, notamment du Secrétaire général actuel. Je m’attendais à ce qu’il y ait une implication plus importante de l’ensemble des membres du Comité de normalisation, qu’il y ait un suivi plus important, qu’il y ait des réunions toutes les semaines pour évaluer, pour regarder les choses. Il y a un travail de fond à faire, mais au Cameroun les gens n’aiment pas travailler et se contentent de petits avantages, tout en restant tranquilles. Or il y a un vrai boulot à faire. Il faut regarder au niveau des départements, au niveau des régions, au niveau fédéral, etc. Il ne faut pas abandonner la fédération comme çà en se disant que nous sommes là pour les textes. L’une des missions, c’est aussi la gestion quotidienne de la fédération et si on laisse cette fédération entre les mains de quelqu’un qui ne cache pas ses ambitions de devenir président de la Fecafoot [Tombi à Roko, Ndlr], écoutez on s’expose à ce genre de manipulation et notre football n’est pas sorti de l’auberge. Or tout ce que nous avons fait, c’est pour qu’enfin ce football reprenne de l’espoir, qu’il prenne vraiment son envol. Mais cela ne va pas se passer comme les gens sont en train de vouloir organiser. J’appelle le comité de normalisation à se ressaisir, à revisiter tout ce qui a précédé leur arrivée et à reprendre les choses en mains. Ce n’est pas du tout çà pour le moment et ce n’est pas ce que nous on avait imaginé.

Vous avez été très offensif sur le départ de l’ancienne équipe dirigeante de la Fecafoot, mais là on vous sent moins offensif sur le comité de normalisation. Est ce que l’état de grâce se poursuit ?

Je pense qu’il fallait leur lancer un appel. Je sais qu’il y a des dissensions au sein du comité de normalisation. Je pense que le président du comité de normalisation fait fausse route. Il est influencé. J’ai été reçu par la commission chargée d’organiser les élections, il y avait un membre du secrétariat général de la Fecafoot [Faustin Blaise Mbida, Ndlr] qui tentait de manipulait tout le monde. Il racontait n’importe quoi dans la salle. Avant mon arrivée, il leur avait déjà raconté n’importe quoi sur moi et il a fallu mon intervention pour que eux ils comprennent un certain nombre de choses. En ma présence, il continuait à dire un certain nombre de choses totalement fausses et il a fallu que je le reprenne pour qu’il se ravise un peu. La fédération camerounaise de football, il ne faut pas l’oublier, c’est complexe. Je pense qu’il faut aborder les choses avec beaucoup de vigilance. On leur dit de faire attention, que ce n’est pas comme ils ont pris la chose au départ, que c’est plus complexe, que les enjeux sont importants, que l’histoire va les juger, que le Cameroun les regarde, mais rien n’y fait. Je ne pense pas qu’on ait mis tout cet attelage en place pour assister à ce à quoi nous assistons actuellement. Devant les Camerounais, ils ont des responsabilités. On nous dit qu’il faut jouer la politique. Je crois qu’on n’a pas besoin de jouer la politique.

Quand le président Owona va écouter ce que le gouverneur de l’Extrême-Nord lui dit, qui lui demande de ne pas mettre en place un comité de normalisation dans la région, c’est déplorable car le gouverneur n’a rien à voir dans les affaires du football. Le Pr Joseph Owona préside aux destinés de la Fecafoot, il n’est pas dans la posture d’un homme politique, même s’il reste un homme politique. Là il n’est pas dans un rôle politique et le gouverneur n’a rien à voir. Il n’y a pas eu mort d’homme mais il s’agit d’appliquer les textes qui régissent notre football. Ce n’est pas une histoire de gouverneur, ce n’est pas une affaire d’agents de renseignement. On me dit que partout où il arrive, il parle avec le gouverneur et le préfet. Non, je suis désolé, ce n’est pas une affaire de préfet ni de gouverneur, c’est une affaire de football. Il y a des règles qu’il faut établir et il doit s’en tenir à ces règles. Il n’a pas à faire de la politique politicienne.

Pour vous les auditions des différentes personnalités engagées par le comité de normalisation étaient de la poudre aux yeux ?

Non pas du tout, je trouve que le travail que les commissions font est un bon travail. Je suis au courant un peu de ce qui se passe au niveau de la commission d’organisation des élections, de la commission de révisions de textes, mais ce n’est pas là le problème. Là il y a un travail qui est fait et on attend les résultats. Maintenant, au niveau de la gestion au quotidien de la Fecafoot, de la marche du football, ils ne peuvent pas se reposer sur le Secrétaire général actuel. Je n’aimerai pas porter un jugement de valeur sur le Secrétaire général de la Fecafoot, il était mieux cerné avec l’ancien exécutif que maintenant. Je pense qu’il a plus de marge de manœuvre maintenant car personne n’est là pour regarder ce qu’il fait. Le Pr Owona se contente seulement de contresigner et je pense que c’est un gros problème. J’appelle l’ensemble de la famille du football à plus de vigilance. Si d’ici un mois, d’ici le mois de novembre, les choses ne rentrent pas dans l’ordre, il faut trouver les voies et moyens pour se faire entendre sérieusement et faire infléchir les choses. Je ne comprends pas du tout pourquoi nous en sommes arrivés là. C’est incroyable. Je ne comprends pas comment quelqu’un comme le Pr Joseph Owona à la tête de la fédération se comporte comme il est en train de se comporter et se retrouve dans les filets de ceux-là même qui nous ont mis là où nous sommes. Ceux-là même qui symbolisent tout le mal de notre football. C’est inacceptable ! Ceux qui ont mis le Pr Joseph Owona à la tête du comité de normalisation doivent aussi chercher à le ramener sur le droit chemin.

Entretien mené par Martin Camus Mimb (RSI)

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