Cameroun - Politique. 20 MAI 2017. Au carrefour des luttes et du chantage

Jean-René Meva’a Amougou | Intégration Lundi le 15 Mai 2017 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Cette année plus que jamais, le pouvoir ne transige pas sur la sécurité autour de la fête de l’Unité. En face, quelques partis de l’opposition appellent leurs militants à boycotter l’événement.

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De la célébration prochaine de la 45ème édition de la fête de l’Unité, l’on retient une phrase : «Sur très hautes instructions du chef de l’Etat, le Mindef, Joseph Beti Assomo, a réuni les principaux responsables militaires pour prendre les mesures y relatives ».

Cameroon Tribune l’a affirmé haut et fort dans sa livraison du 09 mai dernier.

La suite déroulée par le quotidien gouvernemental souligne la présence, à cette réunion à huis clos, des principaux collaborateurs du président de la République en matière de sécurité (le général de division, directeur de la Sécurité présidentielle, Ivo Desancio Yenwo ; le général de brigade aérienne, chef d’état-major particulier, Emmanuel Amougou et le lieutenant- colonel, commandant la Garde présidentielle, Raymond Jean Charles Beko’o Abondo).

On le devine, tout cela ne serait qu’un rituel classique si les points de mire de l’actualité nationale ne s’entêtaient pas à traverser les esprits. Terrorisme, crise anglophone et appels au boycott du défilé : le contexte semble-t-il est incertain, lourd de menaces d’après les autorités sécuritaires. Du coup, l’explication est toute trouvée : le 20 mai 2017 est gros d’inquiétudes et il réclame aux pouvoirs publics, de l’innovation pour construire ripostes éventuelles et perspectives pour un vivre-ensemble balafré ces derniers temps. Normal qu’un dispositif de sécurité «innovant», «inédit dans les moyens», soit mis en place Discordance Placée sous le thème « Armée et Nation, en parfaite synergie pour un Cameroun uni dans sa diversité, attaché aux idéaux de paix, de stabilité et de prospérité », la fête s’annonce d’une importance capitale, à hauteur de l’espoir qui s’est levé du pays à la création et à la mise en place de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme. De fait, la stricte corrélation entre le thème et les mois houleux dans certaines parties du pays (Nord-ouest, Sud-ouest et Extrêmenord notamment) ne peut être occultée. «Elle porte même ce grand rendez-vous festif et politique», selon Jean-Baptiste Atemengue, un jeune militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).

Seulement, dans l’esprit de certains, le 20 mai 2017 sera à la fois l’écho puissant et le prolongement de leurs revendications.

Cette année, les allées de la fête de l’Unité foisonnent de débats et d’initiatives.

Le Social Democratic Front (SDF) a clairement dit qu’il ne participera pas au défilé. C’est de cette manière que le parti du Chairman Ni John Fru Ndi compte dénoncer ce qu’il décrit comme étant l’inertie et la nonchalance de Paul Biya, dans la résolution de la crise anglophone. « Nous ne pouvons pas continuer d’espérer une évolution dans la bonne direction avec un régime qui travaille uniquement pour ses intérêts égoïstes.

Dès lors, nous avons décidé de ne pas participer à la prochaine célébration de la fête de l’Unité. Ceci en protestation de l’état déclinant de notre pays », écrit John Fru Ndi dans une circulaire récemment adressée moins à ses militants qu’au pouvoir d’Etoudi.

Dans la mouvance du boycott, le Cameroon People Party s’est aligné. Dans un Communiqué de presse rendu public ce jeudi 11 mai 2017, le parti dirigé par Edith Kah Walla estime qu'il ne peut pas y avoir de célébration dans l'exclusion, la violation des Droits fondamentaux et la répression. Plusieurs mois ont passé depuis le déclenchement de la crise anglophone et à la veille du 20 mai, le CPP s’est résolu d’apporter des précisions supplémentaires sur l’interprétation qu’il convient de donner de sa posture, ajoute le communiqué.

«Nous ne pouvons pas, ajoute le communiqué, participer aux festivités officielles alors que nous ne sommes pas d’accord avec la gestion actuelle de la crise anglophone! Nous ne pouvons pas communier avec un Gouvernement qui viole systématiquement notre liberté de réunion et de manifestation ! Nous ne pouvons pas afficher une quelconque concorde avec un gouvernement qui ne connaît pas le dialogue, continue à refuser les réformes électorales essentielles et qui, dans une fuite en avant, conduit notre pays par sa gouvernance, à des lendemains certainement chaotiques !», écrit Kah Walla qui postule maintenant que «le 20 mai 2017 est creux sur toute la ligne».

En face, Fame Ndongo, le secrétaire à la Communication du Comité central du RDPC rétorque: «chaque parti a le loisir d’exprimer librement ses opinions, au Cameroun, les militants du RDPC, parti républicain, défileront avec enthousiasme et ardeur patriotiques sur toute l’étendue du territoire, le 20 mai 2017, comme à l’accoutumée, sans préjudice des mots d’ordre de telle ou telle formation politique.

Ils exprimeront ainsi, avec patriotisme, leur attachement indéfectible aux principes constitutionnels ci-dessus évoqués: démocratie, souveraineté, unité nationale».

Tout cela, au finish suggère qu’on est au coeur d’un carrefour de luttes et du chantage.

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