Cameroun - Politique. 6 avril 1984 : Les mésaventures de Niat Njifenji et Meva’a m’Eboutou

Georges Alain Boyomo | Mutations Lundi le 10 Avril 2017 Culture Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Lors des évènements du 6 avril 1984, Michel Meva'a Meboutou, l’actuel secrétaire général du Sénat, est secrétaire général du ministère des Forces armées, aujourd’hui ministère de la Défense. D’après Clément Mboussi Onana (dans son livre à compte d’auteur, «6 avril 1984. Autopsie d’un échec»), Meva'a Meboutou a joué un rôle actif dans l’état-major de crise.

ADS



D’après le témoignage du colonel Sylvestre Mang (rapporté par l’auteur), Meva?a m?Eboutou avait précipitamment regagné son domicile, alors qu’on attendait de lui qu’il mette un véhicule à disposition pour sillonner la capitale et qu’il signe les messages à destination des unités extérieures, au plus fort de la mutinerie. «J’ai eu toutes les peines du monde à entrer dans sa maison dans laquelle il s’était barricadé. Je l’ai pratiquement sorti de dessous de table (…). Je l’ai amené presque comme on le ferait pour un enfant, là où tout le monde était réuni et nous avons commencé à envoyer des messages à Koutaba et ailleurs, avant qu’on aille chercher le ministre [des Forces armées] en personne », déclare le colonel Mang.

Le médecin-commandant, Jeannot Paul Baya, en rajoute une louche sur la trouille de Meva?a m?Eboutou. «On l’a retrouvé pratiquement en caleçon. Apeuré, il ne voulait pas nous suivre. Nous l’avons sorti de chez lui en babouches, lui avons présenté la situation et demandé ce qu’il y avait lieu de faire. Il n’a pas voulu prendre de décision, invoquant la primauté du ministre [Sadou Daoudou, ndlr] sur sa personne. Sous la pression, il a finalement consenti à signer les messages », se souvient-il.

Dans son récit sur le coup d’Etat manqué, le colonel à la retraite, chargé d’études au Bureau de renseignements militaires en avril 84, Mboussi Onana, parle également de l’actuel président du Sénat. «Un des exemples parmi les plus emblématiques [de règlements de compte post-putsch, ndlr] de ces moments fut celui de M. Marcel Niat Njifenji, directeur général de la Sonel (Société nationale d’électricité).

Il sera dénoncé, accusé d’avoir mis à la disposition des mutins en déroute, le plan d’électrification de la capitale. Pour sa défense, il évoqua une dénonciation calomnieuse. Il ne voyait pas pourquoi le fidèle commis du «Renouveau» qu’il était aurait éprouvé un quelconque intérêt à le trahir. Se retrouver dans la situation d’un serviteur de l’Etat injustement accusé, le poussa à se taillader les veines des avant-bras, dans une tentative désespérée de suicide, heureusement avortée. Innocenté, il a retrouvé son poste à la Sonel», relate Mboussi Onana.

Enquêteur et juge et au Tribunal militaire lors des évènements d’avril 1984, Mboussi Onana (l’un des premiers experts du renseignement militaire camerounais) s’intéresse aussi aux cas de certains hauts commis de l’Etat, encore en vie. «J’ai interrogé M.M. Issa Tchiroma Bakary, Issa Bakari, Dakolé Daissala, Marafa Hamidou Yaya, qui étaient détenus à la Sécurité militaire. Tous ces hauts responsables, à leurs dires, n’étaient en rien au  courant de quoi que ce soit.

Malheureusement pour eux, nous disposions d’éléments d’enquête permettant de relever leurs actions. Ceux dont les responsabilités étaient suffisamment étayées sont passés devant le Tribunal militaire». Du reste, dans ce livre, qui paraît après «Le soldat de l’ombre », Mboussi Onana s’inscrit en faux contre des déclarations des généraux Pierre Semengue et Benoit Asso’o Emane, relayées par la presse. Ces officiers supérieurs, d’après lui, sont des «super héros» qui n’aspirent qu’à se donner le beau rôle au sujet du 6 avril 1984. Ce colonel à la retraite rumine sa colère. Il estime que «l’incendie [le coup d’Etat] jugulé, on [le pouvoir] oublie les valeureux soldats du feu». Une posture qui n’enlève rien à la base de données historiques que l’auteur lègue à la postérité.

ADS

 

Lire aussi : Ce que pense Maurice Kamto du tribalisme au Cameroun
Lire aussi : Abdouraman Hamadou Babba : «Le Président du Conseil constitutionnel, est obligé d'expliquer pourquoi le Président de la République veut prolonger le mandat des députés»
Lire aussi : L’honorable Nourane Fotsing appelle à la libération de Bibou Nissack le porte parole de Maurice Kamto

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS